Sous ce titre un peu provoc, se cache une réelle interrogation… En faisant des recherches pour mon étude de marché, je suis tombée sur des chiffres qui m’ont beaucoup fait réfléchir.

Selon l’INSEE, le taux d’activité* féminin baisse d’1,9 point de % en passant d’un à deux enfants ; il baisse de 19 points de % en passant de 2 à 3 enfants.

Les mères de famille d’au moins 3 enfants voient leur taux d’activité se réduire de manière drastique. C’est à plusieurs reprises que j’ai surpris des regards effarés ou des réflexions croustillantes quand je parle de ma vie professionnelle… Non seulement je souhaite travailler (je suis trop feignasse pour devenir mère au foyer même si j’ai tenté l’aventure par 3 fois avec un congé parental de 8 à 12 mois) mais en plus je souhaite créer mon entreprise.

Après les « bon courage » au lieu des « félicitations » à l’annonce de ma troisième grossesse, j’ai dû apprendre à faire face aux sourires en coin à l’annonce de ma reprise d’activité.

Oui, travailler quand on a 3 enfants, ça surprend parfois, voire souvent… Mais pourquoi les mamans de famille « nombreuse » travaillent-elles moins que les autres ? Avoir 3 enfants implique t-il de lever le pied dans sa vie professionnelle ou est-ce l’inverse ? C’est la question que s’est posée Julie Moschion, à l’INSEE dans un article traitant de l’effet causal du passage de deux à trois enfants sur l’offre du travail des mères en France.

Entre 1962 et 2005, le taux d’activité des femmes a augmenté en France (de 45,8 % à 63,8%) mais reste corrélé négativement au nombre d’enfants. Dans quelle mesure l’arrivée d’un enfant supplémentaire réduit-elle la participation des mères au marché du travail ? La relation entre nombre d’enfants et activité est complexe car les décisions de fécondité et d’activité ont des déterminants communs, et s’influencent mutuellement. Il est donc difficile de dire a priori si le choix de travailler ou non est une cause ou une conséquence du fait d’avoir un certain nombre d’enfants. Pour tester l’existence d’une relation causale négative entre nombre d’enfants et offre de travail des mères, nous utilisons des variables instrumentales, c’est-à-dire des variables qui n’affectent qu’indirectement l’activité des femmes, par l’intermédiaire de leur influence sur le nombre d’enfants. Plus précisément, la répartition par sexe des deux aînés et le fait d’avoir des jumeaux à la deuxième naissance, constituent deux sources aléatoires de variation exogène de la fécondité. Et avoir deux aînés du même sexe ou des jumeaux à la deuxième naissance accroît la probabilité d’avoir plus de deux enfants, et dans ce cas, l’activité des mères est réduite. Ces deux variables permettent d’estimer l’influence causale du fait d’avoir plus de deux enfants sur l’activité des mères. Les résultats indiquent qu’avoir plus de deux enfants diminue la probabilité d’activité des mères d’environ 20 points et, lorsqu’elles sont en emploi, le nombre d’heures travaillées par semaine de deux heures. L’impact négatif sur l’activité des mères pourrait être d’autant plus important que les perspectives d’emploi et de salaire des mères sur le marché du travail sont faibles ou qu’elles doivent faire garder leurs enfants. Cet effet est ainsi particulièrement marqué pour les mères peu diplômées, mais perdure lorsque les enfants grandissent et ne varie pas selon la taille de la ville de résidence.

Je note d’ailleurs à la lecture de ce résumé de l’étude, que je suis un exemple représentatif des statistiques, avec deux garçons en premier, il était évident que j’allais avoir un troisième enfant, n’est-ce pas ?

Dans son enquête annuelle de recensement des populations publiée en 2008, l’INSEE nous apprend que l’activité des femmes est toujours sensible au nombre d’enfants.

Alors que 9 mères sur 10 sont actives avec un seul enfant, cette proportion tombe à 2 sur 3 à partir de 3 enfants… Tout dépendant en fait de l’âge du petit dernier…

La présence de deux enfants, dont un de 3 ans ou moins, coïncide avec une activité moindre. En 2005, une fois pris en compte l’âge, le fait de vivre en couple ou non et le niveau de diplôme, les femmes avec deux enfants ont plus de chances d’être actives en l’absence d’enfant en bas âge que si l’un de leurs deux enfants a moins de trois ans : le rapport des chances est de 3,1. En 1990, ce rapport était seulement de 1,4. Il en est de même pour les femmes ayant trois enfants ou plus : l’activité est moins fréquente en présence d’un enfant en bas âge, alors que ce n’était pas le cas en 1990.

L’extension en 1994 de l’allocation parentale d’éducation (APE) aux familles d’au moins deux enfants a favorisé cette évolution. Prestation de garde d’enfant versée jusqu’au troisième anniversaire du benjamin, l’APE était en effet attribuée à taux plein si un parent cessait son activité. Depuis le 1er juillet 2004, le complément de libre choix d’activité a pris le relais de l’APE, dans le cadre de la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje).

Certes le mot « actif » est mal choisi car s’occuper de ses enfants tout en briquant la maison, ça n’a rien d’inactif, vous en conviendrez… Toujours est-il qu’il semble parfois bien difficile de faire sereinement le choix de travailler.

Entre l’organisation de la garde d’enfant, les visites imprévues chez le pédiatre, la sortie d’école que-si-tu-viens-pas-maman-je-serais-très-malheureux et le goûter d’anniversaire inratable chez le copain en pleine semaine, il est difficile de concilier ses choix de vie professionnelle avec les choix qu’on a envie de faire pour le bien être de nos enfants. Il y a toujours un prix à payer pour nos choix…. Quand on a la chance de pouvoir travailler à temps partiel on a l’impression de concilier vie professionnelle et personnelle mais dans les faits, ne sacrifie t-on pas l’une ou l’autre de ces si précieuses vies ?

Magali Evasion