En tant que bibliothécaire jeunesse, j’ai pu constater à quel point les familles sont à la recherche d’albums et de chants de Noël ! Et je comprends bien cette envie de faire baigner les enfants dans cette ambiance de fêtes, même si j’aime bien aussi l’idée de proposer, comme Chlop, des albums de Noël complètement hors période, parce qu’après tout, Noël, ça peut faire rêver toute l’année !

A la bibliothèque, même si nous en proposons en rayon, nous ne choisissons pas, pour les animations, de livres évoquant la fête chrétienne et la naissance de Jésus. C’est donc plutôt le mythe du père Noël qui s’invite dans nos histoires. Mais j’aime aussi proposer d’autres histoires de Noël, qui ne font pas intervenir le célèbre personnage, afin d’ouvrir un imaginaire plus vaste aux enfants qui viennent écouter.  Aujourd’hui, je vous propose mes histoires de Noël favorites, sans Jésus ni Père Noël.

On commence avec Michka de Marie Colmont et F. Rojankovsky (éditions du Père Castor).

Michka

Michka s’est enfui de chez sa maîtresse, une enfant trop gâtée qui le maltraitait. Il se retrouve dans la neige et le froid et découvre avec joie le monde qui l’entoure. « Que la vie est belle dans les bois ! Jamais plus je ne serai un jouet, ça, non ! ». Il se trouve que c’est la nuit de Noël. Ici, c’est un renne, seul, qui distribue les cadeaux (d’après, je crois, un conte scandinave) et Michka va lui venir en aide. Mais quand ils arrivent devant la dernière maison, où dort un enfant malade, plus aucun jouet dans le sac ! L’enfant ne trouvera donc rien au réveil, à moins que le petit ours en peluche ne renonce à la liberté de la vie dans les bois pour l’affection d’un petit garçon…

J’ai grandi avec cette histoire, publiée pour la première fois en 1941, donc j’ai un lien très affectif avec ce texte. J’aime l’ambiance de grand froid dans la nature, mais aussi l’idée que Noël, c’est un moment où réaliser une bonne action. Et qu’offrir un cadeau, c’est offrir une partie de soi.

Le père Castor a proposé à Olivier Tallec de proposer une autre illustration, plus moderne, de ce texte.

Michka illustré par Tallec

Autre titre qui me tient particulièrement à coeur, Ernest et Célestine, le sapin de Noël de Gabrielle Vincent (Casterman).

sapin de Noël Ernest et Célestine

Ernest propose à Célestine de lui offrir le réveillon de ses rêves. Célestine est ravie : elle veut aller passer Noël, seule avec Ernest, auprès d’un petit sapin, trop petit et tordu et qui n’a donc pas été coupé pour servir de sapin de Noël :

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Il y a également, dans cette série, Noël chez Ernest et Célestine où Célestine veut organiser un réveillon, même s’ils n’ont plus d’argent. Je triche un peu en l’ajoutant dans la sélection car il y a une référence au père Noël : Ernest se déguise en père Noël, mais si Célestine ne le reconnaît pas immédiatement, il lui révèle très vite la vérité !

Les livres de Gabrielle Vincent sont des petits bijoux. Tous. Les illustrations sont sublimes, et surtout il y a une générosité extraordinaire. Ils sont parfait pour faire réfléchir les enfants (et les parents !) sur ce qui est important à Noël : l’amour, le partage, l’envie de faire plaisir et la générosité. Pour en témoigner, quelques extraits en texte et en images :

 — Ernest, c’est quand Noël ?

— Dans six jours…

— Mais… tu m’avais promis une fête avec tous mes amis !

— On n’a pas de sous. Allez, viens !

— Mais Ernest, il ne faut pas d’argent pour faire un réveillon !

— Et les cadeaux, le sapin, les gâteaux, les disques, les bougies, et tout… hein !

— Ernest, moi je sais qu’il ne faut pas d’argent pour notre fête !

— Il fait trop froid pour penser au réveillon, Célestine !

— …on irait chercher une grosse bûche au bois, et aussi un sapin ! Tu jouerais du violon, on danserait, on chanterait… Pour manger ? …Tu fais une tarte, des galettes, du jus d’orange, du chocolat et voilà tout !… Pour les cadeaux, on ferait des dessins, des collages, des découpages… des chapeaux, des étoiles… des guirlandes, des serpentins, que je pendrais avec toi… Dis « oui », Ernest, dis « oui » !

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Etant donné que l’auteure est très appréciée sur les vendredis intellos et qu’elle intervenait aux dernières rencontres, je cite également Agathe ne croit pas au père Noël de Catherine Dumontreil-Kremer et Marie-Pierre Emorine (La Plage), mais je ne l’ai pas lu, je ne peux donc pas en dire plus :

Agathe ne croit pas au père noel

On peut également citer plusieurs livres sur les sapins de Noël : la robe de Noël de Satomi Ichikawa ou Noël de Sapin de Michel Gay.  Je triche parfois en élargissant à des livres qui ne parlent pas spécifiquement de Noël, mais de l’hiver, et qui peuvent donc être lus pour une ambiance « cocooning en regardant la neige tomber par la fenêtre ». J’ai alors un faible pour Regarde la neige, bébé ! d’Olivier Dunrea et Lutin veille d’Astrid Lindgren et Kitty Crowther.

Noel de sapin robe de Noëllutin veille regarde la neige bébé

Et avec quelle musique accompagner toutes ces lectures ?

Autant trouver des histoires de Noël sans dimension religieuse est simple, autant c’est un peu plus compliqué pour les chansons. Beaucoup de chansons de Noël très connues, mêmes consacrées au père Noël ou aux sapins, comportent des références religieuses. Dans Petit papa Noël, « à genoux les petits enfants / avant de fermer les paupières / font une dernière prière » ou dans mon beau sapin, le sapin est planté « au saint anniversaire » et est la douce image « de la foi qui ne ment jamais ». Nous évitons donc de les chanter à la bibliothèque. Quant aux chansons qui évoquent Noël sans évoquer ni Jésus ni le père Noël, elles sont peu nombreuses. Personnellement, je n’ai trouvé que Noël c’est comme un rythme de jazz et « c’est Noël qui est arrivé« . On peut également facilement modifier Petit garçon de Graeme Allwright (ma chanson de Noël préférée!) en supprimant le premier couplet qui est le seul à évoquer le père Noël (sans jamais le nommer). Si vous en connaissez d’autres, je suis preneuse !

J’ai donc recours à de nombreuses chansons d’hiver, de neige, de bonhomme de neige… Parmi mes favorites (désolée pour les liens vers les vidéos moches de youtube, mais j’ai pas eu le temps de chercher d’autres versions. Disons que c’est seulement à écouter !) : Flocon papillon d’Anne Sylvestre, la « chanson pour les enfants l’hiver » de Prévert, il neige dans mon jardin d’Henri Dès, Boris et Natacha de Jean Naty-Boyer, Neige neige blanche, le manège de la neige de Jean René… et j’utilise souvent Noël d’étoiles et de musique, livre CD de chez Didier Jeunesse qui les propose presque toutes.

Des découvertes dans cette liste, ou ces livres et chansons font déjà partie de vos classiques ? Et si vous vous demandez comment c’est, Noël, chez moi, venez sur mon blog !

 

Edit de décembre 2015 : 

Je complète la liste d’albums cités avec le Noël de Balthazar d’Emma Kelly et Marie-Hélène Place, illustré par Caroline Fontaine-Riquier qui m’a été cité en commentaires l’année dernière et que j’ai découvert avec plaisir depuis :

Noël de Balthazar

Et avec Combien de nuits reste-t-il avant Noël ? de Mark Sperring et Sebastien Braun. Il a été publié en novembre 2014 mais je ne l’ai découvert que cette année.
combien de nuits avant noel

Petit ourson réveille son père avec enthousiasme : ça y est, c’est Noël ! ». Non, pas encore, mais tous les deux ils partagent avec bonheur tous les préparatifs : aller chercher et décorer le sapin, emballer les cadeaux, écrire des cartes de voeux à leurs amis… Jusqu’au jour où c’est Noël pour de bon !  Un album vraiment très sympa.

Lila et le magicien