Je me baladais sur la toile, les cheveux au vent, quand j’y vis un article de Madame Parle en réaction à un article publié sur Graine de Curieux. En caricaturant, il y a un contre et un pour la fessée.

Comme sur les sujets d’allaitement ou de co-dodo, le débat fait rage à chaque fois que le mot fessée est évoqué dans un billet :

Les « pro-fessées » sont ulcérés qu’on les accuse à mots couverts de maltraitance.
Les « anti-fessées » sont scandalisées par les pro et choquées qu’on les sous-entendent mauvais éducateurs.
Chacune perçoit le jugement de valeur derrière les mots ou les idées de l’autre et les noms d’oiseaux fusent assez vite.

Perso, j’adore ce sujet qui me touche particulièrement.

J’adore les débats.

Mais prenons du recul, svp, messieurs-dames.

Il me semble que cristalliser les débats autour de la fessée est  réducteur. Il n’y a pas que la fessée qui fait débat. La tape, la baffe, toute forme d’acte physique déportant la force du corps d’un adulte sur le corps d’un enfant dans un but éducatif (ou pseudo-éducatif) devrait faire débat.

Qu’est ce qui caractérise la fessée qui fait débat ? (je ne parlerais pas ici des jeux, de sexualité, mais uniquement de la fessée dite « pédagogique » ou « éducative »)

La fessée qui fait débat, c’est un acte physique d’un éducateur à l’égard d’un enfant. Cet acte physique se caractérise par le maintien de l’enfant par la force au contact de l’adulte et l’utilisation du corps de l’adulte (main) ou d’un objet prolongeant le corps (martinet, chaussure, etc) pour frapper plus ou moins sévèrement  et plus ou moins longtemps une partie du corps de l’enfant, en général les fesses.

La fessée, selon moi, n’est pas caractérisée par :
– le fait de faire mal à l’enfant
– l’humiliation de l’enfant
– la partie du corps de l’adulte (ou son prolongement) frappant

Est-ce bien nécessaire, parents anti, de grimper au rideau de la douleur enfantine quand un parent fesse? L’enfant n’a pas forcément mal. Parfois oui. Mais je ne pense pas que ce soit la douleur d’une fessée qui pose problème à un enfant (vu ce qu’ils sont capables de se prendre comme gamelles).

Par contre, parents fessants, ce qui fait beaucoup de peine aux anti-fessées (et à moi), c’est que vous faites parfois des erreurs d’appréciation et vous donnez de la violence AVANT l’amour (l’écoute, le dialogue, l’attention) dont votre enfant avait besoin. Le message est dévastateur.

Mais, parents fessants, on passe beaucoup de temps à critiquer vos fessées et trop peu à analyser d’autres formes d’utilisation de la force dans un but éducatif.
La force est un des outils que nous avons, parents, comme le dialogue, la récompense, la valorisation, la punition.

Voici les 4 types de recours à la force auxquelles j’ai réfléchi dans mes introspections pré-maternelles ou maternelles. (je prends avec plaisir vos suggestions ou ajouts).

– La violence physique (dont la fessée)
– La contrainte physique (bloquer l’enfant, l’embarquer manu militari)
– La violence psychologique (hurler sur l’enfant, claquer une porte)
– La contrainte psychologique (chantage, menace)

Lesquelles sont légitimes ? Pourquoi ?

Pourquoi serait-il légitime que je tire sur le bras de mon enfant pour le faire marcher dans la même direction que moi ?
Pourquoi serait-il légitime que je contraigne mon enfant qui se débat à sortir du bain (ou à entrer dans le bain) (ou à rester dans sa poussette) ?
Pourquoi serait-il légitime que j’empêche mon enfant d’avoir un gâteau s’il n’a pas fini ses légumes ?
Pourquoi serait-il légitime que je colle une fessée à mon enfant qui réclame sa tétine au milieu de la nuit ?
Pourquoi serait-il légitime de hurler sur un nourrisson qui hurle depuis 1 heure ?
Pourquoi serait-il légitime que de faire du chantage au lavage de dents, par exemple si tu te laves les dents tu as droit à une histoire ?

etc, etc…

Je pense qu’il importe de réfléchir en profondeur sur nos comportements éducatifs, afin de faire un choix éclairé et adapté à chaque enfant (et à vous!!!).
A fortiori, parent est maître chez soi (à moins de déconner sévère). Bien que, personnellement, je sois en profond désaccord avec la moindre violence physique sur MON enfant, il me semble primordial de comprendre ce qui légitime la fessée chez beaucoup de parents.

On a tous en tête une tonne d’arguments d’un côté ou de l’autre.
Perso, je pense qu’on utilise la force (comme vecteur éducatif) par manque de. C’est un raccourci.

  • Manque de temps pour expliquer
  • Manque de temps pour soi
  • Manque d’amour à donner
  • Manque d’énergie pour canaliser
  • Manque de sommeil
  • Manque de patience
  • Manque de bras pour beaucoup d’enfants en même temps
  • Manque d’éducation

Avec 3 enfants rapprochés, des nuits pourries, une crise d’opposition, que sais-je, je conçois qu’on utilise la fessée ou toute autre méthode permettant de faire faire ou interdire, et ce rapidement. De nombreuses mères m’ont fait part de la fessée comme un raccourci pour faire passer un interdit.

mais … est-ce la panacée ? Pourquoi défendre et légitimer l’usage de la force dans l’éducation? Ne vaudrait-il mieux pas répondre à nos manques que de hausser le ton? que de lever la main ?

Le blog du bonheur