Aujourd’hui, je tente de rattraper mon retard astronomique dans la présentation des ouvrages récemment reçus pour la Bibliothèque Volante des Vendredis Intellos… et je vais vous parler de préparation à l’accouchement.

Quand j’attendais l’Anté-pré-ado, j’avais une très haute idée de ce que pouvait être une préparation à la naissance digne de ce nom, on m’avait d’ailleurs recommandé une sage-femme aux petits oignons et j’avais grand hâte de commencer les séances…. c’était sans compter la menace d’accouchement prématuré qui m’assigna à canapé dès le 5ème mois de grossesse et m’interdit donc de me faire des copines baleines, de sophrologiser et de prendre conscience de mon périnée. En guise de préparation à l’accouchement, j’eus donc droit à un abrégé d’obstétrique dispensé en un temps record par la sage-femme chargée de me faire les monitoring à domicile (qu’en tant que seul être vivant que je croisais régulièrement en dehors de MrD, je ne remercierai jamais assez): je savais quoi mettre dans mon trousseau de maternité, je savais inspirer-bloquer-pousser, et je savais qu’une curieuse malédiction voulait que les bébés ayant le dos à gauche du ventre de la maman naissaient plus facilement que leurs copains droitiers (mais je n’ai jamais eu l’occasion de vérifier si cela avait un lien avec le choix du sens de vissage des robinets), en deux mots j’étais bonne pour le service!

Pour la Princesse, l’impression de maîtriser les techniques de base me fit pencher pour de l’haptonomie, plutôt agréable, mais pas très convaincante non plus (mais il faut dire qu’on n’était pas tombé sur une grande spécialiste de la chose). Pour Petit Monstre Heureux et Cro-Magnon-Mignon, un tantinet désabusée, j’ai finalement décidé de ne suivre aucune préparation à la naissance. Pourtant, prévoyant pour ces deux accouchements une naissance à la maison, j’étais en attente de plein de conseils… d’abord pour utiliser au mieux la marge de manoeuvre que le fait de rester chez moi offrait en matière de positions, de massages, de possibilités de prendre des bains, etc… et aussi pour être en mesure d’avoir des ressources pour gérer au mieux une douleur que je n’avais pas connu pour les aînés puisque j’étais sous péridurale. Naïvement, j’attendais beaucoup de ma sage-femme AAD sur ces différents points, j’ai attendu, attendu, attendu, attendu… et puis finalement j’ai compris qu’elle ne me dirait rien ou presque de tout cela: pour elle, on accouchait comme on respirait, il était donc inutile de faire autre chose que ce que notre instinct nous dirait. Il m’a fallu attendre la grossesse de Briochin pour avoir ENFIN la préparation à la naissance dont je rêvais: alternant connaissances sur la physiologie de l’accouchement et du corps de la femme, prise de conscience de sensations sur le bassin et le périnée, techniques de relaxation et de gestion de la douleur, le tout saupoudré de bienveillance et de respect de chacun. Durant cette préparation, j’ai pris conscience d’à quel point j’avais besoin de comprendre et de visualiser ce qui allait se passer dans mon corps pour vaincre certaines de mes craintes. Je ne sais pas trop dans quelle mesure ce besoin est ou non largement partagé parmi les futures mères, ni s’il procède d’une trop grande volonté de « contrôle » au détriment d’un salutaire « lâcher prise » mais une chose est certaine: la grossesse et l’accouchement transforment d’une façon à peine croyable des parties de son corps que l’on ne connaît souvent d’ailleurs qu’assez superficiellement, et que comprendre ses changements, être capable de les visualiser, ben ça aide drôlement à se les approprier…

Bon mais là vous êtes en train de vous dire: mais POURQUOI elle nous raconte tout ça??!! Ben parce que la première fois que j’ai ouvert le bouquin que je me propose de vous présenter aujourd’hui, je me suis exclamée: « Mais c’est dingue!! C’est EXACTEMENT ce qu’on m’a appris pendant la prépa à la naissance de Briochin! » et je tournais les pages frénétiquement tout en retrouvant à chaque chapitre des éléments évoqués durant ces séances et qui m’ont été rudement utiles à pondre mon admirable paquet. Bon bien sûr, je ne vais pas vous raconter de salades: tout ce que vous pourrez apprendre dans un livre ne remplacera sûrement jamais un contact de qualité avec un professionnel de confiance MAIS MAIS MAIS quand on n’a pas ledit professionnel sous la main, ben un bon bouquin, ça ne se refuse pas!

Donc le livre que je vais vous présenter aujourd’hui, s’appelle Bouger en accouchant de Blandine Calais-Germain et Nuria Vives Parès aux Editions Désiris.

Bouger en accouchant

L’un des grands intérêts de ce livre est qu’il a été rédigé pour être parfaitement accessible, non seulement aux non-professionnels mais aussi et surtout, directement aux femmes enceintes. Voyez plutôt l’avertissement…

BEA avertissement

« Détail anatomique qu’on peut reconnaître facilement sur soi » oui! oui! vous avez bien lu!!! Le repérage sur soi, c’est la base pour comprendre comme la machine fonctionne! Par exemple:

BEA se repérerEt voilà, en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, vous êtes capable de visualiser les limites de votre bassin!!

La première partie du bouquin passe entièrement en revue tous les éléments du bassin, les décrit, et explique leur fonction lors de l’accouchement et propose des techniques de repérage. Puis ce sont les différents mouvements du bassin qui sont analysés en détails, selon les conséquences qu’ils ont en matière d’ouverture ou de fermeture de la partie supérieure ou de la partie inférieure… tout cela servant à mieux comprendre comment va se dérouler (pour la maman et pour le bébé) la phase d’expulsion et surtout, quelles sont les positions et les mouvements à privilégier pendant les différentes phases.

Voici un exemple d’utilisation de la connaissance du fonctionnement du bassin pour choisir la position la plus adaptée (p.74):

Avant  la 1ère étape [ndlr: de l’expulsion]: la tête est libre, le foetus encore au-dessus du détroit supérieur.

Que doit faire le bassin?

Le bassin se prépare et s’ouvre « en haut ».

Concrètement, si la femme se repose…

On peut permettre la contre-nutation par: 

– La détente des muscles du dos; 

– L’absence d’appui en haut du sacrum

Il est souhaitable de prendre une position où la pesanteur va aider (verticale)

Concrètement, si la femme bouge…

Elle peut choisir des mouvements avec bassin libre à partir des « positions reines » (voir chap.8), et des petites bascules et translations (voir chap.7)

La suite du livre étudie les liens entre les mouvements du bassin et les mouvements de tout ce qui lui est relié (jambes, fémur, hanches, dos, etc…) et c’est là qu’on comprend qu’en agissant sur la position de chacune de ces parties de notre corps, ben en fait, en agit AUSSI sur notre bassin…Les déformations spécifiques du bassin lors de la naissance font l’objet d’un chapitre spécifique, dans lequel est également mentionné certaines « manoeuvres » externes auxquelles peuvent recourir les sages-femmes dont notamment celle décrite par Ina May Gaskin et permettant de réduire les risques liés à une éventuelle dystocie des épaules (concrètement: quand la tête du bébé a franchi le bassin mais que les épaules restent coincées). La dystocie ayant ma hantise durant la grossesse de Cro-Magnon-Mignon (pour une raison que je ne m’explique pas moi-même!), je vous mets le schéma, rien que pour le plaisir:

BEA manoeuvre de Gaskin

Enfin, une partie que j’ai trouvé tout à fait intéressante et concrète pour les futures mères: chaque position d’accouchement est minutieusement analysée, selon la position des hanches, des genoux, selon sa symétrie ou non, selon la mobilité du bassin, celle des os illiaques et du sacrum afin de déterminer ses avantages et ses inconvénients. Il est à signaler que les positions sur le dos sont également commentées afin de montrer comment elles peuvent être aménagées afin de laisser le plus possible le bassin mobile. Là encore, je ne résiste pas à l’envie de vous montrer une position que vous ne connaissez sûrement pas (moi en tout cas, je n’en avais jamais entendu parler!)…BEA position Kabyle

Bref, tout ça pour dire que j’ai désormais (au moins) une explication sur mon besoin irrépressible de dandiner des fesses (et encore, c’est un euphémisme) durant toute l’heure qui a précédé la naissance de Briochin.

A quand les cours de danse comme préparation à l’accouchement? Car franchement, rien ne vaut un bon twist pour faire descendre le nain!

Mme Déjantée