Il aura fallu que les conditions favorables soient réunies, pour que la découverte se fasse.
Même s’il se demande pourquoi lui, et pas les autres, a pu voir éclore ce cheminement.
Des enfants tout à fait disponibles, une écoute entière, à la faveur d’un recrutement sur un malentendu… Sortir de la guerre, et goûter cette liberté nouvelle dans ce temps de l’entre deux.
Il le dit lui même, il n’avait pas ce regard académique : il était considéré comme l’artiste de la famille, pour satisfaire ses proches, au grès des nécessités de la vie, imposées aux familles juives pendant la guerre.
Alors, il a fait peindre les enfants du foyer. D’abord sur une table, avec le peu de moyens à leur disposition. Ensuite, un enfant a demandé d’accrocher sa feuille sur le mur. Les autres ont suivi, la place sur le mur est venue à manquer, les fenêtres ont été bouchées, et la table est devenue palette. Ainsi a commencé l’aventure d’une vie. Ainsi se sont profilés les grands axes de ce qui deviendra plus tard le Closlieu.
Il lui en a fallu de l’observation, de la précision, il a peut-être noté méticuleusement sur un carnet ses observations. Chacune des productions de peintres en herbe a été conservée depuis 60 ans, dans des cartons à dessin, avec le nom de l’enfant et la date du tableau, l’âge de l’enfant peut-être.
Je le vois bien qu’il est méticuleux, Arno Stern. Il n’est pas vraiment satisfait du rendu des photos projetées sur l’écran, et il fait dérouler sur son petit ordinateur portable ces dernières en totale adéquation avec son discours.Il a 90 ans. Il est ferme mais pas cassant, tout ce qu’il présente ou argumente est clair, argumenté, éprouvé. Et l’assistance l’écoute de façon quasi religieuse.
La Formulation s’est dévoilée, devant ses yeux, parce qu’il ne la cherchait pas. Il nous en présente les différents éléments. Cette évolution picturale de l’enfance, menée par une i nécessité organique, il ne l’a pas seulement éprouvé dans le foyer où il a débuté sa carrière, il l’a répétée dans l’Académie du Jeudi, puis dans le Closlieu. Il dit avoir retrouvé la grande liberté de création des enfants du foyer auprès des enfants des tribus des peuples nomades qu’il a visité, enfants sans contraintes ni occupations.
Arno Stern, par la proclamation de la Formulation, s’est attiré les foudres des penseurs de l’esthétique et de l’apprentissage de l’art. Il lui en a fallu du courage et de la persévérance pour que sa découverte fasse tâche d’encre et que des personnes viennent se former pour ouvrir d’autres ateliers semblables au Closlieu.
La Formulation est accessible à tout enfant ou adulte, si les conditions sont réunies. Une présence régulière de 90 minutes en moyenne par atelier, un lieu préservé du temps et des regards extérieurs, clos. Une table palette de 18 couleurs, des feuilles, des pinceaux, un « aidant ».
Il existe un paradoxe entre l’aspect clos du lieu d’expression, et la liberté de s’exprimer. Mais c’est finalement ce paradoxe qui permet la stimulation et le jaillissement de la Trace.
Arno Stern le raconte ainsi : une œuvre, l’artiste la crée en se demandant comment elle sera reçue par les visiteurs, par la critique. Dans le Closlieu, il ne s’agit pas d’œuvre ni d’art mais de trace et de création pour soi.
« Si l’enfant encouragé à vivre sa Formulation laisse surgir de lui ses créatures, il transforme l’espace de la feuille en un monde à sa mesure. C’est un monde sans restrictions, et qu’il ne faut partager avec personne. Ce n’est pas le monde des autres, auquel, à chaque pas, il faut s’adapter par mille obligations et autant de restrictions. La feuille, c’est le paradis, un espace où tout est possible dans une mesure insoupçonnée. » (extrait de Arno Stern, Peter Lindberg, Heureux comme un enfant qui peint, Editions du Rocher, 2005, pages 20-21)
Il voit dans la trace du petit enfant, de l’enfant qui grandit, de l’adolescent et de l’adulte, l’expression d’une nécessité organique, comme l’est finalement tout processus physiologique. Il traite cette trace avec un respect immense. Cette trace construit la personne, lui donne accès à sa propre liberté picturale.
D’autres formes d’expressions plastiques peuvent faire l’objet d’une expression libre : le modelage, la danse, la musique. Mais le modelage demande une logistique impressionnante : les tableaux du Closlieu peuvent s’étendre sur des feuilles de grandes dimensions, qui seront pliées pour être stoquées. Des créations monumentales en volume sont plus difficiles à stoquer, et à entretenir. Pour la danse, c’est le contact avec les autres qui est un frein à la liberté de l’expression dans l’espace.
Oui, je suis très imprégnée de cette démarche de libre expression. J’adore l’expression libre en danse et j’envoie régulièrement mon fils à l’atelier de Martine « Punaise » à l’association Expression (Et c’est grâce à elle que la conférence a eu lieu). Pourtant, je critique certains points de la démarche du Closlieu. La Formulation existe, et il est important d’en respecter les conditions de son éclosion chez chaque participant. Il me paraît toutefois un peu autoritaire d’interdire que les tableaux sortent de l’atelier. La trace appartient à celui qui l’a peinte. Un fois qu’il a décidé que son tableau était terminé, s’il veut l’emmener chez lui pour s’en rappeler, pour le conserver, et en faire ce qui lui chante, qui peut l’en empêcher ?
Mais c’est la seule véritable critique que j’ai à formuler sur l’organisation d’un atelier.
Mon fils n’est pas d’accord avec Arno Stern après avoir écouté la conférence. Lui qui aime peindre à l’atelier, il trouve que mettre le coloriage au rang d’occupation néfaste pour l’enfant (parce que l’enfant n’a pas besoin que la forme soit déjà faite, il a toutes les compétences pour la créer lui-même) c’est exagérer. A chaque moment, à chaque envie, son support. Et le coloriage est aussi, pour lui, un moyen de mettre en œuvre d’autres compétences et une certaine habileté à manier le stylo-feutre.
Arno Stern, 90 ans, vient de sortir un nouveau livre « L’âge d’or de l’expression ». Je me l’offrirais bientôt, et je vous en ferais partager des extraits.
Je peux scanner des extraits de deux livres d’Arno Stern, pour les commenter (le lien va vers l’article que j’ai déjà publié sur ce livre) :
Heureux comme un enfant qui peint
Une nouvelle compréhension de l’art enfantin
Muuuum
Merci beaucoup de ce compte rendu de conférence, qui m’a tout l’air d’avoir été une rencontre intense! Merci d’avoir pris le temps de nous insérer un petit extrait de ses ouvrages…
Ca semble le paradis un lieu tel que celui-là , et quand tu le décris, il ressemble beaucoup à mon paradis perdu d’enfance … :-)
Bonjour je vous donne mon avis de praticienne servante du jeu de peindre et de participante à un atelier du jeu de peindre. Si on veut véritablement se libérer d’un conditionnement, il est impératif de laisser sa trace, pour plusieurs raisons : Quand vous rapportez vos traces chez vous, elles sortent de ce lieu de protection dans lequel elles ne seront jamais commenter ni juger, et chez vous c’est sûr que quelqu’un les commentera un jour (peut-être vous-même) et vous voilà reparti sur le besoin de reconnaissance au travers la soi disant oeuvre que vous avez produit…laisser sa trace c’est aussi laisser son égo, la transformation est intérieur est très puissante, lâcher prise, vivre l’instant présent, réelle augmentation de la joie…. ce sont quelques uns des nombreux bienfaits de cet atelier! C’est bon de laisser sa trace derrière soi et d’avoir quelqu’un qui en prend soin!
Par rapport au coloriage, tant qu’on n’a pas pu vivre sa formulation, on ne peut vraiment pas se rendre compte de ce qu’on nous a privé en nous abrutissant avec des loisirs débiles! je pourrais comparer l’amusement du coloriage et l’expression de sa formulation, à assister à un coucher de soleil ou le voir à la télévision ! Il n’y a pas photo comme on dit!
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