J’ai lu « Lorsque l’enfant paraît » avant la naissance de ma fille il y a déjà plusieurs années. Si je savais que Françoise Dolto avait animé des émissions très populaires sur France Inter à la fin des années 1970, je n’avais jamais entendu sa voix jusqu’à ce que je regarde un film d’Arnaud de Mezamet : Françoise Dolto parle… de l’éducation.
J’ai aimé le franc parler de cette psychanalyste qui quand on y pense était sacrément en avance sur son temps. Pour avoir lu avec enthousiasme les livres de Faber & Mazlish qui m’ont conduite quelques années après à participer à des ateliers, j’ai constaté que Françoise Dolto disait il y a plus de trente ans des choses qui commencent tout juste à être au goût du jour et auxquelles trop peu de gens s’intéressent encore.
Par exemple, elle cite l’histoire d’un garçon qui veut absolument « faire de la boulange » mais on lui dit qu’il a les mains qui transpirent, occultant que le pétrissage à la main sera peu de temps après remplacé par des pétrins électriques. Le garçon a du tempérament et il poursuit et atteint son rêve. D’autres auraient suivi les conseils parentaux et l’on suppose qu’ils auraient traîné leur vie durant ce regret. Cela m’a rappelé le « Ne pas détruire les rêves » de Faber & Mazlish.
Françoise Dolto souligne que souvent « celui qui est en danger dans la famille, c’est le gentil mignon« . Il faut laisser les enfants s’exprimer. Les laisser exprimer leurs pulsions, leurs sentiments, leur colère. Les écouter. Comme Faber & Mazlish, elle invite à mettre des mots sur les sentiments des enfants. Pas à leur apporter des solutions toutes faites.
Elle nomme affectueusement « affreux jojo » celui qui fait ce que l’on qualifie généralement de bêtise.
Un enfant qui se suicide s’excuse généralement auprès de ses parents. Tandis que des enfants fusillés par les allemands pour des actes de résistance héroïque écrivent à leurs parents qu’ils peuvent être fiers d’eux.
Selon Françoise Dolto :
« Un enfant ne peut pas vivre pour faire plaisir à ses parents. C’est pervers. »
J’ai aimé ce point de vue tendant à l’épanouissement de l’enfant en tant que personne. Nous avons tous, consciemment ou non des attentes vis à vis de nos enfants que ce soit en terme de position sociale voir de personnalité alors que notre rôle devrait être de leur permettre d’épanouir tout leur potentiel et de les voir bien dans leur peau, que ce qu’ils fassent soit conforme à ce que nous nous sommes imaginés… ou non. Lâcher prise : voilà qui n’est pas facile dans une société où l’on veut/doit tout contrôler.
J’ai été touchée par son point de vue sur l’école, malheureusement construite autour d’une passivité scolaire. J’ai adoré l’entendre soutenir l’originalité des enfants et condamner le rêve de notre bureaucratie que chacun rentre dans la norme alors que notre société a besoin de créativité. L’humanité a fait des progrès parce que les enfants critiquent, s’opposent et ne restent pas au même niveau que leurs parents. Si tel était le cas, nous en serions encore à cro-magnon !
« Chaque être vient au monde pour apporter quelque chose de nouveau. »
Enfin, Françoise Dolto invite les parents à apprendre aux enfants à être responsables de leur corps, à leur dire ce qui est interdit comme d’avoir des relations sexuelles avec un membre de sa famille. Pour dépasser le complexe d’Oedipe par exemple : « Ton père : non. Ton frère : non. Mais tous les autres te sont ouverts ! »
Le réalisateur du film fait intervenir les fondateurs de l’Ecole de la Neuville, une école qui ne se veut pas seulement un lieu d’apprentissage mais un milieu de vie.
Vous pouvez voir un bref extrait de ce film ici.
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Écrire ces lignes m’a remémoré le film culte : « Le cercle des poètes disparus« . Voilà qui me donne envie de le revoir et de relire cette histoire qui parle aussi d’anti-conformisme et de créativité.
« Tout ça avait pour but d’illustrer le péril du conformisme, et la difficulté de préserver vos convictions, quoi qu’en pense les autres. […] Nous avons tous besoin d’être accepté, mais soyez persuadé que vos convictions sont uniques, les vôtres, même si on les trouve anormales ou impopulaires, même si le troupeau dit « C’est maaaaaaaaal ». Robert Frost a dit : « Deux routes s’offraient à moi, et là j’ai suivi celle où on n’allait pas, et j’ai compris toute la différence. »
Vous retrouverez cet article sur mon blog.
De Chair et de Lait
Merci pour cet article ! Moi qui ne m’intéresse pas du tout à ces lectures, ça me donne carrément envie de lire Dolto et Faber & Mazlish ! Merci !
Oui et je suis souvent frappée de voir combien les gens se font une idée fausse de Dolto généralement, considérant qu’elle prône une doctrine de l’enfant-roi, alors qu’elle dit juste « l’enfant est une personne et doit être respectée comme telle ».
Merci beaucoup pour cette contribution pleine d’espoir et qui sent bon la liberté!!
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