Aujourd’hui je souhaite vous parler du livre de John Médina : « Comment fonctionne le cerveau de bébé ? Ce que les neurosciences nous apprennent à pour l’aider à bien développer ses facultés et devenir un enfant intelligent et heureux. » Bel objectif que celui du livre, non?

Pourquoi ai-je acheté le livre « Comment fonctionne le cerveau de bébé ? » de John Médina ?

Anecdote sur mon blog

# Les numéros de page sont donc ceux de la version France Loisirs #

De quoi parle-t-il ?

L’objectif est simple : il souhaite répondre aux cinq questions que posaient immanquablement les parents à la fin de ses conférences (avec des variantes) :
Que peut apprendre mon bébé pendant qu’il est dans mon ventre ?
Que va devenir mon couple une fois le bébé arrivé à la maison ?
Comment préparer mon enfant à entrer à Harvard ?
Comment faire pour être sûre que ma fille sera heureuse ?
Comment faire de ma petite-fille quelqu’un de bien ?
La migration axonale est bien trop pointue et pas assez concrète pour intéresser la majorité des parents. Il a donc essayé d’écrire un livre pratique accessible au plus grand nombre, même ceux qui n’ont pas bac +12 en biologie, en organisant au mieux ses idées :
1. Les lois de la grossesse
2. Les lois de la relation conjugale
3. Les graines de l’intelligence
4. Le terreau de l’intelligence
5. Les graines du bonheur
6. Le terreau du bonheur
7. Les graines et le terreau du sens moral
Rappel des lois
Conclusion
Conseils pratiques

Il parle donc de la grossesse, du couple, de l’intelligence, du bonheur et du sens moral !

Est-ce que j’en recommande la lecture ?

Oui, pour plusieurs raisons que je vais détailler. J’ai quelques bémols à apporter que j’ai disséminés ci-dessous. Avec chaque bonne raison de lire le livre, je cite un extrait qui vous permettra d’avoir une petite idée du contenu de l’ouvrage. J’aborde un peu tous les sujets (bonheur, intelligence…) mais le focus est surtout sur l’empathie.

le côté vulgarisation : comme promis dans l’introduction, il ne se perd pas dans des pérégrinations techniques. Le livre ressemble à un manuel de bonnes pratiques, un mode d’emploi pour les parents. J’ai souvent oublié que je lisais un livre sur les neurosciences ou du moins l’idée que je m’en faisais (côté biologie).

(p.10) Ce que j’appelle les lois du cerveau de l’enfant sont des certitudes sur le fonctionnement cérébral pendant la petite enfance. Elles sont issues de la psychologie comportementale, de la biologie cellulaire et de la biologie moléculaire. Chaque loi a été minutieusement choisie pour aider au mieux les jeunes parents à s’occuper d’un petit être humain dépendant et vulnérable.

Il prend un grand nombre de témoignages (source p.27) pour illustrer son propos. Chaque fait n’est pas forcément suivi d’une démonstration scientifique mais illustré parfois par des exemples (voir « humour »). Cet anecdote isolée ne prouve rien mais sert à marquer les esprits et il est plus facile de se souvenir de la « vérité » énoncée.

Par exemple une illustration de l’empathie :

(p99) Une petit garçon de 4 ans qui habitait avec sa maman avait pour voisin un homme âgé. L’homme venait de perdre son épouse après de longues années de mariage. Le gamin l’a entendu sangloter, assis sur un banc dans son jardin. Il a grimpé sur les genoux du vieux monsieur pour le réconforter, ce qui a effectivement apaisé le vieil homme. La mère du petit garçon a ensuite demandé à son fils ce qu’il avait dit au monsieur. « Rien, lui a-t-il répondu. Je l’ai juste aidé à pleurer. »

Quand on parle du cerveau, on ne peut pas parler biologie sans psychologie… et inversement. Mais il y a de nombreux exemples et témoignages qui font un peu mentir le sous-titre « ce que les neurosciences nous apprennent ».

la mise en page didactique :

En début de chapitre, les idées clées. Par exemple pour le deuxième « Les lois de la relation conjugale » :

(p. 69) – Mariage heureux, bébé heureux – Le cerveau recherche la sécurité avant tout – Ce qui est évident pour vous n’est évident que pour vous.

Et à la fin, dans un autre encart, Ce qu’il faut retenir :

(p.104) – Plus de 80% des couples mariés voient leur relation se dégrader considérablement à l’arrivée d’un enfant – Le cerveau et le système nerveux en développement du nouveau-né peuvent pâtir des conflits qui éclatent régulièrement entre ses parents – L’empathie réduit les rapports d’hostilité – Les quatre principales sources de conflits conjugaux sont : le manque de sommeil, l’isolement social, le partage inégale des tâches domestiques et la dépression.
l’humour
Pour illustrer le fait que les enfants observent leur environnement constamment, il cite un exemple :
(p.79) Un pédiatre conduisait sa fille de 3 ans à la garderie. Il avait laissé son stéthoscope sur le siège arrière de la voiture et remarqua que l’enfant se mettait à jouer avec l’instrument, insérant même les deux embouts comme il faut dans ses oreilles. Le pédiatre était tout excité, se disant que sa fille suivait ses traces ! Soudain la petite fille saisit la membrane vibrante et la porta à sa bouche en déclarant d’une voix forte : « Bienvenue chez McDonald’s ? Puis-je prendre votre commande ?
les précisions / définitions des termes « oùchacunymetsequilveut »
Il commence toujours par préciser ce qu’il entend par intelligence (est-ce le QI exclusivement ?), bonheur (Daniel Gilbert en propose 3 : émotionnel, moral, lié à un jugement) et sens moral.
Idem pour l’empathie** :
(p. 100) J’avais toujours pensé que l’empathie n’avait pas plus de fondements neuroscientifiques que la télépathie ou tout ce qui relevant du paranormal. Si, il y a dix ans, quelqu’un m’avait dit que l’empathie allait faire l’objet d’une description empirique aussi poussée que celle de la maladie de Parkinson, j’aurais éclaté de rire. Maintenant je ne ris plus du tout. Des résultats de recherche on ne peut plus sérieux et de plus en plus nombreux décrivent l’empathie et la définissent par trois aspects fondamentaux : – Détection d’un effet […] – Transposition imaginative […] – Formation d’une limite […]
les métaphores
Pour l’intelligence, le bonheur et le sens moral, il distingue le terreau des graines.
Pour définir l’intelligence par exemple, il prend l’exemple du ragoût de sa maman :
(p116) Comme le plat de ma chère maman, l’intelligence humaine possède deux ingrédients essentiels, tous deux fondamentalement liés à notre besoin de survie. Le premier est la capacité à enregistrer l’information : […] intelligence cristallisée (mémoire). […] Le second ingrédient est la capacité à adapter cette information à des situations uniques : […] intelligence fluide (improvisation) […]. Bien d’autres ingrédients constituent le ragoût de l’intelligence humaine […] : l’envie d’explorer, la maîtrise de soi, la créativité, la communication verbale et le décodage de la communication non verbale. […] Beaucoup ont des racines génétiques […] L’acquis […] joue un rôle important dans la capacité d’un enfant à optimiser son intelligence.
les conseils pratiques
Pour continuer sur l’empathie :
(p.102) Faites de l’empathie un réflexe. […] Lorsque vous êtes face à l’émotion de l’autre, agissez en deux temps : 1. Décrivez les changements émotionnels que vous pensez observer. 2. Essayez de deviner l’origine de ces changements émotionnels. Vous pouvez ensuite réagir selon vos mauvaises habitudes. Mais je vous préviens, si vous utilisez de plus en plus souvent le réflexe d’empathie pour gérer vos conflits, vous aurez du mal à conserver vos anciens modes de réaction.
Comprendre le fonctionnement d’autrui n’est pas forcément l’approuver !
du bon sens
Concernant la grossesse :
(p.51) Tous les comportements qui contribuent au bon développement du cerveau du fœtus, notamment dans la seconde moitié de la grossesse, suivent le principe du « ni trop ni trop peu ». J’ai choisi les quatre plus importants : le poids, l’alimentation, le stress, l’exercice.

l’approche scientifique :

(p.11) Pour que je lui accorde ma confiance, une étude scientifiques doit avoir été publiée dans des journaux scientifiques reconnus, puis reproduite avec succès. Certaines résultats ont été confirmés des dizaines de fois. Si je fais une exception pour des travaux de recherche récents, certes très sérieux mais sur lesquels nous n’avons pas un recul suffisant, je le mentionne.

Effectivement, le livre précise régulièrement le nom des études ou des scientifiques à l’origine des résultats dont il parle. Cependant, si le nom peut suffire à certains, certains souhaitent des références peut-être un peu plus précise. (p.28) Si on souhaite se renseigner sur le sujet, on peut les retrouver sur son site www.brainrules.net dans la partie Références.

Il y a des aspects neurobiologiques derrière l’empathie.

(p198) Ces neurones-miroirs sont disséminés aux quatre coins du cerveau, tels de minuscules astéroïdes cellulaires. Nous les mobilisons, de concert avec les systèmes de mémoire et les zones impliquées dans le traitement des émotions, lorsque nous sommes confrontés aux expériences d’autres personnes. Selon les chercheurs, nos neurones aux propriétés « réfléchissantes » apparaissent sous différentes formes. […] C’est comme être directement relié de l’intérieur à l’expérience psychologique d’une autre personne. Les neurones-miroirs vous permettent de comprendre une action observée comme si vous l’expérimentez directement. Cela ressemble à l’empathie. Les neurones-miroirs peuvent aussi être profondément impliqués dans la capacité à interpréter les signaux non verbaux, notamment les expression faciales, et la faculté de comprendre les intentions de l’autre – une faculté qui appartient à un ensemble de compétences sociales appelées la théorie de l’esprit […]. Certains chercheurs pensent que les compétences propres à la théorie de l’esprit sont à la source du fonctionnement de l’empathie. Tous les scientifiques ne sont pas d’accord sur le rôle joué par les neurones-miroirs dans des comportements humains aussi complexes que l’empathie et la théorie de l’esprit. Ils jouent certainement un rôle mais, pour le vérifier, il faut poursuivre les recherches. Nous découvrirons peut-être que l’empathie n’est pas que de la sensiblerie, mais possède des racines neurophysiologiques profondes.

– des idées, des repères, des conseils, des petites choses dont on se souviendra :

(p.185) Le secret du bonheur : […] La seule chose qui importe vraiment dans la vie, ce sont vos relations avec les autres
(p. 143) Allaiter votre bébé pour stimuler son cerveau
(p. 165) Pas de télé avant 2 ans […]
(p. 168) Après 5 ans, la télé , oui, mais à certaines conditions
(p222) Mettez en place un style éducatif exigeant mais chaleureux (Voir ci-dessous « concept »)
(p.298) Félicitez votre enfant pour ses efforts (plutôt que ses ressources intellectuelles innées)

Un bémol : il affirme un grand nombre d’affirmations à mettre en œuvre pour un bébé intelligent et heureux. Le risque est de culpabiliser si on ne suit pas (impossibilité ou décision) l’un ou plusieurs des critères. STOP. Comme je le dis souvent, pas de « il faut » en parentalité. Par exemple pour l’allaitement : si on ne peut pas ou qu’on ne veut pas allaiter, ce n’est pas pour cette raison que le cerveau ne sera pas du tout stimulé ! Il ne sera pas stimulé par l’allaitement. C’est un fait. Ce n’est pas forcément mal de ne pas allaiter, on doit avoir conscience des conséquences mais rester libre de ses choix !

des concepts :

Dans la partie Terreau du bonheur avec la gestion des émotions de l’enfant, l’auteur définit 4 types de style éducatif en fonction de 2 variables :

(p223) La sensibilité parentale : Les parents réagissent à leurs enfants avec plus ou moins d’attention, d’appui affectif, de sensibilité, de chaleur. Les parents chaleureux ont tendance à communiquer l’affection qu’ils ont pour leurs enfants, tandis que les parents hostiles ont tendance à communiquer leur rejet. L’exigence parentale : Les parents exercent un contrôle plus ou moins fort sur le comportement de leurs enfants. Les parents intransigeant ont tendance à édicter et imposer des règles de façon implacable, tandis que les parents permissifs n’établissent aucune règle.

Sensibilité élevée

Sensibilité faible

Exigence élevée

Démocratique JUSTE MILIEU

Autoritaire Trop sévère

Exigence faible

Permissif Trop laxiste

Désengagé Trop indifférent

Dans ce petit tableau à 2 entrées (des études scientifiques, ça marque à vie !) je retrouve pas mal d’exemples de la vie courante et de ce que j’observe. L’auteur parle d’une étude sur des milliers d’enfants américains qui confirme une autre étude qui aborde le sujet.

CONCLUSION

Je pense que vous avez un aperçu assez exhaustif du ton et du contenu du livre.

Même si je ne suis pas devenue neuroscientifique, je suis contente cet ouvrage car je trouve important d’apprendre à connaître nos fonctionnements d’être humain, surtout en tant que parents, responsables (au début du moins) d’une tierce vie. La vulgarisation est réussie car pragmatique et accessible au plus grand nombre. Il aborde certains aspects techniques des neurosciences mais à l’aide des anecdotes on voit rapidement l’application concrète du concept. Il nous facilite l’apprentissage en notant lui-même les idées clés de chaque chapitre (les lois).

Pour conclure, le livre est très facile à lire : des idées précises, claires, détaillées, illustrées, résumées, bref, facile à lire !

Vous l’avez lu ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? Si non, est-ce que ça vous donne envie de le lire ?

Vous retrouverez ce billet sur mon blog

Mia pérégrine

 

* format trop grand pour mon appartement sans Bibliothèque avec un grand B comme la Belle et la Bête
** pour l’anecdote, au moment où je lisais le livre, j’ai croisé la notion d’empathie plusieurs fois en peu de temps, notamment dans Dexter avec les idées du docteur Vogel sur les psychopathes et l’empathie ou encore dans cet article Les psychopathes ne manquent pas d’empathie à condition qu’on les aide.