L’article de Miliochka, « question de flore« , aborde la question très complexe de l’impact de la césarienne sur la mise en place de la flore intestinale, appelée aujourd’hui microbiote. J’ai fait cette semaine une analyse d’un article qu’elle cite en conclusion, sur l’impact des probiotiques sur l’apparition de l’obésité. En l’état actuel de la science, rien de permet de dire que les probiotiques favorisent l’apparition de l’obésité. Bref, on peut manger nos yaourts tranquillement.
Une étude, parue le 24 mai dernier dans la revue Microbial Pathogenesis¹, a fait beaucoup de bruit. Sur internet, les articles titrent « les yaourts font-ils grossir » et donnent même le nom des responsables : les probiotiques. J’ai regardé de près l’article en question et je peux vous dire que non, les probiotiques ne font pas grossir et que oui, vous pouvez manger des yaourts sans avoir peur pour votre tour de taille.
Le terme de « probiotique » regroupe un ensemble de micro-organismes aux effets très différents selon l’espèce considérée. Un peu comme les vitamines : la vitamine C est anti-oxydante, la vitamine A a une action sur la vision, la vitamine D sur les os… Les probiotiques c’est un peu la même chose : certains ont une action sur le système immunitaire, d’autres sur le transit intestinal…
Tout d’abord, la méta-analyse à l’origine de la polémique porte majoritairement sur des animaux d’élevage : 70 études sur les 82 prises en compte par les chercheurs. Ces animaux sont par définition en croissance, et la prise de poids n’a pas été caractérisée : masse grasse ou masse maigre, ce n’est pas la même chose, on ne peut pas confondre croissance en bonne santé et obésité !
Sur les 12 études chez l’homme, 4 sont déclarées par l’auteur comme montrant une « prise de poids » après la prise de probiotiques. En réalité :
- L’une d’elles concerne des sujets adultes². Les variations de poids sont de 40 g après 3 semaines de traitement et de 210 g à 6 semaines, ce qui selon les auteurs de l’étude « est négligeable ».
- La deuxième³, réalisée en 1952 (!), montre que l’ajout de probiotiques dans l’alimentation des nourrissons favorise la croissance. Néanmoins, les nourrissons nourris au biberons + probiotiques grandissent moins que ceux nourris seulement au sein ou au sein + probiotiques…
- Les résultats des deux dernières études ne sont pas accessibles (elles ne sont pas référencées dans le papier) et leur analyse n’est pas faite dans l’article… Et vu les erreurs de jugement sur les deux premières, j’ai du mal à le croire sur parole. Néanmoins si quelqu’un peut me les envoyer, je suis preneuse !
Les articles mentionnent les espèces de probiotiques à l’origine de la prise de poids, et mettent en cause les lactobacilles. Quand on y regarde de plus près, certaines des expériences citées sont consacrées à la recherche d’un effet « anti-obésité » chez des animaux minces ou chez des obèses (1 seul essai chez l’homme, 6 essais chez l’animal). L’effet « anti-obésité » est clairement démontré dans tous les cas.
Les autres expériences étudient l’effet de différentes espèces de lactobacilles sur le gain de poids : ils s’expliquent par une meilleure résistance aux maladies chez le poulet⁴ et chez la souris⁵ ou par un effet anti-diarrhéique qui induit une meilleure croissance des animaux⁶. Les effets des probiotiques sont donc bénéfiques pour leur croissance, grâce à une meilleure résistance aux maladies, mais n’induisent pas de prise de masse grasse.
Les produits laitiers fermentés comme le yaourt, les fromages ou les laits fermentés contiennent des bactéries aux propriétés bénéfiques utilisées depuis des centaines, voire des milliers d’années. Ces bactéries sont l’objet d’études scientifiques depuis le début du 20ème siècle.
Depuis 20 ans et l’amélioration des techniques de recherche scientifiques, le nombre d’études sur les probiotiques ne cesse d’augmenter. Les études scientifiques sont particulièrement prometteuses sur l’influence positive des probiotiques sur le système immunitaire et le système digestif, et les champs de recherche s’élargissent en permanence. J’avais d’ailleurs fait un article sur les découvertes récentes sur le microbiote.
La diffusion d’informations sur les travaux de recherche en cours est une bonne chose, car elle participe à l’amélioration des connaissances sur notre alimentation et montre le formidable élan de la recherche dans le monde. Néanmoins les conclusions des études scientifiques sont à manier avec prudence…
Pour ceux que ça intéresse, je vous invite à suivre l’aventure MetaHIT. Nous avons de la chance, ils sont très actifs sur le net : un compte Youtube, un Netvibe et ils sont aussi sur Twitter :) !
Bon appétit !
Lune de Sable
Notes
Image : Shutterstock
Merci pour cet article, et surtout la lecture critique de cette récente étude ! C’est vraiment un sujet à manier avec des pincettes… Il y a de quoi faire du bruit puisque Danone rencontre en ce moment quelques soucis avec ses produits type Actimel. Cependant la question d’un éventuel lien entre probiotiques et obésité mérite d’être creusée, mais correctement ;-)
Pour ma part, je suis plutôt mal à l’aise avec cette grande mode des alicaments, et même choquée que l’industrie alimentaire récupère des allégations santé pour nous vendre sa marchandise (heureusement il semble, enfin, que les autorités commencent à mettre leur nez là-dedans) Et au lieu de donner à mes enfants leur « petite bouteille quotidienne contre les rhumes » à prix d’or, je préfère un bon camembert normand au lait cru !!
Je suis d’accord avec toi, surtout sur un discours « grand public » sur les effets des probiotiques sur la santé. C’est tellement complexe ! Je suis néanmoins en faveur d’une communication vers les scientifiques ou les professionnels de santé, qui peuvent conseiller tel ou tel produit qui peut aider « à la marge ».
Pour travailler sur ces questions de communication « santé » (c’est mon métier), je crois qu’il faut vraiment éviter de faire des généralités sur les « industries agro-alimentaires » car il y a vraiment de tout. Et Danone, même s’ils sont allés trop loin sur le plan marketing, sont une des rares entreprises à faire des études sérieuses sur l’impact des probiotiques sur la santé.
Ce qui est étonnant dans la nutrition, c’est que finalement bien manger est très simple : de tout, 3 fois par jour, ne pas manger quand on n’a plus faim… Et que ce soit si dur de garder la ligne : l’alimentation ne peut vraiment pas être réduite à ce qu’on mange. C’est tellement plus que ça ! On grignote parce qu’on s’ennuie, parce qu’on est anxieux… On mange trop parce qu’il ne faut pas jeter, parce que c’est trop bon… Compliqué !!!
On se rejoint, tant mieux alors, puisque moi aussi, la « communication » sur le thème de santé c’est mon métier (même si, en tant que journaliste, je mot « communication » me fait parfois mal à la bouche ;-)
Merci beaucoup de ta participation sur ce sujet qui fait décidément couler beaucoup d’encre!! Vu les enjeux commerciaux qu’il y a derrière tout ça, je me dis qu’il va être coton de dégoter des études à peu près neutres en matière de conflit d’intérêt…
Je file lire la suite chez toi!!!
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