Il y a quelques temps, je me suis offert le livre de Marlène Schiappa « Éloge de l’enfant roi ». J’avoue, rien que le titre, manifestement volontairement provocateur m’a plu. Mais je craignais quand même un peu le contenu.
Fort heureusement, si Marlène Schiappa défend l’enfant éventuellement roi, elle ne soutient pas l’enfant tyran.
Avec ce livre, j’ai de quoi écrire de nombreux articles pour les VI. Aussi aujourd’hui, je vais me contenter de la partie intitulée « l’enfant caché ». En gros, on n’a rien contre les enfants, mais on n’accepte pas qu’ils fassent du bruit, qu’ils prennent de la place, bref, qu’ils gênent.
le début du chapitre commence ainsi :

L’enfant, roi embastillé, éradiqué des rues

Si un enfant sort de chez lui, c’est un enfant roi. L’enfant sage doit vivre cloitré et ses parents sont priés de l’écarter des lieux publics.

Les mots sont brutaux, mais on ne peut nier une véracité certaine à ce triste état de fait. Qui osera dire que cela est faux, qu’aller au restaurant avec un enfant de 2 ou 3 ans est tout à fait possible et accepté, qu’une femme peut nourrir son enfant sans attirer des regards souvent pleins de jugements (que l’enfant soit nourris au biberon ou au sein, même combat, on a de bonnes chances de se prendre une réflexion), que faire un trajet en train avec des enfants ne peut pas vite tourner au cauchemars parce que les enfants finissent, malgré livres et jouets, par s’ennuyer et vouloir se dégourdir les jambes, entraînant des soupirs profonds et pleins de sous-entendus de la part d’autres passagers?
Bien sûr, il y a aussi plein de gens qui acceptent les enfants sans problème, bien sûr, on se trouve dans l’espace public et la vie doit rester « vivable » pour tous. Bien sûr, un pitchoun enchainant colère sur colère, c’est fatiguant et usant nerveusement.

Pour Nicolas Murcin, co-auteur du mythe de l’enfant-roi, notre société voue une telle haine aux enfants qu’elle les a « éradiqués de l’espace public », dès la naissance et même avant : les passagers se levant comme un seul homme pour céder leur place aux femmes enceintes, ce n’est plus qu’un mythe, du moins dans les grandes villes.

Il est difficile d’infirmer cet amer constat. Et ce n’est qu’un exemple, on peut aussi parler des gens qui se dépêchent pour arriver aux caisses (y compris les prioritaires) en voyant un « gros ventre » se trainer péniblement avec son caddie dans la même direction.

Comme le souligne ensuite Marlène Schiappa, les cafés et restaurants sont rarement amis avec les bébés. A tel point que certains refusent les poussettes. On se souvient également des scandales provoqués par la mise à la porte de mamans-clientes dans certains magasins parce qu’elles avaient osé allaiter entre les rayons, ou dans une cabine d’essayage…

Même la RATP se mets contre les poussettes avec sa campagne « avec les poussettes, faut pas pousser »:

Le message est simple : si vous désirez voyagez avec un enfant, faites le discrètement. […]Un enfant, d’accord, mais il ne faudrait surtout pas que cet enfant occupe trop d’espace ou se rende trop visible. On doit pouvoir l’oublier. Cachez ces enfants que nous ne saurions voir.

Elle fait aussi la remarque que, dans un train, les parents « bien élevés » interviendront pour atténuer la gêne occasionnée aux autres passagers (en sortant du wagon. Encore faut il pouvoir le faire, mais si on est seul(e) avec 3 enfants, ça peut devenir compliqué.) alors que « le jeune cadre dynamique » ne baissera pas le ton durant sa conversation téléphonique et tout le wagon pourra profiter de sa discussion…

Je me rapelle très bien avoir été pris à partie cet été, lors d’une visite de grotte avec des amis, mon fils dans mon dos, par une femme d’une 60aine d’année comme quoi « ça ne vous gêne pas de déranger tout un groupe?!? ». Surprise avait simplement babillé un peu fort, quelques minutes (20 au grand max et au final mais réparties en 7-8 babillages, moins selon mes amis) durant la visite qui durait… 1h45….

Je pense qu’il faut que nous nous rappelions, tous, que les enfants font partie intégrante de la société, qu’ils y ont leur place et même, qu’ils représentent l’avenir. Se rappeler également que nous avons tous été enfants, qui aimions jouer, bouger, nous interroger, plus ou moins bruyamment. Être conscient que même pour un adulte, gérer ses émotions peut être difficile, peut on alors exiger d’un enfant qu’il accepte sans broncher la frustration?

Je ne dis pas qu’on doit laisser un enfant hurler de rage, frapper, faire colères sur colères et gêner toute une salle sans rien lui dire, mais simplement qu’il faut accepter que les enfants sont tout simplement des enfants, et qu’on ne peut pas exiger de leur part qu’ils se comportent avec la maturité attendue chez des adultes.

 

Pitou_l_enfant-roi

Un super livre, que j’avais petite, et que j’espère bien mettre un jour dans la bibliothèque de Surprise.
Crédit image

Pour venir me lire dans ma tanière, c’est par là.

La Farfa