What to expect when you are expecting – A quoi s’attendre quand on attend un enfant – est un guide américain sur la grossesse – un peu comme notre Laurence Pernoud nationale, et un énorme bestseller (maintenant c’est aussi une comédie romantique avec Cameron Diaz et Jennifer Lopez).
Mais le livre de Zoe Williams s’intitule What NOT to expect when you are expecting. Et pour cause, c’est une sorte d’anti-guide de la grossesse, un livre qui décortique tous ces précieux conseils donnés dans les guides et bien souvent, les démonte… Zoe Williams est chroniqueuse au journal The Guardian, se définit comme une féministe de la 3ème vague et est maman de deux enfants.
J’ai un peu hésité à en parler ici, parce qu’il va complètement à rebrousse-poil de ce qui s’y dit habituellement. Par exemple, c’est l’opposé du livre de Blandine Poitel que j’ai commenté il y a deux semaines, dans la forme aussi bien que dans le fond! Mais finalement je me lance, j’espère qu’on ne va pas me jeter trop de tomates!
Une précision contextuelle : L’auteur est anglaise et en Angleterre, la norme est différente. Alors qu’en France, le taux de péridurale frôle les 90% dans certaines maternités (un gage de qualité puisque de disponibilité des anesthésistes selon Doctissimo), il avoisine les 20% en Angleterre selon les dernières données que j’ai trouvées en ligne (qui datent quand même de 2006). Le taux d’allaitement est sensiblement plus élevé qu’en France, 81% au sortir de la maternité en 2010, contre 60% en France en 2010.
Sur la forme, dans le cas du Blandine Poitel, pour moi la lecture a été accompagnée d’une boule au ventre, et pour certains passages – oui je parle de celui de l’épisiotomie et non je ne m’en suis toujours pas remise -, j’ai envisagé de ficher le livre au congélo quelques jours tellement il faisait peur. Le livre de Zoe Williams, c’est Bridget Jones au pays de la maternité (d’ailleurs, rien à voir mais saviez-vous que Bridget avait eu un bébé?). Des informations creusées mais toujours ponctuées du récit de ses grossesses, avec beaucoup d’humour et l’autodérision qui fait le charme des Anglais. Et un mépris assez total pour le politiquement correct…
Le livre parle entre autres de l’interdiction totale de boire pendant la grossesse, des recommandations aux femmes enceintes en matière d’alimentation (des nombreuses interdictions alimentaires à la chasse aux kilos superflus), de l’alimentation des enfants, de leur sommeil et de leur emploi du temps quotidien… Comme je ne peux pas citer tout le livre et tous les sujets, je me suis fait un plaisir de vous sélectionner les deux chapitres les plus polémiques!
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The Fog of Birth – Why labour is no big deal (especially when you’re inconsious) : Le Brouillard de la Naissance – L’accouchement, pas de quoi en faire un foin (surtout quand vous êtes inconsciente).
Zoe Williams a deux enfants. Le premier est né par voie basse sans péridurale, après qu’elle ait passé beaucoup de temps dans une piscine de naissance. Le second est né par césarienne après des heures de contractions, une péridurale, et une mauvaise position du bébé. Voici un extrait de ce qu’elle dit sur la péridurale:
Theoretically, you get to the phase of transition and feel a range of emotions. (…) There are only 2 things that make it remarkable – first that it is so bad, and second, that anybody would expect anybody else to endure something so bad without anaesthesia.
All the way through classes, you say, “So, this epidural then. How does it work? Why doesn’t everyone have one?” I was told one of those things: a midwife said. “It can leave you paralysed, but that’s quite rare – I think it’s only one in 25,000” (…) I am going to quote from Anaesthesia UK, an educational site for anaesthesia professionals: “Permanent paralysis resulting from epidural anaesthesia during labour is so rare that clear figures on its incidence are not available. A recent review of 500,000 cases performed in the UK did not reveal a single case (…)
One is often told that it lengthen labour, without being told that a) 36 minutes of pain is longer by an almost infinite margin than 36 hours not in pain, b) that the average lengthening of labour is 22 minutes, and c) that the figures are opaque, long labours tending to exhaust women and make them more likely to ask for an epidural (…)
I went to a lecture by an anaesthetist at St Tommy’s, and said “If there is no medical downside, why doesn’t everybody just ask for an epidural as soon as they get in?” and she replied “ I suppose that’s why you go private. It’s just for the money, in other words.
Traduction libre: En théorie, on arrive à la phase de transition [NB: Ce que nous appelons nous la « phase de désespérance »] et l’on ressent différentes émotions. (…) Il y a en fait 2 choses qui la rendent remarquable – La première, c’est à quel point ça fait mal, et la seconde, c’est que l’on puisse attendre de quelqu’un qu’il supporte une douleur si forte sans anesthésie.
Pendant les classes [de préparation à l’accouchement], vous posez des questions: « Alors, cette péridurale, comment ça marche? Pourquoi est-ce que tout le monde n’accouche pas sous péridurale? » Une sage-femme m’a répondu: « elle peut entrainer une paralysie, mais c’est rare – je pense que c’est seulement un cas sur 25,000 » (…) Je vais citer de Anaesthesia UK – un site informatif pour des professionnels de l’anesthésie: « La paralysie résultant de l’anesthésie péridurale pendant le travail est si rare qu’aucun chiffre sur son incidence n’est disponible. Une revue récente de 500,000 cas effectuée au Royaume-Uni n’a pas révélé un seul cas » (…)
On entend souvent que la péridurale peut avoir pour effet de prolonger le travail, mais on oublie de dire a) que 36 minutes de douleur sont plus longues que 36 heures sans douleur, b) qu’en moyenne, l’allongement du travail est de 22 minutes et c) que les chiffres sont biaisés, parce qu’un accouchement long et pénible tend à épuiser les femmes et a plus de chances de les conduire à demander une péridurale (…)
Je suis allé à une conférence donnée par une anesthésiste à St. Tommy [St Thomas Hospital, Londres] et j’ai demandé: « S’il n’y a aucun inconvénient médical, pourquoi est-ce que tout le monde ne bénéficie pas une péridurale à leur arrivée à l’hôpital? » Et elle a répondu « je suppose que c’est pour cette raison que l’on choisit d’aller dans des cliniques privées ». Autrement dit, c’est uniquement une question d’argent.
D’après mon expérience, l’approche en Angleterre consiste en effet à systématiquement diaboliser la péridurale. Et dans ce but, ses inconvénients sont très exagérés dans les cours de préparation à l’accouchement. J’irais même plus loin (et là je n’engage que moi et ma parano perso), je suspecterais presque que dans les hôpitaux, la péridurale soit volontairement surdosée pour en accentuer les effets secondaires (l’immobilité / la dépendance / l’absence de sensations) dans un but dissuasif… Je ne peux pas croire que Miliochka raconte une péridurale « de rêve » ici, et qu’en Angleterre, on ne sache pas faire de péridurale « light »? Pourtant, elle n’est proposée dans aucun hôpital public.
Etrangement, ce sont les mêmes reproches qui sont fait à la médecine anglaise et à la médecine française, avec pourtant un résultat opposé: en France, par souci d’économie, on inciterait les femmes à accoucher sous péridurale, parce qu’une femme sous péridurale n’a pas besoin de la présence continue d’une sage-femme. En Angleterre, on serait réticent à proposer une péridurale parce que cela implique, outre le coût des médicaments, la présence d’un anesthésiste (je pense que les tarifs des médecins sont beaucoup plus élevés en Angleterre), et une surveillance supplémentaire. Donc un coût supplémentaire.
Dans les deux cas, des enjeux financiers placés avant les intérêts des mères et de leurs bébés, des arguments battis non sur « l’evidenced based medecine » mais en fonction de la cause à défendre!
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Is breast best? Or is it all just milk? – Le sein c’est mieux? Ou tout ça c’est juste du lait?
Zoe Williams a allaité ses deux enfants jusqu’à 6 mois. Et pourtant, elle avoue n’avoir aucune sympathie pour les « lactivistes »:
… I read an article in the Atlantic magazine (www.theatlantic.com/doc/200904/case-against-breastfeeding) which, looking back, I think marked the beginning of the breastfeeding backlash.
The point is, if it works, it’s great. If it works, it’s the best thing on earth. But for plenty of people, and I mean loads, I mean at least half of everybody I know who’s ever had a child, it does not work that well (…). I am not saying these problems are insurmountable, rather that however timeless and bountiful the activity is, there is a vast assortment of things, medieval and modern, that can go wrong with it, and generally speaking, they are not the mother’s fault. So if, as a matter of policy, you’re going to persists with orthodoxy that breastfeeding is the only acceptable option, that even a small amount of formula mix’n’match will destroy the protective qualities of breast milk, then you need to have a bloody good case.
In fact, the case of breastfeeding is not that strong (…) To be brief, it is emerging that breastfeeding definitely protects babies against gastric bugs, but only to the tune of four babies in 100 getting one less bout of a bug, over the period that they’re breastfed. Since you can’t tell the difference, at this age, between diarrhoea and a normal poo anyway, this does not seem like a claim you’d want to stake your reputation on. (…)
But for all the rest, the evidence is much milder: the statistic showing less asthma, less eczema, less obesity, fewer ear infections: These haven’t been adjusted for social class and environment. It boils down to : “Middle class babies do better; middle class babies tend to be breastfed.” Babies, in this respect, have something in common with the rest of humanity, in that the more affluent they are, the better their general health.
Traduction libre: … J’ai lu un article dans Atlantic magazine (www.theatlantic.com/doc/200904/case-against-breastfeeding) qui, quand j’y pense, a probablement marqué le début du rebond anti-allaitement.
Le fait est que si ça marche, c’est super. Si ça marche, c’est la meilleure chose au monde. Mais pour beaucoup de gens, je veux dire des tas de gens, je veux dire au moins la moitié des gens que je connais qui ont eu des enfants, ça ne marche pas si bien que ça (…). Je ne dis pas que ces problèmes sont insurmontables, mais plutôt que peu importe à quel point allaiter peut être satisfaisant et gratifiant, une foule d’obstacles peuvent survenir, et en général, ces obstacles ne sont pas de la faute de la mère. Donc si l’on veut maintenir que malgré tout, l’allaitement est le seul choix acceptable, et que même un peu de lait maternisé par ci par là peut compromettre les bienfaits du lait maternel, on a intérêt à monter un sacré bon dossier en faveur de l’allaitement.
Or, le dossier de l’allaitement n’est pas si bon que ça (…) en bref, il apparaît clairement qu’allaiter protège les bébés des infections digestives, mais seulement dans la proportion de 4% de bébés ayant eu un épisode de moins d’infections digestives au cours de leur allaitement. A partir du moment où à cet âge-là, on ne fait pas bien la différence entre une diarrhée et un caca normal de toute façon, cela ne semble pas vraiment un bénéfice sur lequel on peut fonder toute sa légitimité (…)
…Mais pour tout le reste, les preuves sont beaucoup plus fragiles: moins d’asthme, moins d’eczéma, moins d’obésité, moins d’infections ORL : Les résultats n’ont pas étés ajustés selon le niveau économique et social ou l’environnement. On peut le résumer ainsi: « les bébés de classe moyenne se portent mieux; les bébés de classe moyenne sont souvent allaités. » Les bébés, à cet égard, ont ceci en commun avec le reste de l’humanité: plus ils sont riches, meilleur est leur état de santé.
L’auteur remonte le fil des recommandations du NHS en matière d’allaitement (6 mois d’allaitement exclusif, 2 ans en tout): Elles sont basées sur 22 études récentes de l’OMS, 11 dans effectuées dans les pays développés, 11 dans des pays en voie de développement. Et Zoe Williams arrive à la conclusion qu’en réalité, le seul bénéfice réel et avéré de l’allaitement, est d’être une forme de contraception pour les populations qui n’y ont pas accès, donc un moyen pour l’OMS de contrôler la démographie!
Alors, attention, je tiens à la citer également sur ce qu’elle a ressenti pour son allaitement:
.…it is so brilliant when it works that I would have breastfed even if it had made the babies’ IQ go down – c’est tellement génial quand ça marche que j’aurais allaité même si l’allaitement entrainait une baisse de QI chez les bébé.
Il ne s’agit pas de contester le choix d’allaiter, et il n’est pas question ici de brandir les traditionnels arguments féministes qui consistent à dire que l’allaitement est une forme d’aliénation des femmes. Mais il s’agit de dénoncer la véritable propagande sur les bienfaits de l’allaitement, qui semble ne pas reposer sur « l’evidenced based medecine ». Un passage qui m’a fait rire: La journaliste compare les lobbies lactivistes au lobbies pro-tabac – et constate que ces derniers ne sont pas aussi puissants, puisqu’on ne peut plus fumer dans les bars mais qu’on peut maintenant y allaiter son bébé: paradoxe vu qu’un bonne clope va beaucoup mieux avec un verre de vin qu’un nourrisson qui vous contraint à vous limiter à un bien triste jus de papaye. Elle dit avoir appelé un grand restaurant londonien et demandé s’il était possible d’allaiter dans leur établissement. On lui aurait répondu: Mais bien entendu Madame. En revanche nous n’admettons pas les bébés.
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Voilà, tout comme pour le livre de Blandine Poitel, je n’ai pas vérifié les conclusions de toutes les études citées, et je pense qu’il faut prendre avec des pincettes toute conclusion tranchée: conclure que l’allaitement n’a aucun bienfait avéré mis à part être un contraceptif, ou que la péridurale c’est la panacée, cela me semble excessif. Mais en Angleterre, accoucher sans péridurale est la norme, et l’allaitement est quasi obligatoire – Et donc retour de bâton: On est une mauvaise mère si l’on souhaite une péridurale et on est une empoisonneuse si l’on ne souhaite pas allaiter! Alors autant en France, les ouvrages tels que ceux de Blandine Poitel sont nécessaires, autant en Angleterre, il me semble que celui de Zoe Williams est au moins aussi important. Et cerise sur le fish’n’chip, j’ai trouvé ce livre très décomplexant, et surtout, j’ai passé un bon moment et j’ai bien ri!
Drenka
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* Re-Edition de 2012, première édition en 2010 sous le titre Bring It On, Baby: How to have a dudelike pregnancy
À moi elle me plait bien cette Zoe Williams !! Elle a le mérite, comme B. Poitel, de mettre un bon coup de pied dans la fourmillière. Après, la fourmillière n’est pas la même partout !! Elle semble aussi déculpabiliser les femmes et ne faire aucun prosélytisme, et ça, ce n’est pas si fréquent quand on parle péridurale et/ou allaitement… Enfin, elle t’a fait rire, et ça, B. Poitel en était très loin !! Merci Drenka de nous avoit fait découvrir cette Zoe Williams !
Ca c’est sûr que y a beaucoup d’Ayatollah dans ces domaines, donc quand un propos semble un tant soit peu mesuré, ça fait plaisir…
Son livre a surtout l’air autobiographique, comme je pourrais faire le bilan de mes 3 grossesses / allaitements.
Personnellement, j’ai accouché dans une clinique privée à chaque fois et j’étais bien contente de ne pas devoir débourser 150€ pour la péridurale en m’en passant (facilement). Pourtant, je n’avais pas de soucis d’argent. Quand je vois combien est payé l’obstétricien pour juste sortir le bébé… alors que pour mon 3ème accouchement, il n’était même pas là pour le sortir et a été payé tout de même (cf mon billet neuronal du jour).
Pour l’allaitement et ses bienfaits, j’ai allaité mes enfants 6, 8 et 10 mois, malgré quelques difficultés pour le dernier et pourtant, basé sur mes 3 expériences, je ne peux conclure à ses bienfaits … Mon aîné a eu de nombreux soucis ORL jusqu’à ses 4 ans!
Et quand je regarde autour de moi, les enfants allaités ne sont pas plus épargnés que les autres en maladie ORL.
Allaiter était avant tout pratique et économique pour moi. J’ai aimé ça mais je comprends les choix de toutes les mamans qu’elles allaitent ou non. Les discours pro-allaitement finissent souvent par être saoulant et culpabilisant.
On peut vouloir aider, juste conseiller sans forcer ou culpabiliser.
Bref j’aime quand les livres sont déculpabilisant sans non plus raconter des énormités!
En Angleterre le clivage public/ privé est plus important je pense.
Il y a d’un côté le NHS, où TOUT est gratuit, on ne sort même pas le porte-monnaie. Mais du coup, ce qui est pris en charge par le NHS est limité. Par exemple, pour la PMA (bon je parle de ce que je connais!), avec le NHS on peut avoir 3 essais d’insémination, 1 essai de FIV (sans TEC), seulement pour les couples sans enfant (en France, 6 inséminations, 4 FIV + TEC, et le compteur est remis à zero à chaque enfant – mais on doit faire l’avance je crois?). Les délais pour voir un spécialiste sont souvent très longs. Sinon, il faut aller dans le privé.
Et dans le privé, TOUT est exorbitant! Une consultation avec un généraliste, £90 (j’ai testé pour une urgence avant d’être inscrite avec le NHS). Une consultation avec un spécialiste, £250 (testé pour la PMA pour tentative bébé 2 et un neurologue pour mon chéri, parce que le délai en passant par le NHS était de 6 mois et qu’on était trop stressés pour attendre – il avait eu une crise de convulsions). Pour un accouchement, l’hôpital chez qui je m’étais renseignée avait un tarif d’à peu près £9,000.
Parfois on a une mutuelle avec le boulot, mais les mutuelles ne couvrent jamais les prestations maternité, encore moins la PMA. Donc à moins d’être footballeur (ou d’avoir le statut d’expat avec une couverture maternité), bin tu restes dans le public quoi…
Sinon tu as raison, la part autobiographique est beaucoup plus importante que dans le Blandine Poitel, je trouve que ça le rend plus accessible (mon pti côté voyeur!!).
J’ai accouché en Angleterre l’année dernière, et ça me fait bien plaisir de découvrir ce que dit cette Zoe Williams !
Personnellement, j’ai eu droit à une péridurale (qu’on m’a proposé cependant, car j’ai été déclenchée et apparemment c’est un des cas où ils la proposent systématiquement – et oui, dans ce cas, la sage-femme est sensée rester en permanence dans la salle !), puis césarienne puis échec de l’allaitement. Et en effet, il est très culpabilisant d’entendre ce genre de discours – « breast is best », péridurale = plus long travail = plus de chance de finir en césarienne… Résultat j’ai mis beaucoup, beaucoup de temps à m’en remettre (hum, m’en suis-je vraiment remise ? je crois que j’ai toujours honte d’avouer que non, mon fils n’a pas été allaité, et que oui, j’ai été faible en ayant eu une péridurale) : je m’en suis donc beaucoup voulu d’avoir eu besoin de la péridurale, j’ai mis la césarienne sur le compte de la péridurale et l’échec de l’allaitement sur le compte de la césarienne, ça a tourné en boucle dans ma tête pendant des mois et des mois !
Alors oui ça fait du bien de lire un discours différent, j’aurais dû lire ce livre plus tôt je crois !
Sinon par rapport à l’allaitement, ce qui m’avait fait du bien aussi c’est le discours de Philippe Grandsenne (dans « Bébé dis-moi qui tu es », et lorsqu’il était passé aux Maternelles) : oui donner le sein est une question de survie dans certains pays en voie de développement, mais aujourd’hui, en France, on ne vit plus au fond d’une grotte donc il n’y a aucune différence entre un bébé nourri au sein ou au biberon…
A priori non, la péridurale ne semble pas avoir pour effet d’augmenter les chances de césarienne – Blandine Poitel dit le contraire mais au moins une étude ultérieure à son livre dit que non. Dans tous les cas, moi j’ai arrêté de me mettre la rate au cours bouillon pour avoir demandé (ou plutôt supplié!) une péridurale … Je ne m’attendais vraiment pas à ce que ce soit si affreux, et je pense sincèrement que dans un autre siècle j’en serais peut-être morte, donc bon. Je vois vraiment pas en quoi, dans les cas où c’est à ce point insupportable, ça peut être bon pour quoi que ce soit! Et donc pas de culpabilisage!
Quant à l’allaitement, personnellement je n’ai pas DU TOUT une bonne expérience non plus avec les conseillères en lactation et les sages-femmes de l’hôpital sur ce plan (j’étais en pleine crise de parano post partum mais je suis convaincue qu’elles ne sont pas passées loin de tuer mon fils « pour ne pas compromettre l’allaitement » – Déjà une sonde gastrique au lieu d’un bib pour cette raison, sur le coup je me suis exécutée mais avec le recul j’ai toujours envie de les baffer!), et même si j’ai pu allaiter (à tel point que 2 ans plus tard je n’arrive toujours pas à me dépetrer de cet allaitement), franchement ce genre de discours culpabilisant m’exaspère. Et quand tu soulignes que c’est culpabilisant, on te répond immédiatement PAS DU TOUT C’EST JUSTE LA VERITE. Donc c’est bon d’entendre un autre son de cloche!
C’est quoi cette histoire dingue de sonde gastrique????
Bin les débuts de mon allaitement, je te dis que c’était sport!
Déjà, le bébé n’était probablement prêt à naitre, j’ai rompu ma poche des eaux en faisant des folies de mon corps… Ahem. Donc bébé un poil en avance (3 semaines), accouchement très long et très pénible, injection de morphine après des heures de contractions, puis peridurale hypersurdosée… Il était pas vaillant, à la limite de la léthargie. Donc il ne prenait pas le sein.
A 48 heures de vie, on commence à s’en inquiéter. Fallait comprendre ce bébé, je n’avais pas eu de montée de lait donc tous ces efforts pour une goute de collostrum… On était en juillet, il devait faire 35 degrés dans le dortoir de la mater, et toutes les deux heures on lui piquait puis on lui pressait le pied pour verifier s’il n’avait pas un ictère (son pauvre pied c’était du steak haché – comment j’ai du prendre sur moi pour pas les attaquer physiquement!!). En plus, on avait peur qu’il ait une infection parce que je suis porteuse de Steptocoques B et qu’il est né plus de 24h après la rupture de la poche des eaux… Bref, il fallait le nourrir. Mais on nous a interdit le biberon qui allait compromettre l’allaitement, et comme je ne suis pas arrivée à le faire boire à la tasse, il a eu droit à un tuyau dans le nez le pauvre…
L’histoire ne s’arrête même pas là… parce que le protocole de nourrissage, c’était que pour « le motiver à aller au sein », on lui donnerait le quart de la dose. Pendant ce temps (jour 4) , moi, je n’avais toujours pas de lait. J’ai donc demandé si on pouvait me prêter un tire-lait pour essayer de déclencher tout ça. La conseillère en lactation qui ne connaissait rien à la machine a réglé sur aspiration maximum: Ca a tiré tellement fort que c’est du sang qui m’est sorti des seins! Et là contre information suivante: Cette cruche m’a dit que tant qu’il y avait du sang dans le lait, c’était dangereux de le donner au bébé – j’ai vu par la suite que la LLL dit que ça n’a aucune importance… Bref.
Vient la nuit, on me réveille et on m’annonce que les résultats de la dernière prise de sang ne sont pas bons: On va emmener mon fils à l’unité néo-nat, et lui faire une transfusion totale parce que vu son état de déshydratation, on craint un AVC!!
PUREE, j’ai appelé mon mari qui est arrivé en 10mn: LES GARS, s’il est deshydraté au point de faire un AVC, c’est parce que vous l’affamez et que vous lui refusez un bib!! A ce stade compromettre l’allaitement je m’en tamponne GRAVE quoi…
Donc on lui a donné un bib, et genre il a bu 4 fois la dose le loulou, et en 12h tout est rentré dans l’ordre…
Si jamais j’avais laissé faire en toute confiance, t’imagines la torture?? Une transfusion totale?? Pour pas compromettre l’allaitement????
RhAAAA j’en ai encore la rage!
C’est hallucinant!!!! Que oui je comprends ta rage!!!! De mon point de vue allaitement maternel et accouchement physio sont mes manières à moi d’appliquer à ma vie un principe de modération, du bon sens quoi… en gros une façon de dire « a priori moins on perturbe moins on a de raison de déséquilibrer un processus qui, à la base, est censé bien fonctionner »… ceci sous réserve qu’il fonctionne bien entendu!! D’où le fait que je me sente assez proche de ce que dit l’auteur du livre que tu cites: compte tenu des allaitements faciles que j’ai connu, faire autrement aurait juste été un non sens (idem pour les accouchements d’ailleurs). Dans ce que tu décris, on a l’impression d’assister à un mélange entre volonté de respecter un soit disant processus naturel mais de manière hyper interventionniste (au sens médical du terme…) ça me laisse pantoise…. Après, je ne suis pas spécialiste en lactation ni rien mais il y a des trucs qui, je pense, aurait pu t’être proposés… je pense au DAL par exemple (dispositif d’aide à l’allaitement) où ton fils aurait pu être mis au sein tout en prenant du lait artificiel ce qui aurait à la fois stimulé ta lactation, évité la déshydratation grave dont tu parles et ce, de manière non traumatique. Idem pour l’histoire de l’ictère, je n’y connais rien mais je sais qu’ici, ils utilisent un moyen non invasif pour mesurer le taux de bilirubine (un espèce de flash rouge (Avec Mr D on l’appelle le flashouilleur) probablement une méthode basée sur l’analyse du spectre d’absorption…).
Ce qui me gêne dans cette façon de voir l’allaitement maternel, c’est qu’il semble à lui seul plus important que la santé (incluant aussi le confort) de la maman et du bébé… sauf qu’un allaitement n’est pas une entité abstraite, et n’a pas de sens en dehors d’une relation mère-enfant…D’où à mon sens, une perte totale du sens des priorités… Mais encore une fois, ce n’est que mon point de vue…
Merci beaucoup Drenka pour cette contribution!!! Moi je suis bien contente que tu nous l’ai pondu… manquerait plus que ça qu’il existe un politiquement correct chez les neurones!!! ;)
Ton article me conforte tout à fait dans ma conviction que ce qui nous manque le plus à toutes, française comme anglaises, privées de péri ou contraintes à la péri, c’est la possibilité du choix et du choix le plus éclairé possible (j’entends pas là, avec arguments à charge et décharge!) dans un contexte le plus bienveillant possible bien sûr!! Tandis que nous souffrons également toutes d’un rapport écrasant à la norme, qui nous tient par la crainte de mal faire et la culpabilité…
Pour moi, et ce point de vue n’engage que moi, la nécessité de maintenir, de promouvoir et de consolider chez les jeunes parents le sentiment de compétence est de loin plus important que la question de savoir de quelle façon leur enfant a été mis au monde ou nourri…
On en revient ENCORE et TOUJOURS à la norme, c’est sûr!
Comme MiniMum j’ai accouché en Angleterre l’an dernier. Et j’étais un peu parano à cause du nombre de copines qui ont accouché naturellement – et à qui on a pas vraiment proposé la péridurale – que j’y étais préparée (enfin je pensais). Moi après 15 heures de travail, j’étais épuisée et déshydratée et on m’a monté dans l’unité médicale (j’étais dans le centre sage-femme où vont la plupart des femmes à grossesse simple à la NHS) et ben j’ai eut une péridurale light : le bonheur ! Mais bon ça me parait assez proche de mon expérience perso : je vais aller l’acheter ce bouquin ;)
Ca m’interesse!! C’est quel hôpital? Moi je suis dans North London et aucun des 3 hôpitaux que j’avais regardés (UCLH où j’ai accouché, Homerton où je serais pas allée même si on me payait, et Whittington) aucun ne semblait proposer de péridurale ambulatoire ou autodosée! Seulement une péridurale avec monitoring et sonde urinaire avec laquelle il est très difficile de bouger (même si à UCLH ils appellent ça « mobile epidural », j’imagine que c’est par opposition à la Rachi-anaesthesie – testée aussi pour les forceps, horr-rible! – qui paralyse les jambes?).
Ah bon? Aie… je suis allee a Queen Charlotte’s & Chelsea Hospital http://www.imperial.nhs.uk/qcch. J’avais la chance d’habiter dans le bon coin pour pouvoir y etre referree par la NHS (Je me mefiais pas mal vu l’experience de certaines copines et je dois avouee que je pense avoir ete putoto bien suivie). bisous
Bin il a l’air bien! Moi j’y suis allée pour ma FIV et j’en garde un très bon souvenir – mais bon un pwal loin de ma maison quand même!
merci pour l’article
est-ce quelqu’un a vérifié les chiffres qu’elle avance? Ca me semble light quand même
pour ma part je trouve que la péridurale est surtout associée aux conditions dans lesquelles les femmes accouchent, qui ne sont pas tout à fait idéales ni bienveillantes. Après, je ne nie pas du tout qu’il y a des accouchements pour lesquels c’est complètement nécessaire, mais en France on a souvent l’impression que la péridurale évite de se poser les bonnes questions dans les hopitaux.
Non, comme pour le Blandine Poitel je n’ai pas vérifié les chiffres ni les études sur lesquels ils s’appuient, je n’ai pas de formation scientifique donc je ne suis pas sûre d’en être capable!
Ce sont des chiffres qui à mon sens sont criticables, notamment parce qu’ils sont tirés d’un site informatif à destination d’anesthésistes donc peut-être y a-t-il un conflit d’intérêt? Par ailleurs il est tout à fait possible que l’information soit orientée parce que dans toutes les études que j’ai pu voir (et sur un document de synthèse qu’on peut lire sur le site cité par ZW: http://www.anaesthesiauk.com/documents/analgesiaforlabour.pdf), on parle des risques plus élevés d’avoir recours aux forceps ou à la ventouse (donc à l’épisio) mais elle ne le mentionne pas.
Son point de vue consiste principalement à dire qu’il est difficile d’imputer entièrement les prétendus risques à la péridurale, parce que la péridurale a plus de chance d’être demandée pour des accouchements difficiles, ce qui brouille les chiffres.
Il est certain que le contexte est complètement différent de celui qui existe en France – pour autant les conditions d’accouchement ne sont pas forcément beaucoup plus bienveillantes!
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