J’ai acheté ce livre au tout début de ma première grossesse. En effet, j’ai été quelques temps très angoissée devant l’ampleur de la tâche qui m’attendait, au point d’en avoir des insomnies sévères. Comment saurais-je jouer mon rôle de mère ? Allais-je « gâcher » mon enfant par mon incompétence ? Saurais-je m’empêcher de ruiner son éducation ? J’étais tellement persuadée que je ne saurais pas « faire » que je craignais même de ne pas « savoir » vivre une grossesse, et que par ma faute elle n’arriverait pas à terme.

Bref au bout d’une semaine d’absence de sommeil, j’ai pleuré un coup dans les bras de l’Homme, pris rendez-vous chez un psy et acheté quelques bouquins décomplexant dont celui-ci. Je me rappelle avoir passé un bon moment, ri, et rangé le livre jusqu’au mois dernier. Je l’ai repris mi août, dans le but avoué de le relire en diagonale et de me faire un post « Vendredis Intellos » à peu de frais. Et j’ai découvert qu’une grande partie de ma facette de mère décomplexée (n’ayons pas peur des mots) avait été influencée par ce livre. Je ne pensais pas avoir été tant influencée par ce livre que j’avais retenu comme étant plaisant et amusant à lire.

L’auteur a écrit ce livre « parce qu’ [elle] avait besoin de le lire et qu’il n’existait pas. » Son expérience de trois enfants lui paraissant insuffisante, elle a envoyé des questionnaires à une cinquantaine de mères, très différentes, pour avoir des panels de réponses et de solutions très variées. En ressort un « guide » désopilant sur la façon de se vivre mère depuis la grossesse jusqu’aux 3 ans de l’enfant environ.

L’idée étant de compiler un maximum de trucs et astuces d’un maximum de parents, on a parfois une liste de solutions proposées en vrac, l’idée principale étant qu’il n’existe pas de méthode miracle, mais que c’est l’inventivité du parent et son adaptation qui fait l’affaire, le plus souvent.

Si la colère commence à se développer, voici quelques solutions auxquelles mes amies mères ont eu recours. Encore une fois, certaines se contredisent, mais elles ont toutes été testées. Au moment adéquat, avec l’enfant adéquat, elles ramèneront au calme.

  • Faites comme si de rien n’était.
  • Imitez les, faites les rire.
  • Mettez les au lit avant qu’ils aient eu le temps de dire ouf. Pas d’auditoire, pas de colère. […]
  • Emmenez les dans les vestiaires sans discuter (le conseil d’un instituteur) et ouvrez les robinets des lavabos. L’eau qui coule fait concurrence aux larmes. […]
  • Asseyez vous par terre, serrez-la dans vos bras et soufflez-lui doucement dans l’oreille. (J’ai essayé. Je peux vous montrer les marques de dents si vous voulez. Je vous souhaite bien du plaisir !

J’ai aussi beaucoup aimé son chapitre sur l’allaitement. Pas parce qu’il donne des techniques infaillibles pour bien le réussir ou des arguments imparables sur pourquoi il faut allaiter.

Mais parce que les arguments donnés sont tournés vers l’intérêt « égoïste » de la mère. Ce chapitre m’a convaincue qu’être mère ne devait surtout pas être un sacerdoce, car choisir une solution par « sacrifice » n’est pas une bonne solution. Pour qu’une solution parentale soit viable à long terme, elle doit l’être à la fois pour le parent et l’enfant.

N’allez pas croire qu’au début ce sera une partie de plaisir. […] Il y a des quantités de tableaux qui représentent la Vierge à l’enfant, mais dans aucun on ne la voit en train d’allaiter les dents serrées, les orteils recourbés par la douleur tandis que la bouche de l’infernal nourrisson s’avance pour prendre sa première gorgée.
Cette période atroce finit cependant par s’arrêter.

Quelquefois au bout d’une ou deux semaines, quelquefois pas avant quelques mois. Et quand l’allaitement devient un automatisme, c’est formidable. […]

Tout le monde sait qu’à tous points de vue, l’allaitement convient mieux aux bébés. Voici sept raisons totalement égoïstes pour lesquelles il convient mieux aux mères :

  • Ça coûte moins cher.
  • A la longue, c’est moins pénible. Finies les corvées de stérilisation. Finies les traces de lait en poudre dans la cuisine. Finies les inquiétudes à propos des tétines qui vont trop vite, trop lentement ou qui se bouchent. Finies les manipulations de thermos chaudes ou froides quand vous sortez.
  • Le caca est jaune et sent la cannelle au lieu d’être dur, vert et pestilentiel comme c’est le cas avec les biberons. Les inévitables rots sentent eux aussi meilleurs.
  • Vous pouvez aller où vous voulez du moment que le bébé y va aussi. Plus tard, vous pouvez extraire de quoi faire une tétée, et même avoir une réserve de lait congelé. […] Quand je travaillais, je me servais d’un tire lait mécanique […]. Et n’allez pas croire que c’était seulement pour son bien. C’était pour pouvoir continuer à allaiter trois fois par jour sans être obligée de me coltiner les biberons quand on partait faire de la voile.
  • Vous avez toujours un moyen infaillible de faire taire le bébé, me^me quand les premières dents sortent. Ne vous laissez pas décourager par les dents. […]
  • Le bébé a apparemment moins d’aérophagie. […]
  • Grâce à vos précieux anticorps le bébé est moins exposé à toutes ces horribles maladies infantiles. […] Des dizaines de mères m’ont affirmé que leurs enfants avaient eu leur premier rhume deux semaines après la dernière tétée.

Je conseille donc ce livre à toutes les futures/jeunes mères ayant tendance à se culpabiliser sans raison.
Dans un grand éclat de rire salvateur, vous comprendrez qu’on peut être une bonne mère, sans être parfaite et en restant à l’écoute de ses propres besoins. C’est d’ailleurs surement une des clés de la réussite. C’est en tout cas ce que je crois.

La Tellectuelle