Ce dont j’ai envie de parler aujourd’hui me paraît un peu « accessoire » par rapport aux thématiques abordées généralement ici, mais il se trouve qu’il m’a récemment mobilisée et que j’avais envie de faire part de ma vision des choses sur cet aspect de la législation…

Il s’agit de la sécurité de nos enfants, et plus particulièrement en été, autour des piscines domestiques. Mes parents et mes beaux-parents ont tous deux des piscines à leur domicile et cet été, l’âge de Pti Tonique avançant, il a été question des mesures de protection à prendre, à savoir installer un dispositif de sécurité dans ou autour de la piscine. Parallèlement, je suis tombée sur un encart dans le Que Choisir du mois de juin 2012, disant ceci (sachant qu’ils avaient déjà fait part d’un avis similaire en 2009) :

Sécurité des piscines – aucun effet visible

La France compte environ un million de piscines familiales enterrées. La loi Raffarin de 2003 a imposé des dispositifs de sécurité à partir de 2006. A 1000€ l’alarme et 2000€ la barrière, l’addition nationale varie entre un et deux milliards d’euros… pour un nombre de vies sauvées sans doute nul ! Chiffres de l’Institut national de veille sanitaire pour les moins de 6 ans : 25 décès en 2003 (année de la canicule), 12 en 2004, 10 en 2005, 12 en 2006, pas d’enquête en 2007 et 2008 et 19 décès en 2009… Si les dispositifs de sécurité ont un impact, il est invisible. « Cette loi a été adoptée car l’épouse d’un membre du gouvernement Raffarin venait d’être touchée par une noyade d’enfant dans son entourage, note un responsable du Centre Scientifique et Technique du bâtiment. C’est l’exemple type de la loi compassionnelle dont on mesure le rapport coût/efficacité a posteriori ».

Déjà, pourquoi se contenter d’un décompte des noyades des moins de 6 ans ? Une triste actualité récente prouve bien que les noyades ne concernent pas que les enfants jeunes ou sachant nager (et tous les enfants de plus de 6 ans ne savent pas forcément nager).

Ensuite, deux choses :

  • j’ai toujours trouvé que l’installation d’une alarme était un dispositif de « sécurité » complètement absurde : le temps de l’entendre ou même simplement de courir à la piscine, l’enfant a largement le temps de se noyer. Pour moi, le simple dispositif pouvant se prévaloir d’être sécuritaire est celui qui empêche (ou du moins « retarde » puisqu’il est encore possible de l’escalader, dans le cas d’enfants téméraires) à l’enfant d’accéder aux abords de la piscine – et non pas qui prévient « juste » qu’il est déjà en train de se noyer !!!
  • évaluer à 2000€ le coût d’une barrière, c’est franchement un peu abusé ! Il est possible d’installer des piquets et une clôture « simples » (voir photo ci-dessous) et un portail au système d’ouverture non accessible aux plus petits qui auront à mon avis le même effet « retardant » qu’une clôture plus rigide ou ayant coûté très cher (même si c’est vrai, elle ne répond peut-être pas à la norme, si on veut vraiment être en accord avec la loi).

De plus, les mesures de protection autorisées ne se limitent pas à ces deux options. En effet, d’après la loi, toutes les piscines enterrées ou semi-enterrées non closes doivent être pourvues d’un système de sécurité normalisé. Il en existe quatre types qui sont admis, les alarmes, les barrières de protection, les bâches de sécurité ou les abris, chacun devant répondre à des normes spécifiques.

Bien sûr, la protection de la piscine ne doit pas faire baisser leur garde aux occupants, auquel cas elle perd clairement de son intérêt. Sans oublier qu’un dispositif mal utilisé (porte mal refermée, volant roulant non immédiatement déroulé après départ, etc) perd évidemment tout son intérêt (comme le rappelle la Fédération des Professionnels de la Piscine ici / les normes de sécurité sont par ailleurs détaillées ici).

L’objet récent de mes craintes, c’est que mes beaux-parents disposent déjà d’une bâche de protection rigide et après moult réflexions sur le dispositif à adopter, ils avaient décidé de se contenter de cette bâche, qui était largement suffisante, selon leur pisciniste. Or, mon inquiétude vient de là :

Les bâches de sécurité doivent répondre à la norme NF P90-308 et sont relativement simples à mettre en place ou à utiliser. Elles permettent de retenir des poids importants et de fortes pressions lors d’une chute par exemple. Encombrantes une fois enlevées et il faut un peu de temps entre chaque baignade pour la remettre ou la retirer.

Sincèrement, en plein été où l’on va passer sa journée au bord de la piscine, qui a envie de s’emmerder à mettre et enlever un dispositif aussi encombrant et lourd, alors qu’il pense revenir se baigner 1h après ? Qui ne va pas se dire qu’après tout, le petit est à la sieste et qu’il ne risque donc rien dans l’immédiat (sauf que le petit va peut-être se réveiller plus tôt que prévu) ou encore que le temps d’aller chercher une glace, ça n’est pas la peine de remettre tout ça et que de toutes façons, il ne peut pas le faire seul ?!

Bref, pour moi, la seule protection valable (mais pas protectrice à 100%, je l’admets, c’est impossible), c’est la barrière/clôture et j’ai eu du mal à en convaincre Mr Sioux (pour qui, puisque rien n’est infaillible et que tout système peut être mal utilisé/faire l’objet de négligence, pourquoi devoir en installer un nouveau ?), pour qu’il convainque ensuite ses parents. Or pour moi, il était impensable d’imaginer laisser mon fils un week-end avec ses grands-parents, en sachant que la piscine servirait et que, honnêtement, qui allait remettre cette bâche entre chaque baignade quotidienne ?!!

Quand bien même il se serait agi, à la base, d’une loi compassionnelle, je trouve qu’avoir une piscine chez soi est une responsabilité (de même que si un enfant entre par effraction dans un jardin et se noie dans la piscine du propriétaire, quand bien même il n’avait rien à faire là, le propriétaire a de fortes chances d’être inquiété !) et je trouve l’obligation d’installation d’un dispositif de sécurité plutôt cohérente [malgré tout, il semble que la moitié des piscines privées ne soient pas aux normes et qu’un gros défaut d’information existe  ce sujet].

Etant donné que la surveillance d’un enfant (a fortiori tout petit et pas encore conscient du danger) est une question de secondes, je suis persuadée qu’un dispositif retardant l’accès au danger est toujours bon à prendre !

Et de votre côté, des expériences (pas trop malheureuses j’espère) sur l’utilité de ce dispositif ?

Madame Sioux