Ce livre  » Pour une enfance heureuse »  regroupe mes thèmes de prédilection : les neurosciences, les émotions, le maternage, les enfants, et la communication non violente.

J’étais ravie en le découvrant, me disant que ce genre de livre pouvait aider à l’ouverture des mentalités, notamment en France, où tout est plus facile à accepter quand c’est « la science qui l’a dit ».

Le sous-titre d’abord «  Repenser l’éducation à la lumière des dernières découvertes sur le cerveau ». Merci donc à l’imagerie médicale qui nous permet de mieux comprendre ce qu’il se passe dans nos cerveaux, et notamment celui de nos enfants. Par ailleurs, tout n’étant pas biologique, le Dr Gueguen précise :

«  Dans un débat sur l’affectivité  et les relations humaines, l’introduction des sciences peut faire craindre que l’on réduise l’être humain à du biologique. Mais comprendre les déterminants biologiques de notre manière d’être, de nos réactions psychologiques et affectives lorsqu’on entre en relation avec autrui, savoir ce qui se passe dans notre corps lorsque l’on éprouve des émotions, des sentiments n’enlève rien aux charmes et aux mystères de la relation humaine. Au contraire, la compréhension des déterminants biologiques peut nous aider à mieux nous connaître et à appréhender autrui avec plus d’empathie. Cela nous permet d’apprendre et d’accepter que la réalité de notre condition humaine est faite d’interactions indissociables entre notre corps, nos affects, nos pensées et l’environnement » 

Et ça, ça me parle. Parce que je suis convaincue que les informations dont nous disposons participent on ne peut plus activement à nos comportements. Par exemple, lorsque l’on sait que :

«  Vers l’âge de 5-6 ans, l’enfant commence donc à contrôler un peu mieux ses émotions négatives, à comprendre leurs causes et à savoir les surmonter » 

« Les quatre premiers mois, les régions du cerveau servant à notre survie, à nous alerter des dangers sont très actives, dominantes. L’enfant vit dans un état d’alerte et de vigilance. Face à une situation imprévue ou qu’il ne comprend pas, il est très vite submergé par la peur, l’angoisse, la colère » 

Nos réactions peuvent se modifier à la lumière de ce type de données. Quand je suis face à ma petite de 2ans 1/2 qui pleure et hurle parce que je suis lasse de la pousser sur sa balançoire, je comprends alors qu’elle ne peut faire autrement, qu’elle n est pas encore capable d’exprimer sa déception de façon plus tempérée, et je cesse plus facilement de me dire qu’elle «  fait son cirque ». Quand mon bébé de 3 mois pleure parce que nous arrivons dans un endroit inconnu avec plein de personnes inconnues elles aussi, je peux être plus empathique, envisager qu’il a peur ou soit angoissé et adopter un comportement plus rassurant.

Tout ces exemples du développement du cerveau de l’enfant, nous pouvons les retrouver chez Isabelle Filliozat *, mais dans cet ouvrage nous allons encore plus loin dans notre compréhension. A la fois sur les mécanismes du stress et des émotions en général, chez l’enfant en particulier, et sur l’impact de l’environnement dans le développement du cerveau mais aussi sur le rôle et le fonctionnement des différentes parties de notre cerveau, des hormones, du système nerveux.

Allergiques à la biologie humaine s’abstenir !! Moi j’adore !

Sauf que…. Mieux vaut avoir lu le livre AVANT d’être parent, ou d’être un parent qui utilise les outils de la parentalité positive depuis la naissance de ses enfants. Parce que ça peut faire peur, et engendrer beaucoup de culpabilité…

« L’ambiance dans laquelle vit l’enfant, la conduite, l’attitude de son entourage seront déterminantes pour sa vie future. Les premières années de sa vie, de sa conception à 6/7 ans, sont de véritables fondations sur lesquelles s’enracinent toute existence humaine. Les expériences relationnelles que l’enfant vivra durant ces premières années seront décisives » 

« Quand l’enfant grandit entouré de tendresse, de sécurité affective, il développe non seulement une intelligence émotionnelle et sociale, mais cela lui évite aussi des perturbations physiologiques cérébrales et même structurelles qui, lorsqu’elles se sont installées, sont souvent à la base de difficultés affectives et comportementales durant l’enfance, l’adolescence et à l’âge adulte. » 

Waouh, tout se joue donc avant 6 ou 7 ans… ??

«  Ce défi à relever nous amène à prendre la mesure de la très grande responsabilité des adultes vis-à-vis de l’enfant. Nos manières d’être ont des effets directs sur le cerveau de l’enfant, sur sa vie actuelle et future. Mais il est rassurant de savoir que, du fait même de la plasticité cérébrale, l’impact d’éventuelles erreurs pourra être corrigé à condition qu’elles n’aient pas duré trop longtemps » 

Ouf ! Merci la neuroplasticité. Tout ne semble pas figé. J’ai pu faire des erreurs en tant que parent mais je peux revenir en arrière.

Mais c’est quoi «  duré trop longtemps » pour des erreurs parentales ??? Et de quelles erreurs parle-t-on ? Laisser pleurer ? Confondre colère et caprice ? Mettre des gifles ? Humilier ?

Le second point qui m’interpelle c’est que nous, parents, ne pouvons pas toujours être constants dans notre bienveillance  et que cette lecture met la barre haute. Et là, j’ai peur pour les mamans et les papas voulant être bienveillants et qui s’imposent une constance inatteignable, pouvant être source d’un grand stress et donc de violence par épuisement, impuissance.

Mais finalement, la culpabilité n’est-elle pas l’écueil de toutes ces lectures pour une éducation différente, positive, bienveillante, créative, respectueuse… appelez là comme vous voudrez.

Parce que ce livre je l’ai trouvé passionnant. Une synthèse de tous ces auteurs et ces personnalités qui font bouger le regard porté sur l’enfant : Alice Miller, Olivier Maurel, Isabelle Filliozat, Aletha Solter entre autres. Des apports de découvertes scientifiques récentes qui permettent de valider (si cela était encore nécessaire !) les techniques de communication de Thomas Gordon, Marshall Rosenberg ou Faber et Mazlish, comme des outils pour mieux grandir ensemble.

Si tous les pédiatres et professionnels de l’enfance pouvaient lire ce livre, ils seraient les porte-voix d’un nouveau regard, ils sensibiliseraient les parents cherchant les précieux conseils attendus des experts censés se mettre à jour de leurs connaissances.

En tout cas, une chose est sûre… ça bouge!  Et si des médecins défendent tout cela, publient et informent sur des bases scientifiques, ça pourrait aller encore plus vite !

L’accessibilité de ces informations au plus grand nombre constitue l’ouverture à un autre regard et de fait, à d’autres comportements…

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Christine Klein la sophro, heureuse de sa première participation aux VI !

 

*Notamment dans « J’ai tout essayé » « Il me cherche » et « Au cœur des émotions de l’enfant »