Connaissez-vous ce proverbe chinois, « Qui peut dire ce qui est bon ou mauvais ? » C’est une vieille histoire, qu’on attribue parfois à Lao Tseu, parfois à des auteurs bien plus récents et pas du tout Chinois, mais qu’importe. Ce que dit ce proverbe, cette histoire, c’est que nous autres être humains, n’appréhendons généralement pas les choses dans leur globalité, mais seulement selon l’un de leurs angles.

Marie Wolf a lu pour nous une étude concernant le lien entre le chlore naturellement présent dans le cerveau et différents troubles (dont notamment l’autisme), faisant naître l’espoir qu’un diurétique spécial agissant contre le chlore cérébral pourrait faire disparaître, au moins temporairement, certains symptômes de l’autisme.  Elle a également lu un autre article qui vient d’ailleurs nuancer sérieusement les résultats de la première. Au-delà des nouvelles scientifiques et de la manière dont la science avance, l’article de Marie est surtout intéressant par le regard particulier que celle-ci pose sur la question éthique d’un tel éventuel « traitement ». Est-ce que « soigner » (voire guérir) les personnes atteintes d’autisme les priverait en même temps de leur sensibilité particulière et du regard décalé et précieux qu’ils offrent au monde des neurotypiques ? Est-ce que la « normalisation » est une bonne ou une mauvaise chose ? Et en temps que parent, quand on connaît les souffrances que coûte cette sensibilité particulière, si un traitement existait, que déciderait-on ? Il faut lire l’article de Marie ainsi que la discussion qu’il a provoqué, parce que tout y est sensible et pesé, et que l’incertitude, parfois, nous sauve.

Phypa a chroniqué et commenté pour nous un article du Guardian à propos de l’alarmant manque d’estime de soi des jeunes filles. Basé sur un sondage (1300 jeunes filles entre 7 et 21 ans), l’étude montre un accroissement important et rapide du taux de jeunes filles qui se disent insatisfaites de leur apparence. Phypa croise ces chiffres avec d’autres articles, qui tous sont unanimes et montrent une corrélation entre les effets de l’hypersexualisation de jeunes filles, la dépréciation de leur image, leur mal-être (augmentation des tentatives de suicide) et les phénomènes de harcèlement dont elles sont l’objet. Là, l’incertitude n’est pas de mise. Il est certain que nos filles ne vont pas très bien, et il est quasi certain qu’un ensemble de forces sociales jouent dans le même sens pour accentuer et accélérer ce phénomène : il n’y a qu’à voir les polémiques hallucinantes sur le genre, la littérature jeunesse ou tout simplement la pression sociale qui s’exerce sur les enfants dès la crèche ou la maternelle… Ce qui est incertain en revanche, c’est la nature du combat à mener sur le terrain de la société pour renverser la vapeur.

Quant à Bienveillante, elle s’est intéressée à l’un des articles du dernier numéro de Grandir autrement, écrit par Daliborka Milovanovic et Victorine Meyers. Cet article parle de la multiplication des méthodes dites « d’éducation non violente » ou de « communication non violente », de l’engouement qu’elles suscitent… et des dérives possibles qui peuvent leur être liées. De nombreux questionnements, repris et commentés par Bienveillante, et qui ont suscité un véritable débat dans les commentaires, preuve que le sujet est brûlant, et que la question, là encore, du « comment faire » est sur toutes les lèvres !

Quelques liens pour aller plus loin