J’ai été nourrie au biberon, je n’ai pas de souvenir de ma soeur de 5 ans ma cadette allaitée et j’ai grandement participé au biberonnage de mon frère 11 ans plus jeune que moi.
Avant d’être enceinte il me paraissait évident que j’allais donner le biberon, car il représentait moins de contraintes et que surtout il pouvait y avoir un partage égale de la tâche, notamment la nuit.
De la même manière que j’allais accoucher sous péridurale –pourquoi subir la douleur de l’enfantement, je donnerai le biberon –pourquoi subir les contraintes de l’allaitement ?

Et puis j’ai un peu galéré pour tomber enceinte et j’ai fait une rencontre sur Internet qui allait changer ma vision de la maternité (Hélène Douchet, et pourtant à l’époque elle ne faisait pas ce métier).

Je ne ferai jamais partie de ces pro-allaitement qui martèlent que le sein c’est mieux pour la santé du bébé, les liens d’attachement, etc.
Je trouve hyper culpabilisant les discours du type biberonner son enfant est mieux ou moins bien qu’allaiter, et vice versa.
La meilleure politique pro-allaitement est de réussir à en refaire quelque chose de normal et allant de soi.

Ce qui est ennuyeux c’est que ce choix entre le biberon et le sein a quelque chose d’irreversible (même si ça n’est pas vrai, mais ça demande généralement du temps et d’énergie et ça n’est pas l’allaitement « classique » dont je parle aujourd’hui), alors qu’on peut sans de poser la moindre question, et sans que cela soit problématique dans un sens ou dans l’autre, donner des petits pots à son bébé pendant 15 jours puis mixer des recettes maison.

Il y a une facilité de mise en oeuvre, d’organisation, de partage, que le biberon confère : toutes les 3 heures minimum, on augmente les doses progressivement, les différents conseils sur le sujet s’accordent généralement, n’importe qui peut nourrir l’enfant n’importe où et on sait toujours combien il a bu. Fastoche.
Il restera quand même à acheter le lait (et ne pas se trouver à court), laver les biberons et se trimbaler tout le matos à chaque sortie.
La plus grosse question des parents sera surement « température ambiante ou réchauffé ? ».

Evidement aucune garantie que l’enfant fasse mieux/plus tôt ses nuits (le Saint Graal de tous les parents), mais étrangement on a l’impression d’avoir mis toutes les chances de son côté.

L’allaitement a ce quelque chose de nébuleux.
A commencer par le fait qu’on entend toutes sortes de choses et que même le corps médical français est capable de se contredire éhontement voire de raconter n’importe quoi.
Je ne suis pas surprise que les classes aisées et éduquées allaitent plus leur bébé que les classes sociales inférieures* :  il faut du temps, de l’énergie, de la curiosité, une vraie volonté pour réussir son allaitement en France.

C’est dommage que le personnel médical français soit mal formé et n’assure pas correctement la mise à jour de ses connaissances.
C’est dommage que la majorité des sources d’informations sérieuses soit malheureusement culpabilisantes.
C’est dommage que des ouvrages sur l’éducation des enfants n’abordent même pas le cas de la diversification alimentaire d’un enfant allaité (comme s’il allait de soi qu’à 4 ou 6 mois de toute manière un enfant est 100% biberonné).

Il est regrettable que les mères ne soient pas mieux informées, sans jugement, et puissent faire le choix en pleine conscience.

Si ça ne tenait qu’à moi, chaque primipare devrait avoir entre les mains le livre Bien vivre l’allaitement de Madeline Allard et Annie Desrochers

L’information est comme la lumière dans les ténèbres : elle aide à trouver son chemin. Par exemple, il est très déstabilisant d’être aux prises avec un bébé de trois jours qui pleure et demande sans cesse à téter. Mais savoir que cela correspond au rythme normal du nouveau né permet de vivre plus sereinement cet événement.

Allaiter mes deux enfants tant que la situation nous convenait à chacun, c’est une mission accomplie.
Et j’en profite pour dire que oui, un bébé allaité peut faire ses nuits : mon second dormait à deux mois d’une traite de 23h à 6h et depuis ses trois mois il dort au moins de 20h à 7h.

La pratique de l’allaitement varie fortement en fonction du niveau social de mères, sur lemonde.fr

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