Pourquoi l’éducation est façonnée de la sorte aujourd’hui? J’ai eu la chance de suivre les propos du (très bon) psychopédiatre Jonathan Lévy qui m’ont envoyé à travers le monde de nos jours et jusqu’au XVIIIè siècle. Commençons par remonter le temps…
- XVIIè siècle: L’enfant n’existe pas avant d’avoir atteint (plus ou moins) 10 ans
L’enfant au XVIIè siècle n’est pas une personne. Pas encore. Il deviendra une personne quand il deviendra adulte. On part alors du principe qu’il est en manque. En manque de maturité affective, c’est pour ça qu’il pleure et qu’il crie souvent, de connaissance, de moral, c’est pour cela qu’il fallait chasser le mal par la force physique. Il n’ira aux champs travailler que vers 10 ans. Faire « enfin » un vrai travail.
Parce que l’enfant n’est pas encore fini, c’est à lui de s’adapter. Bon nombre de peintures de l’époque représentent les enfants avec des visages et des postures d’adultes. C’est ce qu’il sera plus tard qui compte. Il est également intéressant de rappeler le taux de mortalité infantile: 25% ne dépassent pas 5 ans. Était-ce un moyen inconsciemment pour ne pas s’attacher?
- Au XVIIIè siècle: deux courants s’affrontent sur les modalités d’éducation
C’est au siècle des lumières que cela va changer doucement. Notamment grâce à Jean Jacques Rousseau. Il a annoncé qu’il fallait rester à côté (et non au dessus) et respecter l’enfant. Il n’y a pas de démocratie sans éducation. Rousseau était par contre un mauvais pédagogue (et a abandonné ses propres enfants), c’est Pestalozzi, un suisse qui va vouloir mettre en application et rendre concret ces propos. Par la direction de plusieurs orphelinats, il va pouvoir rassembler de nombreux enfants et beaucoup écouter puis tirer des méthodes. C’est le premier pédagogue à développer les jeux de rôle et différencier les activités (pas la même activité au même moment).
C’est Voltaire qui a finalement gagné avec ce propos: une démocratie est constituée de bons citoyens. C’est à l’État de définir comment. Aux enfants de s’adapter! On a alors fait la même chose aux mêmes moments, c’est ce qu’on appelle l’école normale vs la pédagogie alternative. L’éducation à nationale est née.
- XIXè siècle: naissance de la pédiatrie et une reconnaissance de l’enfant qui se heurte aux réalités du monde
Au XIXè siècle, on commence à comprendre l’enfant et la pédiatrie nait. Les sciences humaines et sociales apportent techniques, expérimentations…. La médecine améliore l’expérience de vie, on augmente ainsi les populations avec la qualité de vie. Un nouveau problème nait: on a une masse d’enfants avec en plus une révolution industrielle. Les habitants des champs avec à la base une éducation de père en fils ou de mère en fille qu’ils quittent pour venir en ville et devenir ouvrier. C’est l’école publique. Il y a tellement d’enfants qu’on doit organiser et on va utiliser le modèle militaire avec beaucoup de discipline. On va construire l’école de manière industrielle: date de fabrication avec les classes (avant tous les enfants de tout âge étaient mélangés), on ressort en produit fini (avec un diplôme). Tout est rationalisé. L’ambiance modèle est l’autorité.
Il n’y a pas de mobilité sociale à cette époque: né dans une famille de mineur, tu vas être mineur. C’est la notion éducative qui domine: reproduire ce qu’on nous a donné. On ne questionne pas ni les savoirs, ni le maître (sauf à sa demande).
- XIXè et XXè siècles : de l’horreur nait une nouvelle philosophie
Fin du XIXe siècle, on a envie de démocratie, on commence à s’outrager des conditions de vie des enfants et des femmes. Il y a un fort courant d’émancipation des femmes, les syndicaux arrivent et poussent pour réformer. Les sciences humaines amènent également quelques indications. Les pédagogues reconnus mettent en avant leurs aspirations de société et il y a écho à des pédagogues comme l’italienne Maria Montessori.
La guerre va amplifier considérablement ces pensées philosophiques: « je veux que mes enfants aient mieux que moi et qu’ils ne reproduisent pas les mêmes erreurs ». C’est l’époque où les grands courants pédagogiques éclatent à travers le monde avec leurs figures clés.
Montessori en Italie, John Dewey aux USA, Rudolf Steiner en Allemagne, Janusz Korcsak pour la Pologne, Paulo Freire au Brésil…
En 1920, ces pédagogues se rencontrent et on commence à échanger…
Voici pour mes quelques notes retranscrites pour vous (et pour moi car cette journée fut passionnante), ce qui signifie bien que ce texte ne peut pas être représentatif de toutes les nuances qui ont été faites ni des discussions qui ont suivies.
Si tu veux en lire un peu plus, avec des photos et mon opinion, c’est sur mon blog ici (surtout que je pose une question qui ouvre le débat tout à la fin ;-) instant pub!)
Merci. J’ai appris des choses. Que Rousseau ait abandonné ses enfants par exemple. Le principe du vivre à côté pour le coup est bien respecté.
Oui je n’avais pas fais le rapprochement ;-) !
C’est intéressant comme tu fais gagner Voltaire sur Rousseau en élargissant sur la victoire de l’éducation normalisante contre l’éducation alternative. Je ne l’avais pas pensé comme ça, mais cela semble juste.
Par ailleurs, Rousseau a « abandonné » ses propres enfants car il ne se jugeait pas capable de s’en occuper et d’être ce que l’on qualifierait aujourd’hui de bon père. Si ma mémoire est bonne il avait comme confiance en la structure publique pour s’occuper d’eux…
Maintenant je vais aller lire ton blog ! ^^
En réalité c’est Jonathan Levy qui l’a présenté de la sorte et… J’ai plutôt adhéré! Pour Rousseau, je n’avais pas cette nuance merci de ton apport!
Célestin Freinet a été oublié dans la liste des pédagogues importants, pourtant son apport est passionnant, et encore d’actualité.
Il y en a encore tant à citer!! Effectivement nous avons aussi évoqué Freinet!
A reblogué ceci sur I'm a Lady Butterfly and a little devil.
Merci beaucoup de ce compte rendu de conférence!!! (je vais être über pénible mais il n’y aurait pas un tout petit bout de texte minuscule de rien du tout que tu pourrais citer de ce monsieur?)
Deux petits points sur lesquels je ne suis pas entièrement d’accord: d’abord sur la perception de l’enfance au XVIIème siècle, ok l’enfant n’était pas considéré comme une personne à part entière comme il peut l’être aujourd’hui mais pour autant il me semble que pas mal de monde est revenu sur cette hypothèse (avec laquelle l’historien Philippe Ariès est devenu célèbre) selon laquelle l’enfant était vu comme un animal mignon auquel les adultes ne s’attachaient pas. De ce que j’avais lu les bijoux retrouvés par exemple dans les berceaux des enfants « abandonnés » montraient une volonté des parents de les retrouver par la suite, etc… Enfin bref, même si la mortalité infantile était très élevée, les processus psychologiques de détachement des parents ne suffisaient pas pour qu’ils n’en souffrent pas… L’autre point concerne l’affrontement Rousseau/Voltaire, j’avais juste envie de rajouter que lors de la Révolution française de nombreux projet d’éducation ont été rédiger pour décider de l’avenir de l’école: parmi eux certains étaient proche du système spartiate (enfants exclusivement élevés par l’état et enlevés à leurs parents), d’autres étaient beaucoup plus libéraux… voir ici par ex: http://www.lecture.org/revues_livres/actes_lectures/AL/AL107/AL107p040.pdf
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