Je ne me sens pas maman poule, loin de là. Je dirais même que Monsieur est bien plus coq que je ne suis poule. Cependant ma propre maman me qualifie régulièrement de louve. A quoi fait elle référence exactement en utilisant le terme de louve, je ne sais pas? A l’allaitement peut être, la protection, mon côté “touche pas un cheveu de mes gosses sinon je te fais la peau”… Je ne les couve pas et je sais qu’ils ont besoin d’apprendre très vite à être indépendants.

Par obligation, j’ai du très tôt confier mes enfants à mes parents pour des périodes longues. “Longues” ça veut dire plus d’une semaine. Et “très tôt” ça veut dire à partir de leur premier anniversaire.

Cette année, je ne l’ai pas fait par “obligation” mais par choix. Je voulais qu’ils puissent évoluer sans nous. Qu’il y ait une coupure. Qu’on se manque. Qu’ils voient les choses autrement (et je sais qu’avec mes parents c’est gagné, je les ai pratiqués suffisamment longtemps, même s’ils ont bien changé en trente ans…). Je voulais qu’ils apprennent à évoluer dans un environnement différent. Qu’ils s’adaptent.

Je suis tombé ce matin sur un article dans Psychologie Magazine, intitulé : Premières vacances sans les parents. En voici un extrait:

“Apprendre à son enfant à voler de ses propres ailes, à affronter le monde seul, tel est au fond l’objectif de chaque parent. Mais pour y parvenir, il faut parfois passer par des épreuves difficiles, à traverser en famille. C’est notamment le cas des longues séparations. Pas celles d’une nuit ou d’un week-end, mais plutôt celles des vacances, les vraies. Pour les enfants, elles sont l’occasion de progresser en autonomie. Pour les parents, de couper un peu le cordon. Et de découvrir aussi que se quitter, c’est souvent mieux se retrouver ! “

Il y a presque une semaine que Valentin et Louis sont en vacances. Sans nous. Ils ont 5 ans et deux ans.

“Très jeune, l’enfant a du mal à se situer dans le temps. Il n’est pas nécessaire de commencer à lui parler de ce voyage trop longtemps à l’avance, cela le perturberait inutilement. Quelques jours avant le départ, discutez-en avec lui, afin de lui expliquer et de le préparer.”

On en a parler quelques jours avant. Ils savaient qu’ils allaient partir en “pampingcar” (dixit mon Louis) avec pépé et mémé. J’ai préparé minutieusement leur bagages et ils m’ont aidé. J’y ai glissé leur doudou, sans qu’ils le sachent. Le moment du couché peut être un peu difficile quand on est loin de sa maison.

Le moment du départ et de la séparation est parfois douloureux et déchirant. Il faut apprendre à l’accepter. Les parents, dans la mesure du possible, doivent éviter de montrer leur tristesse à leur enfant, ce qui ne ferait que l’inquiéter à son tour.”

Je les ai quitté confiante et sans aucune appréhension. Ils sont partis heureux et excités, sans aucune larme (même si le plus grand était une peut “inquiet de quitter sa maison”). Je les sais “entre frères” et sa me rassure d’autant plus. Ils vont veiller l’un sur l’autre et je pense que ce genre d’expérience les rapproche. Le papa quant à lui avait le cœur gros, Monsieur est très coq je vous l’avait dit…

“La communication entre vous, tout au long du séjour, doit se faire en fonction de la façon dont le vit votre enfant. S’il pleure à chacun de vos appels, essayez par exemple d’attendre que l’envie de vous parler vienne de lui et qu’il demande de lui-même à ses grands-parents de vous appeler.”

Depuis une semaine nous avons vraiment fait une coupure. Je n’ai pas appelé et ils n’ont pas appelé. Je n’aime pas entendre leur voix au téléphone et savoir que quand on va raccrocher ils vont avoir un coup de blues (et moi aussi). La coupure aurait été plus longue je leur aurais envoyé des lettres. Mais le TL c’est pas pour moi.

“De votre côté, profitez de ces moments pour retrouver votre couple, vos sorties en amoureux, ou entre amis. Pour prendre du temps pour vous. Ne restez pas sans rien faire, et occupez-vous l’esprit pour ne pas vous ronger les sangs dans votre coin. Gardez à l’esprit que cette séparation va renforcer en vous le désir de passer du temps avec votre enfant, de jouer avec lui. Et raviver le besoin mutuel de se voir.”

Depuis une semaine la maison est tellement calme que ça me donne le bourdon. Pourtant j’ai bien mon petit dernier avec moi. D’ailleurs il me tarde que ses frères reviennent car cette semaine devient trop fusionnelle (je ne m’étends pas sur le sujet car ça mérite un article entier). J’avais prévu de faire un paquet de trucs mais sans eux… comment dire… la vie est un peu fade. Je me suis laissée aller. J’ai profité d’être la maman d’un seul bébé (et comme tout est facile quand il n’y en a qu’un).

Par contre j’ai préparé leur retour. J’ai rangé de fond en comble leur chambre, fait quelques petits changements, trié les jouets, installé Louis dans un lit de grand. Je leur ai cousu quelques petites surprises. Et demain matin je vais leur préparer un “pot” de bienvenue. La maison est impeccable (normal sans eux il n’y a rien qui traîne;))) et je mettrai sur la table un joli bouquet.

Ils auront un tas de choses à nous raconter. Ils vont d’ailleurs se chamailler pour parler en premier. On va se retrouver, on va se serrer très fort et on va se dire qu’on s’aime à la folie. Je vais les trouver grandis, je vais les trouver changés. Ils auront vécu leur vie, sans nous, loin de nous, affrontant le monde seuls.

Notre bulle à nous