Péridurale et allaitement

Il y a quelques semaines sur les VI, je présentais diverses techniques de péridurales, indiquant grosso modo que selon les produits et les techniques utilisées, les effets secondaires indésirables peuvent varier énormément (et que donc il ne fallait pas jeter bébé avec l’eau du bain, certaines péri étaient plus réussies que d’autres !)
Mais je m’étais surtout concentrée sur les effets sur la mère, et grâce aux commentaires (merci notamment à Flora et Deedeen ;-), il a fallu que je me rende à l’évidence qu’il ne faut pas négliger les éventuels effets secondaires d’une péridurale sur le bébé…
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Comme une femme enceinte informée en vaut dix, je continue donc sur ma lancée, gentiment encouragée par Mme D, et vais aujourd’hui vous parler péridurale et allaitement. En effet parmi les critiques formulées envers la péridurale, il y a le risque de compromette l’allaitement. Dis comme ça, c’est étrange (d’ailleurs moi-même qui ait accouché deux fois sous péri et allaité deux enfants sans trop de problèmes, je ne me suis jamais posé la question !) mais en fait, il y a bien des relations entre les deux.
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Première critique : le problème de la perte de poids de bébé les premiers jours
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L’un des risques de la péridurale, c’est la chute de tension. Aujourd’hui ce risque est très faible avec les techniques modernes de péridurale (faibles doses, produits avec moins d’effets secondaires). Mais quand cela survient, il est fréquent d’administrer une solution par intraveineuse pour rééquilibrer cette tension. En pratique, dans beaucoup de maternité, c’est fait systématiquement en prévention, et aussi parce qu’on empêche les mamans de boire (ce qui au passage est une aberration dénoncée par de nombreux anesthésistes et obstétriciens) alors même que les recommandations de la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation indiquent qu’il n’y a aucune raison de procéder de le sorte ! Conséquence de cette injection de fluide, comme l’explique la LLL ici :
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La péridurale induit généralement des modifications de la répartition des fluides, avec pour résultat que les enfants nés sous péridurale présenteront a priori un niveau d’hydratation plus élevé que les enfants nés sans anesthésie. Cela devrait se traduire par un poids de naissance plus élevé et par une perte de poids plus importante en post-partum précoce.
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(autre conséquence évoquée par certains : plus de fluide dans le corps maternel pourrait conduire à un engorgement des seins, d’où une difficulté pour le bébé à prendre correctement le mamelon en bouche…)
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Qui dit perte de poids plus importante, dit stress de la maman, pression de l’entourage (puéricultrices, famille) et recours à des compléments voire passage à une alimentation artificielle. Et voilà un début d‘allaitement raté ! Ce qui pourrait être évité par des mesures simples comme par exemple ne pas se focaliser sur le poids du bébé. Ainsi, dans la maternité où j’ai accouché, on pèse les bébés à J0 puis seulement J+3. Par ailleurs, il ne faut ne pas oublier que même sans péridurale, la perte de poids des premiers jours existe chez tout bébé allaité (notamment à cause du délai entre naissance et montée de lait mais pas seulement), et que, même avec un allaitement bien maîtrisé, un bébé en parfaite santé peut parfois mettre deux semaines à reprendre son poids de naissance !
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Deuxième critique : un réflexe de succion perturbé
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Les produits anesthésiants utilisés pour la péridurale, parce qu’ils traversent le placenta et se retrouvent, dans une très faible proportion, dans le sang du bébé, ont aussi des conséquences sur sa neurobiologie. Ainsi, d’après les recommandations de l’Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé en faveur de l’allaitement :
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L’analgésie péridurale pendant le travail peut retarder le réflexe de succion, mais ne modifie pas la mise en route de l’allaitement. Si la première tétée est retardée, il est recommandé d’apporter davantage d’aide et de soutien à la mère.
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La succion-déglutition est l’un des reflexes dits archaïques présents à la naissance. Un retard ou un problème de succion lié à la péridurale a été mis en évidence par certaines études scientifiques, mais cela dépend une fois de plus du produit (la péthidine est mise en cause plus particulièrement), et de la quantité (le risque est significativement plus important lors d’une césarienne, où péridurale et rachianesthésie sont plus fortement dosées). Enfin, il semblerait que si ce réflexe est retardé, après deux jours, on ne constate plus de différence entre ceux nés avec et sans péridurale (au passage, chez TOUS les bébés nourris au sein, on constate d’importantes différences dans cette capacité à téter et déglutir entre J0 et J+2)
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D’autres facteurs peuvent influer sur ce réflexe de succion et venir le perturber, comme par exemple la prématurité, l’aspiration du contenu stomacale par sonde, un frein sublingual trop important, une confusion sein/tétine (oui, il y a encore des maternités où l’on colle une tétine dans la bouche du bébé quelques minutes après sa naissance…), une langue trop grosse (c’est souvent le cas chez les bébés trisomiques) etc…
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Études scientifiques : un problème de méthode
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Alors, oui ou non la péridurale a t’elle un effet sur l’allaitement ? Ben c’est compliqué j’ai envie de dire… ;-)
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Une simple recherche bibliographique conduit à trouver de nombreuses, très nombreuses études, qui concluent qu’il existe un lien entre péridurale et difficultés à initier l’allaitement, voire un abandon précoce de l’allaitement. Mais on trouve aussi des études qui disent qu’il n’y a pas de lien (par exemple celle-ci). L’hétérogénéité des résultats est très bien présentée ici sur le site anglophone de la LLL.
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Cette semaine, Mme D a attiré mon attention sur cette étude américaine intitulée « Labor epidural anesthésia, obstetric factors and breastfeeding cessation » et publiée en ligne le 13 juin 2012. Dans son introduction, cette étude rappelle que de nombreux travaux ont déjà été menés sur la question mais que leurs conclusions sont hétérogènes. Dans celle-ci, il est montré que :
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Après ajustement selon les standards démographiques et les facteurs intrapartum (par ex. injection d’ocytocine, travail prolongé…), la péridurale prédit significativement un risque d’arrêt de l’allaitement durant le premier mois.
Et en même temps elle dit :
Il n’est pas clair si la relation entre la péridurale et le taux global d’arrêt de l’allaitement représente un facteur direct, ou si la péridurale n’est qu’un indicateur d’autres facteurs confondants difficiles à mesurer. D’autres études prospectives sont nécessaires.
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Et oui, car c’est bien là que la bât blesse pour la très grande majorité des études : les facteurs confondants ! Ces études ne se posent quasiment jamais de questions à propos des pratiques hospitalières en matière d’allaitement, des facteurs économiques et sociaux des mères, de leur propre volonté de prolonger ou non l’allaitement, du moment où bébé est mis au sein pour la première fois… Ou même de la dose et de la nature des produits reçus pendant la péridurale, d’un éventuel trauma périnéal, d’autres problèmes liés à l’allaitement (crevasses, fatigue…), de la confiance qu’ont les mères en leur capacité d’allaiter, du soutien qu’elles ont ou non reçu, d’une première expérience d’allaitement réussie ou au contraire ratée… ?
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Autant de facteurs rarement analysés (en tout cas, jamais tous ensemble !) lorsqu’on cherche à élucider le lien entre péridurale et allaitement. Ainsi par exemple, personne (à ma connaissance) n’a étudié cela sous un angle sociologique : il me semble que les femmes qui font le choix de la péridurale, pour de nombreuses raisons, sont aussi celles qui opteront pour un allaitement court ou même une alimentation artificielle (et vice versa, les adeptes d’une naissance naturelle sont plutôt des pro-allaitement… j’espère ne choquer personne en disant ça !)
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D’après cette étude, nonobstant la péridurale, les mères plus jeunes, avec de faibles revenus, ou un faible niveau d’éducation ont aussi un risque plus élevé de cesser l’allaitement durant le premier mois. Quant à l’injection d’ocytocine pour aider le travail, les conséquences sur la poursuite de l’allaitement diffèrent selon que l’hôpital a le label « amis des bébés » ou non (ce label fait notamment référence à l’implication de la maternité en faveur de l’allaitement) !
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Alors oui, cette étude, assez solide par ses méthodes statistiques notamment, conclue qu’il y a un lien entre péridurale, injection d’ocytocine, travail prolongé et arrêt de l’allaitement durant le premier mois. Elle dit aussi que biologiquement, c’est plausible. Mais que pour l’instant il n’y a aucune explication sur la nature de ce lien : causalité, concomitance ? Et elle appelle donc à la réalisation d’autres études (en même temps, la plupart des études scientifiques concluent ainsi, histoire de ne pas trop se mouiller…)
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À retenir
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– Il existe bel et bien des différences entre terme d’allaitement entre celles qui accouchent sous péridurale et celles qui refusent font le choix d’accoucher sans (grâce aux VI, mon langage évolue !), mais pour l’instant on est bien incapable d’expliquer avec certitudes pourquoi, même s’il existe des présomptions d’ordre biologique, et quels sont les liens avec d’autres facteurs.
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– La péridurale ne constitue pas un obstacle incontournable, et encore moins une contre-indication, à un allaitement bien mené. Il existe d’autres facteurs dont l’influence est bien plus importante.
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– Les premiers jours, les mères ont besoin de soutien. Plutôt que de leur faire peur (ou même de les culpabiliser) en accusant la péridurale de compliquer l’allaitement,  mieux vaut leur apporter de l’aide et ne pas les stresser inutilement avec la (re)prise de poids de leur bébé.

 

Mioliochka
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31 réflexions sur “Péridurale et allaitement

  1. Très intéressant !
    Ici, travail long et même arrêté par la péri -> ocytocine en masse ; très grosse chute de tension à cause de la péri (malaise, ensuite j’ai mis une heure à émerger) ; biberon donné sans mon accord à 8 heures de vie ; bébé hospitalisé en néonat à 4 jours de vie (donc sucette à tout bout de champ pour les soins, aspiration du contenu de l’estomac à l’arrivée dans le service et arrêt de l’allaitement au sein durant 14 heures -> engorgement monstrueux !!!) … et finalement, à 15 mois elle tète encore.
    Je suis intimement convaincue qu’il y a des facteurs plus ou moins génétiques car malgré les obstacles mes seins ont toujours produit du lait et ma fille a toujours (re)trouvé la succion.

  2. Je rejoins Cécilie, ici péri puis stagnation du travail (chercher le lien?), d’où césarienne en urgence et 1ère tétée au bout de presque 2h. Puis transfert en néonat à 24h de vie car infection maternofoetale, et donc séparation d’avec moi (la maternité où j’ai accouché étais niveau I donc pas de néonat), d’où biberon et sucette.
    20 mois après il tète encore et j’en suis fière.
    Une volonté de fer, la détermination d’allaiter et la rencontre avec une sage femme qui allaitait sa fille de 8 mois, m’ont beaucoup aidé à surmonter les difficultés des 3 premiers jours.
    Mais c’est sûr que la prochaine fois j’aimerais faire sans la péri (je suis persuadée que chez moi cela a été la cause de la stagnation et de douleurs au point d’injection encore aujourd’hui).

    Au passage, merci pour ce site où les contributions m’intéressent toujours beaucoup même si c’est la 1ère fois que je poste.

  3. article très interressant.
    J’ai accouché sous péridurale (même que le travail s’est accéléré grâce à elle… Avant, j’avais trop mal et allait à l’encontre des contractions en me crispant je pense.) et j’ai allaité Surprise pendant 9 mois. (j’aurai bien fait plus, mais bonhomme en a décidé autrement… ) Mais cela dit, j’étais motivée pour l’allaitement depuis longtemps, et j’ai eu plus de 2 heures de peau à peau avec bébé juste après la naissance (à part 5 minutes pour les mesures et soins)

    • Merci Kawine ! Il est très probable que le peau à peau et la mise au sein précoce, dans la salle de naissance, est certainement favorable à bon démarrage de l’allaitement ! En tout cas c’est se qui se pratique dans les maternités qui ont le label « ami des bébés ».

      • J’ai eu la chance d’accoucher ds un hopital avec ce label, et je confirme, c’est un vrai plus!
        Peau à peau dès la salle d’acc (avec Maman et avec Papa), aucun stresse par rapport au poids du bb (alors que c’était une crevette), aide, soutiens et assistance à la mise au sein etc. Vraiment rassurant.
        J’ai eu une péri (qui a accéléré le travail, j’ai « expulser » mon bonhomme avant que l’effet anesthésiant soit max), le petit à du être aspiré (liquide sale), des crevasses, douleurs (syndrome de raynaud même au niveau des sein!), bébé hyperactif durant la tété (RGO+babi)…et là, malgré le cumul de facteur de risques de « stop allaitement » il a 10 mois et est toujours accro au sein et au lait maternel.
        Sans l’équipe je ne serais jm allé si loin (je ne me suis jm sentie forcée de continuer).

  4. Je n’aurai jamais imaginé qu’il puisse y avoir des effets de la péri sur l’allaitement… Après, quand on veut, on peut! Alors même si ça complique un peu les choses, ça n’empêche pas l’allaitement long.
    J’ai choisi de ne pas avoir recours à la péri et j’ai eu des montées de lait impressionnantes et aussi très rapidement. Pour mon 3ème, les sages-femmes étaient impressionnées que ma montée de lait ait lieu si vite.
    Autre chose qui peut faire la différence, j’ai eu 2h de peau à peau directement après la naissance pour la 1ère tétée, les premiers soins n’ont été pratiqué qu’après.

  5. J’imagine qu’une très grande partie des mères qui font le choix d’accouher naturellement font aussi le choix d’une alimentation naturelle pour leur bébé, parce que quand on est branché naturel et physiologique, on y va à fond! Donc forcément on ne peut pas vraiment comparer un groupe de femme ayant choisi la péri avec celles ayant choisi le naturel sur leur motivation a allaiter. Il y a tellement de facteurs qui vont entrer en compte! Après je pense que les adeptes du naturel (dont je fais parti) ont envie d’entendre que oui, tout est mieux sans péri, et que les adeptes de la péri préfèrent savoir que la péri n’est pas d’une grande incidence sur la suite des opérations.
    J’ai envie de rajouter que la péri, entrainant parfois un ralentissement du travail, va souvent entrainer le besoin d’utilisation d’ocytocine de synthèse, donc plus ou moins bloquer la vrai ocytocine, hormone de l’attachement, et donc ce qui risquerait d’entrainer un manque de volonté de la mère a allaiter? La mère aura peut être moins cet instinct?

    • Oui Flora, il y a très probablement un lien « sociologique » fort entre projet de naissance et allaitement, et comme je le dis dans mon post, je crois que cela n’a pas été étudié en tant que tel, et que c’est certainement un facteur confondant TRES important sur le succès ou non de l’allaitement.

      Quant à l’utilisation d’ocytocine, on en a déjà discuté sur les VI, oui c’est effectivement un risque inhérent à la péridurale, mais attention aux conclusions hâtives (ouh tiens me voilà encore en pleine crise d’Odilité ;-), d’une part aucune étude ne montre qu’une injection d’ocytocine viendrait contrecarrer la production endogène de la mère, par ailleurs, discuter d’ocytocine et d’attachement maternel est TRÈS délicat !!

      Donc je me garderais bien de dire que la péridurale contrecarre l’attachement maternel, pour cause d’ocytocine exogène (d’une part on manque d’arguments scientifiques, d’autre part cela peut être très douloureux à entendre voire culpabilisant pour celles qui font le choix de la péri !)

      • Bien sur, on manque encore cruellement d’études sur le sujet des hormones de l’attachement, mais je reste convaincue qu’une femme qui a bien vécu son accouchement aura plus de facilité a s’occuper de son bébé les premiers jours. Endorphines, ocytocine, cocktail d’hormones en tout genre, ça n’a peut être pas de lien direct avec la péri, mais la péridurale entraine parfois (souvent?) un recourt aux instruments d’extractions et autres actes médicaux, ce qui n’est pas forcément bien vécu par les femmes, donc pourrait avoir un impact sur l’attachement les premiers jours?
        Loin de moi l’idée de culpabiliser qui que ce soit, l’attachement et le lien mère-enfant et different pour toutes, chaque couple mère-enfant et different et la plupart d’entre nous ferons toujours ce qui leur semble le mieux pour le bien-être de leur bébé (enfin J’espère! Lol)
        Heureusement que la péridurale existe, et je suis aussi convaincue que beaucoup de femmes ne pourraient pas vivre sereinement leur accouchement sans, et c’est vraiment dans la prise en charge médicale des accouchantes qu’il y a un vrai besoin de changement, pour que les femmes aient un maximum de chance de bien vivre leur accouchement.

        • D’accord avec toi, un accouchement qui se passe bien est un facteur important pour une bonne initiation de l’allaitement ! À mon avis plus important que des facteurs purement « biologiques »… Mais tu sais, les scientifiques ont besoin de certitudes mesurables, et parfois certains partisans s’en servent pour faire du prosélytisme militant (d’ailleurs il serait grand temps que les scientifiques défendent leurs travaux face à ceux qui en font un mauvais usage, mais c’est une autre question…)

          Dans un autre post sur les VI, j’ai parlé des différentes méthodes de péridurales, expliquant qu’aujourd’hui on affadit fait suffisamment de progrès pour que le recours aux instruments, aux injections etc… ne soit plus systématique. Le problème c’est que toutes les maternités n’ont pas évolué dans leurs pratiques !

          Pas une mais DES péridurales :
          https://lesvendredisintellos.com/2012/06/01/pas-une-mais-des-peridurales/

  6. Excellent article Miliochka!!! Et excellent complément à ton premier billet sur la péri!!! Même si en définitive les liens entre mise en place de l’allaitement et anesthésie péridurale ne sont pas encore bien clairs, la mise à jour des éventuels facteurs et la discussion autour de leur éventuel impact me semblent essentielles au choix éclairé des parturientes…!! Merci!!

  7. Merci pour ton billet, tu as mit des mots sur mes maux… Il y a 13 mois j’accouchais d’une petite fille gonflée par les produits qu’on nous avait injectés pour le déclenchement et la péridurale, et en te lisant je comprend donc pourquoi (en partie) ma petite fille n’a pas sû téter correctement les 2 premiers jours de sa vie, mais en effet, on a été bien entourées au néonat, et donc ils ont rectifiés le tir.

    Nous avons a notre actif 13 mois d’allaitement (allaitement toujours en cours :) )

    • Merci Sauterelle Box !
      L’essentiel c’est que ton choix a été respecté et surtout soutenu, et donc que vous avez pu toutes les deux surmonter ces premières difficultés passagères !

  8. Concernant la question de l’attachement et de la péridurale évoquée en commentaires, le docteur Michel Odent en parle dans une vidéo intéressante, notamment concernant l’injection d’ocytocine de synthèse: http://vimeo.com/26317195

    Après, il semblerait que les péridurales ne se passent pas partout pareil…pour ma part j’ai été déclenchée suite à une pathologie grave, et j’ai eu la péri (salvatrice d’ailleurs, je bénis son inventeur!) après 11h de faux travail passées dans une douleur abominable…dans mon projet de naissance, j’avais indiqué que je ne souhaitais pas forcément la prendre et que je voulais attendre de voir…j’ai finalement prié de toutes mes forces pour qu’on puisse enfin me l’installer tant la souffrance du faux travail m’avait anéantie…comme quoi on n’est jamais totalement sûr de rester sur ses positions.

    Pour autant, je n’avais aucune perfusion supplémentaire et n’ai pas reçu d’ocytocine de synthèse. Ils avaient installé le cathéter au cas où, mais il n’a pas été utilisé: une fois la péri posée, ma souffrance s’est apaisée et donc le vrai travail a commencé. De là, tout est allé très vite, elle était extrêmement bien dosée, ce qui m’a permis de vivre toutes les sensations de mon accouchement, la tête poussant sur le bassin, l’écartement, les poussées, le passage…quand je raconte mon accouchement je dis qu’en terme de sensations il ne devait pas être loin d’un accouchement sans péridurale tant j’ai été consciente de tout ce qu’il se passait (pas une fois les sages-femmes n’ont eu, par exemple, à m’indiquer quand pousser, quand une contraction arrivait etc. J’ai tout géré de moi-même), mais je n’ai ressenti aucune douleur. Des sensations incroyables, mais aucune douleur. C’était très fort, et j’en garde un souvenir extrêmement précis.

    Pour ma part, je n’ai eu absolument aucun souci pour l’allaitement, j’avais du colostrum qui s’écoulait depuis le 4ème mois, ma fille a été mise au sein en salle de naissance (nous y sommes restés deux heures après l’accouchement, ma fille son père et moi, l’équipe des SF avait quitté la pièce, éteint toutes les lumières sauf une veilleuse…) la montée de lait est arrivée une trentaine d’heures après la naissance. Aujourd’hui ma fille a presque 4 mois et aucun soucis d’allaitement depuis le départ.

    Bon j’ai raconté ma vie, désolée :)

    • Merci de ton témoignage!!! Il renforce encore l’idée qu’une réponse définitive et unique ne semble pas possible et qu’il serait bien abusif de mettre sur le dos de la péri toutes les difficultés de mise en place de l’allaitement… les réflexions sur le recours abusif à la perfusion ou sur les conséquences d’un trop fort dosage de la péri ou encore sur le soutien nécessaire à la mise en place sereine de l’allaitement me semble quant à elles tout à fait incontournables!!!

    • Merci de ce témoignage Working Mama !
      En dehors du déclenchement, il semble bien que nous ayons eu une expérience très similaire de la péridurale ! Il est important de rappeler qu’aujourd’hui il existe différentes techniques (produits, doses, autopompe etc…) qui permettent de s’affranchir de pas mal d’effets secondaires et de vivre plus activement sa péridurale.
      Encore faut il que les femmes le sachent, et puissent faire un choix…
      C’est notamment pour ça que j’avais écris ce post il y a quelques temps sur les VI
      Pas une mais DES péridurales :
      https://lesvendredisintellos.com/2012/06/01/pas-une-mais-des-peridurales/

      • Pour être franche je ne sais absolument pas ce que j’ai reçu comme produit, et je ne me suis pas plus renseignée après l’accouchement. Elle m’a été posée en urgence, à toute allure, après 11h de faux travail quand le col s’est enfin décidé à bouger d’un petit demi-doigt, et j’ai même pas cherché à comprendre. J’étais au bord de l’évanouissement. J’aurais tout accepté je crois à ce stade pour que ça s’arrête. Je revois les SF et l’anesthésiste m’arracher mes fringues sur le lit…fallait vraiment faire vite, je tenais plus.

        Mais j’avais une autopompe par contre. Je m’en suis servie deux fois. la première, peu de temps après la pose, quand j’ai senti que ma fille appuyait fortement sur le bassin et que ça me faisait encore mal. La seconde une vingtaine de minutes après quand j’ai senti que mon bassin s’écartait.

        Après, je pense que je suis une « force » de la nature quelque part (sans prétention, mais ce n’est pas la première fois que je me fais la remarque dans diverses circonstances): après la naissance de Lou, on est restées en salle de naissance donc, et quand elles sont venues nous chercher deux heures après, j’étais prête à me lever pour rejoindre ma chambre et je pétais le feu…le lendemain pareil, dès le matin. Résultat on est sorties au bout de trois jours avec ma fille, tellement tout allait bien autant dans l’état de forme de chacune que dans l’allaitement, la reprise de poids (repris 300 grammes en 24h la donzelle!) etc. Et le jour de la sortie de la mater, le soir j’étais au restaurant avec ma famille qui ne savait pas que je sortais plus tôt et qui se réunissait pour fêter la naissance du bébé…je les ai rejoints avec ma minette toute fraîchement née^^

        Enfin voilà quoi.

  9. Merci pour cet article – On m’avait bien nise en garde sur les effets de la pethidine sur l’eveil du bébé et le reflexe de succion mais je ne savais pas pour la peridurale. Moi j’ai quand meme eu de ma pethidine parce qu’on ne posait pas la peridurale avant une dilatation à 4 et que j’etais pas loin de me suicider sous la douleur… Je ne sais pas si cela a été lié ou pas mais mon bébé ne s’est pas alimenté pendant ses 4 premiers jours de vie (il n’a donc pas eu de colostrum – il ne sera jamais un champion de course! bon.)
    Mais enfin ce qui est rassurant c’est que j’ai tout fait à l’encontre des conseils des conseillères en lactation: tirer mon lait et donner des biberons une tétée sur deux (j’avais trop mal et en plus le bébé ne voulait pas de mon sein droit), donner une tetine parce qu’il avait un besoin de succion de dingue, et même donner un biberon de lait maternisé avant la montée de lait (il avait une jaunisse et deshydratation carabinée, et moi j’avais du sang dans mon lait – donc une sage-femme m’avait interdit de le mettre au sein tant que le lait ne reprenait pas une belle couleur dorée plutot que orange rouillé – j’ai lu depuis sur le site de LLL que le sang dans le lait n’était pas du tout un problème).
    Bin 2 ans plus tard je n’arrive toujours pas à le sevrer, comme quoi, y a vraiment pas de règle! Par contre je n’irai pas jusqu’à dire que « quand on veut on peut » comme Miss Brownie, je suis persuadée que ce n’est pas seulement une question de volonté et que certains obstacles (pas seulement physiologiques) sont infranchissables pour certaines femmes, sans que l’on puisse les accuser de manque de volonté.

    • Moi j’avoue, avant d’écrire ce post pour les VI je n’avais jamais entendu parler ni de pethidine ni des « risques » liés à la péri en matière d’allaitement (et tant mieux d’ailleurs !)
      Ton témoignage démontre qu’il y a autant de parcours d’allaitement que de binôme maman-bébé, et qu’il est parfois difficile de faire son chemin malgré un soutien bienveillant et délivrant des conseils de « bon sens ».

      Pour ma part, les seules galères que j’ai pu avoir, c’est à cause d’un manque d’infos à la maternité (où on me disait « c’est naturel ça va se mettre en place tout seul » hum hum hum…) puis de conseils de la LLL qui n’étaient pas du tout appropriés à ma situation et ont plutôt aggravé le problème ! Comme quoi finalement, même les personnes les plus à même de nous aider dans ce moment-là peuvent être de « mauvais conseil » (attention, je ne jette pas l’opprobre sur la LLL dont je reconnais l’utilité et la pertinence certaines fois, c’est juste que mon expérience perso avec elle est plus que ratée !)

      • Oui, je pense que le tort des conseillères (LLL ou pas) est parfois d’être trop rigide sur ces principes (tirer le lait / biberon / tétine c’est MAL), alors que parfois la maman a vraiment besoin de lâcher prise, et que leur utilisation n’est pas forcément fatale à l’allaitement. Dans mon cas ils ont plutôt été salvateurs… Je ne donnais pourtant pas cher de cet allaitement avec tout ce que j’avais entendu!

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  12. Comme en toute chose il n’y a pas de règles clairement établies. D’après leur carnet de santé Fiston né avec une péridurale à repris plus vite son poids de naissance que sa soeur né sans péridurale ni accélérant chimique mais j’avais eu droit à une perf de glucose pour me booster un peu.
    Pour les 2 peau à peau dès la naissance et mise au sein dans la demi-heure puis gardés contre moi durant l’heure de surveillance post-accouchement ensuite tété à volonté. Montés de lait à j+2 assez spectaculaires au point de devoir me vider les seins manuellement plusieurs fois pour la puce pour éviter l’engorgement.

    • Montée de lait du même type ici hahaha, on aurait dit un pingouin looooooooool. Pendant 48h, j’ai vécu avec un gant de toilette et de l’eau chaude, appliqué sur les seins pour dilater les vaisseaux et désengorger toutes les 20 minutes. Mes seins étaient tellement tendus que ma fille n’arrivait même plus à prendre le mamelon correctement. Du coup par contre elle était au sein tout le temps donc elle a bien drainé et pas eu de soucis d’engorgements et pas de douleurs, entre elle qui tétait et mes actions manuelles régulières…mais punaise c’était impressionnant!

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