Quand j’ai lu le premier numéro du magazine PEPS (ma critique générale est ici), une phrase m’a particulièrement touchée :

Avoir des enfants est une aventure bouleversante et magnifique, mais c’est aussi notre contribution à la société.

On peut penser qu’avoir un enfant est un acte ultra-égocentrique. Ce n’est pas faux, bien entendu. On a des enfants parce qu’on en a envie et parce qu’on n’imagine pas sa vie sans eux, par exemple. Il y a des milliers de raisons d’avoir un enfant ou d’en vouloir. Mais globalement, on ne le fait pas pour « contribuer à la société ». Pourtant, c’est bien le cas. C’est vraiment très bien expliqué dans cet article  d’Hélène Keller : « Être parent n’est pas qu’une affaire privée » (PEPS n°1, octobre 2012).

Élever des enfants, ça n’est pas comme faire un stage de développement personnel. (…) Oui c’est enrichissant, mais pas seulement. C’est aussi beaucoup de travail, de responsabilités, de temps investi, de gestes accomplis gratuitement… et de vrais choix professionnels, avec des discriminations réelles, des conciliations impossibles, des arbitrages constants, et souvent un appauvrissement à la clé. (…)

Il n’est pas question ici de mettre en doute ce que nos enfants nous apportent et de recevoir un salaire pour tout ce que nous faisons pour eux mais de revendiquer « des conditions qui rendraient notre vie un peu moins difficile » :

Il ne s’agit pas [de] mettre une étiquette de prix, mais simplement de demander que les conditions soient réunies pour qu’on puisse être parents sans le payer trop cher dans les autres aspects de notre vie.

L’idée est que la société tout entière a besoin des enfants.

Les enfants dont je m’occupe ne m’appartiennent pas. Ils ne sont pas un investissement privé. Bien que leur père et moi ayons assumé seuls les choix de vie nécessaires à ce qu’ils grandissent dans les meilleures conditions possibles, nous n’allons pas en retirer des bénéfices exclusifs. D’ailleurs, ils ne sont pas des biens, mais des personnes ! Des personnes qui, par leur jeunesse, leur esprit d’entreprise, leur volonté de vivre, vont porter l’avenir de la société (et pousser nos chaises roulantes lorsque nous serons vieux et invalides)… Sans compter qu’il y a aujourd’hui des secteurs entiers qui dépendent de la jeunesse (l’éducation, pour n’en citer qu’un).

Quand toutes les charges sont sur la tête de certains, et que tous se partagent les bénéfices, il y a comme du resquillage dans l’air.

Bien sûr, on pourra objecter que la société prend à sa charge certains aspects de la vie d’un enfant, comme l’éducation (à l’école) justement. Mais il me semble utile de se poser cette question.

Aujourd’hui, on nous assène que l’enfant a pris une trop grande place, qu’il faut faire cesser son règne et que les parents doivent (re)faire preuve d’autorité. Pourtant, je ne cesse de constater des situations dans lesquelles les enfants n’ont pas leur place ou sont gênants (les transports en commun par exemple) et je trouve ça extrêmement triste. Certes, ils sont plus bruyants, ils bougent plus mais ils ont ce petit quelque chose que nous, adultes, avons souvent perdu : une énergie hors du commun, une envie d’avancer !

Je crois qu’on devrait plutôt les choyer.

Mais bien sûr, reste à trouver la bonne manière de le faire.

Clem la matriochka