Enthousiasmée par ma découverte récente d’une maison verte, j’ai eu envie de venir en parler par ici. C’est en recherchant davantage de renseignements sur cette structure atypique, que je suis tombée sur un article paru dans l’express, Une maison où s’exprimer, écrit par Catherine Argaud. L’article date de 1999 mais ce qui est écrit me semble toujours d’actualité.

Pour rappel, la maison verte a pour origine une initiative de Françoise Dolto. Il s’agit d’un lieu d’accueil anonyme, gratuit (la participation est libre) et sans contrainte administrative. Les parents (ou assistantes maternelles ou encore grands-parents) restent avec leur enfant et peuvent ainsi discuter avec les autres parents mais aussi avec les membres de l’équipe, composée de personnes travaillant dans le domaine de l’enfance, par ailleurs.  Comme je l’ai écrit, sur mon blog, j’ai beaucoup apprécié le principe mais je me suis interrogée sur le rôle des membres de l’équipe. C’est pourquoi l’article de Catherine Argaud m’a intéressé.

En effet, celle-ci, tout en rappelant le fonctionnement de la maison, mentionne le rôle de l’équipe présente. « Nous ne sommes pas dans un temple de la psychanalyse, encore moins dans un lieu de consultation. Nous ne demandons rien aux parents, explique Michel Malandrin. »  Pas un temple de la psychanalyse, cela est sur. Lorsqu’on entre dans la maison verte, il est nullement question de lectures, de psychanalyses ou autres intellectualisation de la relation parent/enfant. Lieu de consultation, on aurait bien du mal à l’imaginer dans le brouhaha général. Mais c’est pourtant ce brouhaha qui permet, selon Catherine Argaud, à certains parents de parler. Le public présent, l’anonymat favorisent la parole. Dans ce contexte, des parents rassurés, et de façon presque anodine, si on en croit le récit fait par l’auteur, dialoguent avec un « accueillant » pour évoquer une situation. Mais ces rapports sont rares comme le souligne Michel Malandrin, « Chaque après-midi, nous recevons jusqu’à cinquante enfants et presque autant d’adultes. Cinq, six ou sept mères à chaque fois manifestent le besoin de parler. »

Parfois, c’est la proximité de d’autres parents qui permet de délier les langues. C’est très certainement ce que j’ai le plus vu, pour ma part. Les parents parlent entre eux de leur situation professionnelle, des difficultés à trouver un mode de garde. Parfois des questions éducatives peuvent surgir, alors d’après Catherine Argaud, l’intervention des accueillants va permettre de « dénouer délicatement des situations d’enfermement qui ne nécessitent pas de consultation pédopsychiatrique ou médicale. »

Ce qui permet à tout ce dispositif de fonctionner c’est très certainement l’impression de tolérance et de simplicité qu’on éprouve rapidement après avoir franchi la porte. Les accueillants ne jugent pas et personne n’a de compte à rendre. Les parents ou autres accompagnants viennent de tous milieux. Certains viennent du quartier, d’autres de beaucoup plus loin. Tous vivent des situations différentes mais se côtoient dans ce lieu qui se veut neutre.

Un autre point essentiel réside dans l’accueil de l’enfant en tant que sujet. « Bonjour, comment tu t’appelles? » A La Maison Verte, l’enfant est un sujet. Qu’il parle ou non, qu’il ait huit mois ou trois ans, il est accueilli, nommé, reconnu. » Cela est bien vrai. A chacune de nos arrivées dans la maison verte, minicap est accueillie en première, on lui demande son prénom. Et c’est peut-être aussi cela l’intérêt de tout le travail de Françoise Dolto, avoir fait de l’enfant un sujet à part entière. Comme le souligne Catherine Argaud, elle a considérablement influencé les lieux d’accueil de la petite enfance, depuis les années 70.

Une fois de plus, je conseille à chacun et chacune de se renseigner pour savoir s’il existe près de chez eux une maison, dans la lignée de la maison verte. Car, cette dernière qui se trouve dans Paris, a fait de nombreux bébés, à travers le monde. Chaque maison étant unique, à sa façon.

HomeSweetMome