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Depuis que ma fille est née, je me pose la sacro-sainte question : existe-t-il un écart d’âge idéal entre chaque membre de la fratrie ?

Dans son ouvrage « Savoir écouter un enfant », la psychologue clinicienne spécialiste de l’enfance Françoise Peille nous écrit ceci :

 » Souvent, les parents demandent s’il y a un écart idéal entre les enfants, pour qu’il y ait moins d’hostilité. Cela dépendra de beaucoup de facteurs, et en premier lieu du désir et du ressenti des parents.

Cependant, quelques travaux se sont penchés sur les corrélations possibles entre les écarts d’âge et l’intensité de la jalousie entre frères et soeurs.

L’idée est généralement admise que l’hositilité sera plus forte quand l’écart se trouve compris entre deux et quatre ans, c’est à dire quand la naissance du puîné survient avant que l’aîné ait abordé et assumé sa problématique oedipienne personnelle.

Aprés quatre ans les avantages du grand peuvent compenser la frustration.

De même, il est courant de dire que la jalousie entre frères ou entre soeurs est plus intense qu’entre frères et soeurs. Cela se comprend sans doute par la différence des sexes. Les protagonistes trouvent à se valoriser par l’unicité de leur sexe : « Oui, mais moi, je suis un garçon », « oui mais moi je suis une fille et pas toi ». Cela ne se vérifie pas dans les réactions de jalousie à la naissance, mais plus tardivement quand peuvent apparaître les conflits.

Les difficultés relationnelles au sein des fratries semblent se rejoindre à l’intersection des trois axes psychologiques principaux :

Un axe agessif fondé sur sur l’envie perpétuelle, la jalousie et l’hétéroagressivité,

Un axe dépressif basé sur l’autoagressivité et le sentiment ou le fantasme d’être laissé pour compte,

Un axe régressif fondé sur la nostalgie d’un autrefois réel ou imaginaire plus ou moins idéalisé : « si j’étais seul, si j’étais encore dans le ventre de ma mère », etc. La régression vise alors un retour symbolique à cet avant qui fait figure de paradis perdu , et cela peut se retrouver dans toutes les positions de la fratrie.

De toute façon, la famille, qu’elle soit petite ou grande, recomposée ou pas, reste ce roc inaltérable dans lequel l’enfant se construit sa vie.

Si l’expression frères et soeurs s’associe  à l’image d’enfants, c’est que nous sommes attachés aux paradis perdus de ces relations infantiles où nos compagnons de route qu’étaient nos frères et soeurs ont pu avoir plus d’influence que nos parents ( cela se retrvouve souvent dans les familles nombreuses ). Avec l’âge, les relations se modifient, l’hostilité peut faire place à un lien d’affection qui n’est comparable à aucun autre.

La fraternité est un lieu où on apprend la diversité et la complémentarité. C’est un ciment qui dure toute la vie. Qu’ils s’aiment ou se haïssent, s’ignorent ou se jalousent, telle sera l’originalité de ce lien qui passera obligatoirement par la place réelle ou supposée de chaque enfant dans le coeur parental, et aussi de la place que chaque enfant aura eue au sein de sa fratrie.

On peut se brouiller avec ses frères et soeurs, on ne peut pas divorcer avec ses frères et soeurs« .

 

Comme on s’en doutait, l’écart d’âge idéal n’existe pas, subsiste un écart d’âge « critique »…

Chaque tranche a des avantages :

J’aurai bien aimé pouvoir permettre à ma fille d’avoir un frère ou une soeur, je me dis qu’un écart de moins de deux ans permet de créer une jolie complicité entre les enfants. Mais, j’aime tout autant profiter pleinement d’elle, avoir la possibilité de lui donner tout mon temps durant ses premiers mois, sans avoir à le partager avec un nouveau-né…

L’Homme rentre dans cette tranche d’écart d’âge avec son frère qui permet de créer cette complicité dans la fratrie. Il est vrai que cette complicité, je l’envie. Mon petit frère a 11 ans de moins que moi. Certes, la complicité est beaucoup moins présente, mais j’ai aimé le voir grandir, lui apprendre certaines choses ( je ne sais pas pourquoi, lorsqu’il avait 3/4 ans, j’ai passé du temps à lui faire réciter certaines chansons de Dalida…on ne se moque pas !), le balader, jouer à la petite maman quoi !

Dans l’idéal, j’apprécierais d’offrir un frère ou une soeur à mon enfant lors de son entrée en maternelle, manque de bol, je tombe dans la tranche d’âge « critique »…

Heureusement, dans ce texte, Françoise Peille nous laisse entendre que, quel que soit l’écart d’âge entre nos enfants, rien n’est perdu et c’est justement ce qui créera la singularité du lien qui se tissera entre eux…

Que j’aime ce genre de textes déculpabilisants !

Sandy – Les bébous