English: Cendrillon story

English: Cendrillon story (Photo credit: Wikipedia)

Quel est le point commun entre Blanche-Neige et Cendrillon ?

Le prince charmant, certes….mais l’autre ? La méchante belle-mère.

Quel est le point commun entre le Petit Poucet et Hansel et Gretel ?

Ils sont dans une forêt sans leurs parents.

Promenons-nous dans les bois et le petit chaperon rouge ?

Le loup !

On parle beaucoup des vertus des contes pour les enfants mais ces dernières décennies des voix s’élèvent pour dire qu’ils font peur aux enfants et pourraient même être nocifs pour certains.

Oh… comment cela?  J’adorais les contes quand j’étais enfant !

Rassurez-vous, ce soir, c’est le début des vacances scolaires, donc je ne vais pas parler de choses trop sérieuses ! Le ton sera léger.

Ce sujet a d’ailleurs déjà été évoqué par Kaldeirael, quand elle nous a présenté un extrait de « Au cœur des émotions de l’enfant » d’Isabelle Filliozat. J’ai plusieurs livres d’Isabelle Filliozat à la maison, donc j’en ai profité pour relire certains passages.

« Ma pratique clinique m’a indiqué qu’ils pouvaient se montrer nocifs. Un enfant qui vit justement les difficultés traitées peut y trouver confirmation de ses croyances négatives et conserver longtemps ses peurs » 1

L’auteur évoque par exemple l’inceste dans « Peau d’Ane » ou encore la peur d’être rejeté par les autres dans « La petite fille aux allumettes ».

« Nombre de contes sont au service d’une éducation dure et autoritaire, protègent l’image idéalisée des parents et déforment la réalité » 1

Bon d’accord. J’aime beaucoup cet ouvrage d’Isabelle Filliozat et je respecte ses opinions mais… j’ai aussi beaucoup aimé les contes ! Si j’ai une imagination débordante, c’est d’ailleurs grâce à eux. Euh, c’est d’ailleurs aussi grâce à cause d’eux que je mélange parfois les choses : je pensais enfant que Grimm et Perrault était frères. Hum…

J’ai donc décidé de chercher un peu, oh pas beaucoup, juste ce qu’il faut pour me faire une petite idée.

J’ai commencé par « Blanche-Neige et les sept nains» et j’avoue que je suis restée perplexe devant l’interprétation d’Erik Pigani dans un très bon dossier intitulé « Ce que les contes nous racontent » dans le magazine Psychologies.

Il explique que ce conte décrit les étapes de la puberté chez la jeune fille.

« Au début de l’histoire, une reine qui, plus tard, mourra en donnant naissance à Blanche-Neige, se pique le doigt. Trois gouttes de sang tombent dans la neige : l’innocence, la blancheur contrastent ainsi avec la sexualité, la couleur rouge.

[…]

Pareillement, Blanche-Neige fait son éducation de jeune fille « sage » auprès des nains, asexués, en attendant « le prince jeune et beau » qui la délivrera du désir qui l’étouffe (symbolisé par la pomme). » 2

Oulah….OK, OK… La pomme symbolise souvent aussi l’interdit.

Et Cendrillon alors ? Verdict : « Rivalité fraternelle ».

« Si la situation de Cendrillon semble être poussée à l’extrême – elle est l’inférieure, la souillon –, elle correspond aux émotions de tout enfant dans une fratrie, et à ses sentiments envers ses parents. D’après l’auteur de la Psychanalyse des contes de fées, Bruno Bettelheim, vivre la belle-mère comme une figure terrifiante permet à l’enfant de faire face à ses fantasmes inconscients de haine et de dégoût envers ses propres parents, sans se sentir coupable » 2

Me voilà servie…

Dans ce dossier, Erik Pigani décortique d’autres contes et confirme ce que disait Isabelle Filliozat sur Peau d’Ane…

Bon, là, de toute façon,  je n’ai regardé que les contes de princesses (même si on sait bien qu’ils ont été écrits par des hommes…). Et « le petit chaperon rouge » alors ?

« Parmi les contes, le célébrissime Chaperon rouge est le plus sexuellement explicite. La couleur rouge symbolise les émotions violentes liées à la sexualité. Il est évident que le loup n’est pas un animal carnassier, mais une métaphore criante du mâle » 2

Aïe, ok. Ma chère maman, si tu me lis, le savais-tu quand tu nous inventais chaque soir une version un peu différente de ce conte (moments magiques de mon enfance)? Pour moi, les contes étaient là pour développer l’imagination de l’enfant, pour développer sa créativité et sa sociabilité.

Bon, et « Jack et le haricot magique » ? Il n’y a pas de princesse ou de méchante belle-mère.

« Les psychanalystes freudiens […] Pour eux, Jack qui fait pousser un haricot magique, monte sur sa tige et tue un géant pour s’emparer de son trésor, représente l’affirmation phallique de l’adolescent, qui « tue son père » pour imposer sa propre virilité. Les psychanalystes jungiens y verront plutôt un récit initiatique, l’image de notre besoin d’accéder aux degrés supérieurs de notre conscience » 2

Finalement, tout est une question d’interprétation si mêmes les psychanalystes ne sont pas d’accord sur le sujet…

Pour l’enfant, les contes sont des histoires fantastiques, merveilleuses ou non. Pour nous…eh ben…euh… Il ne nous reste plus qu’à les relire et nous faire notre propre idée !

Sources :

1 FILLIOZAT Isabelle, Au cœur des émotions de l’enfant, Editions Marabout, 1999, p143 et 144

2 PIGANI Erik, Magazine Psychologies, Dossier « Ce que les contes nous racontent », http://www.psychologies.com/Culture/Philosophie-et-spiritualite/Savoirs/Articles-et-Dossiers/Ce-que-les-contes-nous-racontent