Quand j’étais petite j’adorais les histoires, et encore plus les contes. Mais pas n’importe lesquels, ceux avec des princes et des princesses. Ceux où les vilaines Reines sont malmenées et les vilains Rois sont pardonnés. Chaque Noël, j’avais le droit à un conte, et je me délectais du plaisir de la lecture, que ma mère m’offrait, avant de retrouvée Morphée. Aujourd’hui quand je retombe, par hasard, dans un conte je suis étonnée de l’image simpliste et misogyne qu’on attribue (évidemment) aux femmes à l’opposé d’une image de despote, incestueuse qu’on fait,  des hommes.

On m’a souvent dit que les contes avaient vertus de morale, de prévention, d’éducation. Mais alors si les contes ont pour rôle de prévenir les dangers d’un père incestueux, tout puissant, dangereux et d’une femme belle, soumise et docile. Excusez-moi mais ça ne va pas être possible.

C’est alors, qu’en bonne féministe du dimanche qui s’assume, je vais vous expliquer pourquoi il est meilleur de lire Tchoupi à votre gamin, plutôt que Grisélidis, Peau d’Âne ou même Barbe-Bleue. (oui aujourd’hui j’ai décidé que Perrault se ferait allumer au lance flemme)

Je vous propose d’ouvrir les festivités avec Grisélidis. Perrault au tableau !

Dans ce conte on nous donne le sempiternel Il était une fois (au cas où en penserait que l’histoire arrive chaque année à la même date). On nous informe aussi qu’un Roi jeune et beau (…) aimait comme jamais Roi ne fut aimé (…) avait peur de tomber sur une femme qui devienne, avec le temps méchante. Donc soit ce petit Roi a mal vécu son oedipe avec MamanReine ou soit le mec ne veut surtout pas se trouver une gentille petite Reine qui pourrait être capable d’être son égale en terme de pouvoir, et donc devenir méchante.
Mais ce gentil Roi, il va à la chasse, et là comme par magie une jeune femme d’une beauté irréelle (Il parle de Gridélidis)  et devinez quoi Grisélidis c’est une (j’attends vos réponses)
Une bergère (bravo), non les petites filles ne croyaient pas voir, ici, une chance de sortir de votre condition pour devenir une Reine et vivre heureuse. Vous n’êtes pas au bout de vos peines.

C’est fantastique le Gentil Roi, va épouser la jolie bergère Grisélidis. Mais cette conne va tomber enceinte. Et là, horreur, tout semblait parfait mais dans la tête du Roi, sa vieille peur des femmes qui deviennent méchantes se réveilla. Aussi quand la Reine accoucha d’une petite fille (…) le Roi résolut de cacher la petite princesse et de faire croire à Grisélidis qu’elle était morte » Ou plus simplement j’ai envie de garder cette petite fille jeune et fraîche pour moi et toi Grisélidis qui commences à avoir des ridules, tu rentres chez ta mère. Et ça n’a pas loupé « Je ne veux plus vous voir, allez retrouver vos moutons ».

Et le temps a passé, la jeune princesse (celle qu’on pensait morte) a grandi, elle a rencontré un prince (évidement) et elle veut l’épouser. Mais voilà, la névrose du Roi reprend le dessus « Avant que ma fille n’épouse ce jeune seigneur, je veux par un mensonge, vérifier que ni elle, ni sa mère, Grisèlidis, ne sont méchantes » sinon c’est un gentil roi, adoré de tous, on nous prend vraiment pour des cachalots des fois !

Donc, le Roi va retrouver Grisélidis pour lui faire croire qu’il va se re-marier et le mec ose (le culot c’est son fort) demander « Il me plait que vous soyez la servante de ma futur femme » et cette conne de Grisélidis accepte. Là c’est trop, son ex-mari lui a enlevé sa gosse, il la jeté dehors mais elle accepte (quand même) de devenir la servante de sa futur-femme. Non mais les ni putes ni soumises vous êtes où là pour faire les chiennes de garde?

Mais attendez les amis, ce n’est pas fini, que de rebondissements dans ce conte, Une fois au château, au premier regard que Grisélidis échangea avec celle qui devait être la futur femme du Roi, sa propre fille, il se passa en elle une chose qu’elle ne pût comprendre (…) « Cette jeune personne ne pourra jamais supporter tous les mauvais traitements que vous m’avez fait subir (je rappelle que c’est sensé être un Roi formidable aimé de tous, à croire que le peuple aime un sacré malade mental). J’en ai souffert. Elle en mourra ! Touché par tant de bonté; le roi lui demanda de se relever et lui dit « cette jeune personne est notre fille. Elle va se marier. Et quant à vous, Madame, reprenez votre place à mes côtés. » Et tous vécurent heureux, longtemps, longtemps, longtemps…

Voilà, donc on a ici, un homme autoritaire, malade mental et incestueux et une femme soumise qui a le pardon bien facile. J’ose espérer que ce n’est pas (tout le temps) pareil dans la « IRL ». J’espère quand même que des femmes osent affronter les monstres. J’ose espérer, quand même, que tous les hommes ne sont pas des monstres détenant tout le pouvoir.
Et il serait peut être tant de changer de musique, si on veut un jour que les femmes soient vues à l’égal de l’homme.

Vous m’excuserez, je ne vais pas pouvoir vous faire la même chose avec Peau d’Ane et Barbe-Bleue, j’ai un DVD à lancer pour ma fille.

Aubergine Divine