Peut-on soigner l’autisme? demande le numéros de juin 2012 de Sciences Humaines.
Voici la seconde partie de mon commentaire. (La première est ici)

Les méthodes comportementales : rééduquer pour s’autonomiser et s’insérer

Les deux plus connues aujourd’hui sont les méthodes ABA et TEACCH.

L’Applied Behaviour Analysis (analyse appliquée du comportement) a été créée par Ivar Loovas dans les années 60 et « est sous-tendue par toute une conception behavioriste (comportementaliste). Le postulat est le suivant: un comportement est conditionné par les conséquences qui surviennent juste après qu’il soit émis. »
En fonction des conséquence, le conditionnement va encourager ou décourager la personne. La thérapie permet de retravailler sur ces conditionnements et de les modifier. C’est une thérapie très intensive: 30 à 40 heures par semaine avec une équipe éducative –  dont font partie les parents – formée à cette technique.

Le Treatment and Education of Autistic and related Communication Handicapped Children (traitement des enfants autistes et ayant un handicap de communication similaire) a été mise en place en 1966 aux USA par Eric Schoppler. Il s’agit d’une méthode qui mise sur les forces et compétences et compense les faiblesses, pour développer l’habilité et l’autonomie de l’enfant.

La HAAS a mis en avant les thérapies comportementales, les nommant seul type de « méthode recommandé ».
Cependant, certains voit là une normalisation des individus, déprogrammant et conditionnant les êtres comme on le ferait pour des robots, en niant les différences.

[Mon avis personnel : je suis une thérapie cognitivo-comportementale. Elle m’aide énormément dans des cas précis – j’ai eu fait des relevés de situations et réactions pour retravailler mes conditionnements, me permettant d’ajuster mes réactions et réponses aux situations. Mais j’ai aussi fait un travail d’acceptation de ma différence et de compréhension. Savoir comment je fonctionne est très important pour moi – et mon entourage proche – car cela permet de nous adapter aussi à cela. Dans mon cas, une modification de certains comportements ainsi qu’une adaptation de l’entourage ont été nécessaires. C’est à dire que j’ai fait des pas vers la « normalité » et les gens « normaux » ont aussi accepté ma différence.]

Qu’est ce qu’une prise en charge intégrative ?

C’est une prise en charge qui combine les domaines de l’éducation, de la thérapie, de la pédagogie, pour aider les personnes autistes à devenir plus indépendantes et épanouies dans leur différence – qui ne se soigne pas. Les propositions sont multiples car les besoins diffèrent avec chaque personne.

Un mouvement activiste

Pendant que des parents cherchent les thérapies les plus appropriées à leurs enfants, des autistes demandent qu’on les acceptent dans leurs différences.
« En 1993 dans un discours resté célèbre et intitulé  «Ne vous lamentez pas pour nous», Jim Sinclair, chef de file de l’Autism Network International (ANI), le plus ancien regroupement de personnes autistes ou présentant un syndrome d’Asperger, s’exclamait: « Quand les parents disent: « Je voudrais que mon enfant n’ait pas d’autisme », ce qu’ils disent vraiment c’est: « Je voudrais que l’enfant autiste que j’ai n’existe pas. Je voudrais avoir à la place un enfant différent (non autiste). » C’est ce que nous entendons quand vous vous lamentez sur notre existence et que vous priez pour notre guérison.» » [C’est valable pour tous les handicaps d’ailleurs]

[Mon père, à l’annonce de mon diagnostic – à 21 ans – a dit « J’ai toujours eu peur d’avoir un enfant handicapé. » Pourquoi cette peur de la différence ? Regardez les fleurs, il y en a de toutes sortes, qui ont des besoins en eau, sol, soleil etc. différents. Et si nos cerveaux, et les humains en général, étaient pareil ? Si nous avions besoin d’environnements d’étude, de travail, de loisir différents? Et si la différence était en fait une richesse ? C’est la théorie de la neuro-diversité – autismes, dyslexie, etc. sont vus comme des différences qui peuvent être enrichissantes pour la société. J’aime cette vision. Que l’on m’aide à aller bien, oui, mais que l’on me demande – ou que l’on attende de moi – que je rentre dans une « norme », je ne veux pas. Je suis comme je suis et c’est très bien comme ça. ]

Marie Wolf