Cette semaine Mme Déjantée a demandé à Vincent Tiano, cadre à l’Inspection du travail, ancien cadre à la DARES et docteur en sociologie du travail, de revenir sur un article (19 août 2011 dans le quotidien La Croix), commenté au sein de la communauté des VI. Il propose d’envisager l’activité de mère au foyer sous l’angle du stress au travail. Voici la lecture qu’en fait notre invité…

Cet article du journal La Croix, quoiqu’un peu fouillis, a la vertu du témoignage. A ce titre il nous interpelle tout en nous donnant envie de disposer de données qualitatives ou quantitatives sur les différents types de mère de famille, leur manière de faire face à leur statut et l’impact sur leur santé physique et mentale.

Puisque, à bien des égards, l’auteur opère un parallèle avec le monde professionnel, poursuivons le.

Le syndrome d’épuisement professionnel a bien été mis à jour parmi la population des salariés, et tout particulièrement il y a près de 20 ans parmi les infirmières victimes du « burn out ». Depuis il a été montré que la totalité des catégories socioprofessionnelles y sont exposées et tout particulièrement les ouvriers et employés (voir les résultats des enquêtes SUMER et SIP menées par le ministère du travail et son service statistique, la DARES).

M. Karasek a construit un modèle (un questionnaire) qui évalue le stress professionnel ou le « job strain » qui a été validé par des études épidémiologiques permettant de dépasser la simple addition de « cas ». Le modèle de Karasek classe les populations étudiées en quatre types – les actifs et les passifs, les détendus et les tendus (exposés au « job strain ») – en fonction de la « demande psychologique » et de la « latitude décisionnelle » dont ils bénéficient dans leur activité. En simplifiant on dira charge de travail et marges de manœuvre, chacune de ces dimensions est caractérisée par un ensemble de questions). Les salariés « tendus » sont ceux soumis à une forte demande psychologique et bénéficiant d’une faible latitude décisionnelle. Toujours selon Karasek la présence ou l’absence de «  soutien social » atténue ou accentue le risque d’être « tendu ». Ce modèle a été complété par M.Siegrist qui a construit une autre modèle professionnel, lui aussi validé par des études épidémiologiques, fondé sur le couple « efforts » / « récompenses ». Selon cet auteur les réactions néfastes sur le plan émotionnel et physiologique correspondent à une combinaison entre des efforts élevés et des récompenses (ou reconnaissances) faibles.

Les lectrices (teurs) de l’article de La Croix retrouveront épars dans l’article, ou dans leur propre expérience, des items renvoyant aux différents facteurs de stress mises en avant par Karasek et Siegrist. Mais rappelons que, d’après les modèles cités et les études médicales qui les ont validés, la situation de « tension » pré disposant à des atteintes à la santé résulte de l’exposition à un ensemble de facteurs et non à quelque uns d’entre eux.

V. T.