Il y a un peu plus d’une semaine je suis tombée sur un article dans l’express qui met en avant cette vidéo :

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Elle fait partie d’une campagne à l’initiative du Collectif féministe contre le viol qui milite pour l’inscription du terme d’inceste dans le code pénal. Je ne débaterais pas du bien fondé de cette demande.

Cette campagne intitulée « L’inceste est un crime » vise à inciter les adultes « à être vigilants et attentifs aux enfants, à repérer les moindres signes de mal-être afin d’être à leur écoute, de les aider », explique Emmanuelle Piet, présidente du Collectif Féministe contre le viol (CFCV).

Les chiffres font froid dans le dos

Sa permanence téléphonique « Viols Femmes Informations » (0 800 05 95 95) a reçu sur les onze premiers mois de 2013 des témoignages concernant 636 victimes de violences sexuelles incestueuses, commises par 426 agresseurs car certains d’entre eux ont fait plusieurs victimes dans la même famille, selon le collectif.

Une enquête réalisée en 2009 par l’Association internationale des victimes de l’inceste (AIVI) estimait que près de deux millions d’adultes en France ont été victimes d’inceste dans leur enfance, nombre infiniment supérieur aux cas déclarés.

Je pense effectivement que ce crime est rarement dénoncé.

Je n’ai pas vu ailleurs de trace de cette campagne, que cela soit à la télévision ou ailleurs. C’est un sujet compliqué, et j’imagine qu’il ne doit pas passer aux heures de grande audience… La plus grande limite de ce genre de campagne, c’est qu’elle est axée répression et non prévention. Bien sûr les coupables doivent être dénoncés et punis. Mais le plus important pour moi reste les enfants, comment faire pour qu’ils ne soient pas des victimes, et s’ils sont victimes, comment faire pour qu’ils s’en sortent le mieux possible. Le sujet de cette campagne est l’inceste, mais les agresseurs ne sont pas toujours des membres de la famille.

Je suis très sensible sur ce sujet, et je souhaite vraiment que mes enfants aient en main tous les éléments pour se défendre et se protéger quand les adultes sont défaillants. Comment les sensibiliser au sujet sans leur transmettre ma propre angoisse sur le sujet ? Comment trouver les mots justes ? Mon premier réflexe a été de me tourner vers la littérature pour enfant, j’ai choisi ce livre de Catherine Dolto, Colline Faure-Poirée : Respecte mon corps

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J’ai découvert cette collection avec un autre titre : Changer de maison. A l’origine, je n’avais pas trop accroché sur cette collection, surtout les graphismes. Mais finalement, ils sont très bien faits. Le discours est clair, sans détour, et il s’adresse autant aux parents qu’aux enfants. Cela peut paraître au premier abord dérangeant, pour nous les parents imprégnés de nos tabous et de nos craintes, mais mes enfants ont adoré cette façon de faire. Voici quelques extraits

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Le livre finit sur une note positive, car il y a quand même de nombreux câlins qui font du bien.

Mes enfants ont bien accroché à ce livre, et il ne leur a pas créé d’angoisses particulières. Il a beaucoup de succès, et il a permis d’initier un dialogue qu’il n’est pas toujours facile à introduire. Que cela soit pour ma fille de 5 ans ou de 4 ans, les questions sont très pertinentes, et elles arrivent très bien à faire le lien avec des situations qu’elles ont rencontré (mais qui heureusement sont quand même loin de notre sujet). Par exemple : suite à la dernière lecture de ce livre, ma fille de 4 ans m’a raconté qu’un petit garçon de sa classe la regardait tout le temps faire pipi (et qu’elle n’aimait pas ça). Nous avons donc pu lui dire comment réagir et notamment qu’il était légitime qu’elle n’ait pas envie qu’il la regarde faire pipi. L’une comme l’autre, elles nous posent des questions sur comment réagir ce qui nous permet de compléter le discours du livre qui ne peut évidemment pas couvrir tous les cas, toutes les situations.

Le seul reproche que je ferais à ce livre, c’est qu’il n’aborde pas un élément qui me paraît essentiel. Bien souvent, les enfants se taisent car ces adultes malveillants ont une grande capacité de manipulation et de culpabilisation de leurs victimes les amenant à garder le silence. Mais comme je le disais avant, l’important c’est qu’il ouvre le dialogue et c’est à chacun ensuite d’élargir le discours en fonction de ses propres attentes.

Madame Koala