Voilà un livre comme je les adore. Cela doit faire à peu près un an que je l’ai sur ma tablette, et que je le lis à petite dose, un peu comme on suce un chocolat. (On en trouvera des extraits ici et la présentation de l’éditeur là )
Il remet en cause pas mal de certitudes en matière éducative, et son ses airs badins partage son érudition sur les diverses coutumes éducatives de par le monde.
Voici le sommaire :
Introduction
- Comment les enfants de Buenos Aires se couchent à pas d’heure
- Comment les petits français apprennent à manger(et à aimer) ce qui est bon pour la santé, et ce qui est bon tout court
- Comment les kényans s’en sortent sans poussettes
- Comment les petits chinois sont propres avant tout le monde
- Comment les pygmées Akas sont les meilleurs pères du monde
- Comment les Libano-Américains se débrouillent pour que leurs immenses familles restent soudées
- Comment les tibétains chouchoutent les femmes enceintes
- Comment les japonais laissent leurs enfants jouer aux jeux de main sans trouver ça vilain
- Comment les petits polynésiens s’amusent sans parents dans les parages
- Comment les Mayas mettent leurs enfants au boulot
- Comment (et pourquoi) les petits asiatiques travaillent bien à l’école
Conclusion
Remerciements
Références et conseils de lecture
Déjà c’est alléchant.
Bien sûr il ne sera pas question de tout traiter en un seul article.
Déjà parlons de l’auteur : elle est auteur, journaliste, d’origine américaine et taïwanaise, elle vit à Buenos Aires, et devenue mère, elle s’étonne des différences entre les Etats Unis et l’Argentine sur ce qu’on permet ou pas aux enfants.
Voilà l’origine de ses interrogations et de son tour du monde des pratiques éducatives.
Extraits  du chapitre 8  Comment les japonais laissent leurs enfants jouer aux jeux de main sans trouver ça vilain :
« Une amie m’a fait parvenir un incroyable DVD : « il faut absolument que tu voies ça ! » m’a-t-elle dit. Il s’agissait d’une recherche menée par le Pr Joseph Tobin pour l’université d’Etat de l’Arizona. En 1985, avec deux autres professeurs, David Wu et Dana Davidson, il a réalisé un reportage dans trois écoles maternelles : la première à Kyoto; la deuxième à Kumming, dans le nord-est de la Chine; et la dernière à Honolulu, capitale de Hawaï, où ça se passe comme en Amérique. Le ptich c’était : trois journées ordinaires , trois écoles, trois cultures différentes. Et l’oeil impartial de  la caméra qui depuis leur arrivée jusqu’à la sortie suite les bambins dans leur petite routine quotidienne, entre activités pédagogiques, cantine, sieste, calins et chamaillerie. les séquences ont été ensuite visionnées par les éducateurs des trois écoles maternelles, et leurs réactions figurent à la fin du DVD;
J’ai appelé Joseh Tobin, l’instigateur du projet, aussitôt après avoir vu le film, et il m’a parlé avec un bel enthousiasme, des enseignements que ses collègues et lui en avaient tirés.
« Contrairement à l’école primaire, m’a-t-il dit, la maternelle est moins un lieu d’apprentissage didactique que l’endroit où le petit enfant se familiarise avec sa culture et apprend à en faire partie. C’est là que commence à se former le futur citoyen, et c’ets donc une période cruciale. Le bute de notre projet était de comparer et d’analyser ce début d’apprentissage dans les trois cultures. »
Et en effet les approches éducatives y sont très différentes, comme j’ai pu le constater. A commencer par les activités manuelles et les distractions autour desquelles les maîtresses regroupent les petits élèves : origamis au Japon, cubes à empiler en Chine, jeux  de rôle dans la petite école catholique américaine de Hawaï.
Mais ce qui frappe le plus l’auteur, c’est l’attitude de la maîtresse japonaise vis à vis d’un enfant qui paraît à tous les non japonais insupportable.
 » Dès le matin, pendant la petite chanson de bienvenue, le voilà qui sort son zizi et le remue au rythme de la musique. Puis, comme il finit en général ses exercices et ses dessins avant les autres, qui eux travaillent dans un silence complet, il s’amuse à crier les réponses, à chanter à tue-tête, et fait le pitre en imitant des personnages de dessin animés. Après cela , il est encore question du zizi de Hiroki, dans sa version picturale , cette fois. Il le dessine énorme, d’abord en bleu, en vert puis ne noir. Et la voix off de rappeler que tous les bambins de quatre ans aiment à rire et à faire rire avec des histoires de caca, pipi ziz, fessses, mais qu’au Japon, les éducateurs ne réagissent pas ou se contentent de sourire, alors qu’en Occident on réprimande l’enfant.
Tandis que les élèves font gentiment la queue pour montrer leur travail, on voit Hiroki donner des coups de poing dans le dos du garçonnet qui est devant lui. Du début à la fin de la journée, il n’arrête pas de lancer des vannes, de courir partout, de jeter des crayons et autres fournitures en l’air, de pincer les petits garçons et de leur taper dessus. J’ai souvent croisé des enfants odieux, mais dans le cas d’Hiroki,ce qui m’a éberluée – et qui sidérait aussi les institutrices chinoises et américaines qui à la fin du DVD donnaient leur avis-, c’est que sa maîtresse n’intervenait pas, à croire qu’elle était aveugle à ses débordements d’agressivité. A un certain moment, elle lui chuchote vaguement quelque chose à l’oreille, mais ça n’empêche pas le mini-Attila de continuer à semer la terreur.
J’ai encore été stupéfaite quand, à la fin du film, la maîtresse de Hiroki explique qu’il s’agit de sa part d’une attitude tout à fait calculée, d’une stratégie , même, fruit de nombreuses délibérations entre elle et le personnel enseignant de l’école. « Et ça fonctionne; dit-elle. Hiroki s’est assagi, depuis l’année dernière. Face à un élève turbulent, voire dysfonctionnel, mieux vaut ajoute-t-elle, faire comme si de rien n’était plutôt que de le punir, de l’isoler ou de l’exclure. Même quand Hiroki pousse le bouchon au max, elle évite scrupuleusement de le censurer ou de le mettre face à ses responsabilités.
 » Alors qu’on était à deux doigts de poser la caméra pour dire au gamin de se calmer, au risque de compromettre la sacro-sainte neutralité universitaire, sa maîtresse, elle restait impassible en toutes circonstances » m’a raconté Joseph Tobin.
En revanche, elle ne se prive pas d’impliquer dès que possible les autres élèves dans l’éducation du gamin, disant par exemple à une petite fille, qui pleurniche parce qu’Hiroki a jeté ses cartes par-dessus la rambarde de l’escalier, d’aller lui expliquer qu’il ne faut pas faire des choses pareilles.
« Un enfant apprend mieux à se contrôler à travers les interactions avec ses petits camarades que lorsque l’injonction vient d’un adulte, souligne-t-elle, face caméra. Parce que c’est le seul moyen de pouvoir continuer à jouer avec eux, tout simplement. Bien sûr, en cas de danger, je fonce, mais pas question de bondir à la moindre escarmouche. »
L’auteur mentionne que ce reportage date de la fin des années 80, et que Joseph Tobin est retourné en 2002 dans la même école maternelle et a demandé au directeur , toujours en poste, des nouvelles d’Hiroki. Cela a beaucoup étonné le directeur, car le comportement de cet enfant était loin d’être exceptionnel, et il a répondu que si cet enfant était devenu un tueur en série, il l’aurait su.
Cela laisse assez songeur lorsqu’on sait qu’il a été question suite à un rapport de l’inserm en 2005 de repérer les enfants turbulents dès la maternelle (voir notamment cet article de Sciences Humaines qui en parlait)
Une autre séquence du même type a été tournée dans une école japonaise, par la même équipe, une altercation entre filles cette fois, puis leur avis a été demandé aux parents et enseignants japonais, hawaïens et chinois.
Les japonais trouvent complètement normal de laisser les enfants se débrouiller entre eux, ou tout au plus leur intimer de se calmer, et d’amener les enfants à débattre de la meilleure façon de régler le conflit. Pour l’équipe pédagogique d’Hawaï, cette non intervention est tout simplement impensable et montre les limites de la société nippone. Pour les chinois, c’est un échec, un manquement au devoir de base de l’enseignant de parfaitement contrôler sa classe.
L’auteur cite un autre exemple de bagarre entre des enfants sud-américains lors d’une soirée entre amis : les papas vont voir, comme les enfants ne risquent pas de se faire mal, ils les laissent se débrouiller et retournent à leur coupe de champagne.
Selon les cultures et la conception que l’on a de l’enfant , l’intervention des adultes sera différente.
Alors que dans certaines cultures, on est considéré comme un bon parent lorsqu’on frappe ses enfants (c’est le cas dans des pays aussi différents que le Bangladesh, le Nigéria ou Singapour), dans les sociétés amérindiennes, un père se réjouit lorsque son fils se montre insolent à son égard, et serait humilié et inquiet que son fils ne lui tienne pas tête.
Mais sans aller jusqu’à ces extrêmes, c’est vrai qu’en tant que parent, on a plutôt tendance à vouloir désamorcer les conflits. Mais a-t-on raison ? Pour les japonais, il est important que l’enfant apprenne par lui-même à faire face à l’adversité, sans attendre l’intervention d’un tiers. Et en effet, dans bien des cas, ils sont parfaitement aptes à résoudre par eux-mêmes les conflits, et en intervenant, on leur montre qu’on ne les en croit pas capable, ce qui ne développe par forcément leur confiance en eux.
L’auteur indique aussi que depuis la fin des années 80, les enfants étant plus rares et plus gâtés, la philosophie japonaise de priorité au groupe n’est plus aussi prépondérante, ce qui a généré une augmentation des cas de bizutage, et les enseignants sont amenés à « travailler » l’empathie des élèves.
Une des qualités de ce livre est de s’abstenir de tout conseil, de simplement décrire de nombreuses pratiques culturelles différentes.
L’idée majeure que j’en retiens, c’est qu’il n’y a pas de vérité absolue. A chaque famille de poser ses propres limites tout en sachant qu’elles ne sont pas aussi universelles qu’on l’imaginait au départ.
Phypa
étant en Chine, oui les bébés chinois sont « propres » avant tout le monde par souci d’économie des couches donc pipi et caca partout dans la rue, dans les supermarchés aux yeux de tous. Mais bon apprendre la propreté dans un pays très sale c’est du grand n’importe quoi. Les couches de bonne qualité sont très chères mais pour 90% de la population ils veulent pas de qualité (ça viendra) mais de « pas cher » alors vive les fesses rouges !
Envie de lire se livre pour ouvrir mon horizon…et relativiser plus.
Tu me donnes très envie de le lire!!
Super intéressant tout ça !
Encore un bien beau livre!! Merci Phypa de la découverte!!! Il est tellement bon et oxygénant de voir qu’il n’y a pas (et de très très très très loin) qu’une façon d’élever un enfant pour qu’il devienne un adulte heureux!
Livre ajouté sur ma liste de noël ! Merci pour cet article.
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