Dans le cadre des vendredis intellos, j’avais envie de te livrer une petite réflexion à partir notamment d’un livre de Pascal Bruckner : La tyrannie de la pénitence, essai sur le masochisme occidental.

Voici un extrait :

Depuis 1945, notre continent est habité par les tourments de la repentance. Ressassant ses abominations passées, les guerres incessantes, les persécutions religieuses, l’esclavage, le fascisme, le communisme, il ne voit dans sa longue histoire qu’une continuité de tueries qui ont abouti à deux conflits mondiaux, autant dire à un suicide enthousiaste. A ce sentiment de culpabilité, une élite intellectuelle et politique donne ses lettres de noblesse, appointée à l’entretien du remords comme jadis les gardiens du feu : « l’Occident » serait ainsi le débiteur de tout ce qui n’est pas lui, justiciable de tous les procès, condamné à toutes les réparations. Dans cette rumination morose, les nations européennes oublient qu’elles, et elles seules, ont fait l’effort de surmonter leur barbarie pour la penser et s’en affranchir. Et si la contrition était l’autre visage de l’abdication ?

L’enfer de Dirk Bouts (vers 1415-1475)

 

Dans le même ordre d’idées, Albert Camus écrivait déjà en 1948, dans son essai politique Actuelles :

Nous sommes dans un temps où les hommes, poussés par de médiocres et de féroces idéologies, s’habituent à avoir honte de tout. Honte d’eux-mêmes, honte d’être heureux, d’aimer et de créer (…). Il faut donc se sentir coupable. Nous voilà traînés au confessionnal laïque, le pire de tous.

Personnellement, je partage l’avis de ces auteurs. Je crois qu’il ne faut pas oublier ce qui est arrivé, loin de là, mais qu’il est grand temps d’aller de l’avant et de sortir de l’autoflagellation.

Une prof allemande m’avait confié une fois que son peuple ne pourrait probablement jamais évacuer sa culpabilité existentielle car le nazisme et les camps de concentration étaient dans toutes les mémoires. Aujourd’hui encore, chaque bébé allemand naît avec le poids de ce lourd héritage historique et politique.

On ne peut pas tout oublier, on ne peut pas tout pardonner, mais 65 ans nous séparent de ce conflit. On devrait aussi souligner que les Allemands se sont « rachetés » en reconnaissant les atrocités commises lors de la Seconde guerre mondiale et en favorisant le développement des régimes démocratiques par exemple.

Je parle de l’Allemagne, mais la France et sa politique de colonisation, c’est à peu près du pareil au même. Il y a aussi l’Italie et Mussolini, l’Espagne franquiste…

En conclusion
Tirer une leçon de ses erreurs passées, voilà le chemin à suivre, un chemin bien plus constructif que de se recroqueviller dans la honte et la peur. Et cette leçon est valable pour toutes les erreurs de la vie, pour les adultes comme pour les enfants. Plutôt que de se consumer dans la culpabilité, il faut avouer sa faute, réparer ses erreurs, puis repartir, aller de l’avant, vivre et non survivre…
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