Quand j’étais enfant/ado, à chaque rentrée, j’écoutais ma mère (au foyer) dire sa joie à l’approche de la rentrée scolaire, quand elle retrouverait ses journées et son espace vital.

Non, je ne m’en offusquais pas, je prenais plutôt ça pour une pose de sa part, presque un moyen de masquer sa tristesse de ne plus nous voir autant (on ne rigole pas : j’étais pleine d’illusions). Mon explication la plus sobre à l’époque, c’est que c’était son petit rituel de la fin du mois d’août.

Ah ah ah. Laissez-moi me gausser. Ah ah.

La connaissance (le neurone) vient avec la parentalité, car à présent je sais. I-know. En fait, elle était vraiment soulagée ! (Garce !)

Crèche, je t’aime d’amour.

Reviens, chérie, l’heure du terrible two a sonné, et je n’y survivrai pas sans toi…

(Mère Bordel, 12 jours avant la rentrée. Mère Bordel, sache que j’ai été avec toi tous ces terribles jours. Tous-ces-terribles-jours. All-this-horrific-days, I was with you.)

C’est en général vers la fin des vacances que je repense à ce passage du « Conflit » (de Élisabeth Badinter). Dans son premier chapitre explorant les ambivalences de la maternité, E.B présente une expérience menée par une chroniqueuse du Chicago Sun-Times. La chroniqueuse demanda à ses lecteurs de lui dire (anonymement) s’ils referaient le choix d’avoir des enfants aujourd’hui, en sachant tout ce qu’ils ont vécu. Elle reçut des milliers de lettres, majoritairement négatives. Même si aucun pourcentage fiable ne peut être tiré de cette « expérience », elle démontre qu’une fois la parole libérée, la parentalité n’est pas un chemin de marshmallows et de loukoum à la rose.

Force est de constater que la maternité reste la grande inconnue. Ce choix de vie qui induit un changement radical des priorités tient du pari. Les unes y trouvent un bonheur et un bénéfice identitaire irremplaçables. D’autres parviennent tant bien que mal à concilier des exigences contradictoires. D’autres enfin n’avoueront jamais qu’elles n’y parviennent pas et que leur expérience maternelle est un échec. En effet, rien n’est plus indicible dans notre société que cet aveu.

(Élisabeth Badinter, Le Conflit)

C’est souvent vers la fin des vacances que je pense aux childfree (différents des dénatalistes en ceci qu’ils militent pour leur droit à ne pas avoir d’enfants, mais pas pour imposer cette vision aux autres).

Car si on reste dans la logique pure, n’y a-t-il pas de choix plus réversible que celui de ne pas vouloir d’enfants ?

A contrario, n’y-a-t-il pas de décision plus irréversible que celle d’avoir un enfant ?

Le non-parent peut changer d’avis. Le parent plus jamais. (Je me suis renseignée : toutes les solutions destinés à annuler cette décision sont illégales après 12 semaines de grossesse. Rapporté aux 18 ans minimum d’implication que cela engendre, c’est faible)

Et finalement, si les fous, ce n’était pas nous, les parents ??

La Tellectuelle