Cette semaine, Mme Déjantée m’a proposé de commenter un extrait de Comment aimer un enfant de Korczak.

On va commencer par la citation. D’ailleurs tiens je vais même te citer l’extrait entier, paske… Paske, lis, tu vas voir :

A vouloir expliquer aux mères le sens de l’hygiène, je pourrais écrire, moi aussi, une clef des songes :

« Trois livres et demie de poids à la naissance, signifie : santé, prospérité. »

« Selles verdâtres, glaireuses : inquiétude, mauvaise nouvelle. »

Je pourrais également composer un petit recueil de conseils et d’instructions à la façon d’un guide pour amoureux. Hélas, je ne sais que trop bien l’interprétation exagérée qu’en donnerait bientôt l’esprit peu enclin à la critique de l’usager, capable de rendre absurdes les recettes les plus avisées.

La vieille méthode de l’allaitement :

Le sein et l’huile de ricin, à tour de rôle, jusqu’à trente fois en vingt-quatre heures ; le bébé passant de mains en mains, bercé et balancé par un nombre imposant de tantes enrhumées qui le porte à la fenêtre, devant un miroir, qui tapent des mains, secouent le hochet, chantent : une vraie foire.

La méthode moderne :

Le sein toutes les trois heures. L’enfant s’impatiente, assistant aux préparatifs du banquet, finit par se mettre en colère, pleure. La mère regarde la montre : encore quatre minutes. L’enfant dort : la mère le réveille, c’est l’heure. L’enfant est au sein, elle l’en arrache : le temps de la tétée est terminé. l’enfant est couché : interdiction de le bouger. Interdiction aussi de le prendre dans les bras : ça pourrait devenir une habitude ! Il est baigné, au sec ; il a mangé : il faut qu’il aille dormir. Il ne dort pas. On se met à marcher sur la pointe des pieds, on tire les rideaux : une salle d’hôpital, une morgue.

Au lieu de faire travailler un peu sa tête, on préfère respecter la consigne.

Et si maintenant je te dis que ça a été écrit en 1915, ça t’inspire quoi ?

Moi ça me blase. Parce que ça me donne l’impression qu’en près de 100 ans, on a fait bien peu de chemin.

Ça fait près de 100 ans que certains appliquent des méthodes sans réfléchir (et gnagna votre enfant n’est pas dans la courbe de poids, et gnagna il a 6 mois trois jours et 2h il devrait savoir ramper).

Ça fait près de 100 ans qu’on oppose des règles, des diktats, des méthodes, au lieu de réfléchir, de prendre le meilleur de chaque, et de tricoter avec les fils, au cas par cas.

Ça fait près de 100 ans que chacun extrapole la méthode de l’autre en la vidant ainsi de son sens.

Ça fait près de 100 ans qu’on regarde ceux qui ne font pas comme nous en critiquant juste.

Ça fait près de 100 ans qu’on cherche LA méthode, qui fonctionne avec tous les enfants, toutes les mères, à tous les âges, et dans n’importe quel contexte.

Mais c’est ptetre juste mon état d’esprit actuel ?

A la prochaine !

Vaallos