Aujourd’hui, j’ai eu mon père au téléphone, on parle de tout et de rien, et puis il se met à me parler de mon petit frère, je l’écoute, et à un moment, il me sort: « de toute façon, il n’y arrivera jamais« . Je ne ne vous donne pas le détail et le contexte de la conversation, mais cette petite phrase a réveillé en moi les blessures de mon enfance, et m’a fait réagir immédiatement. Pourquoi être si négatif? Certes, mon petit frère peut parfois être décourageant et j’aurais accueilli ce sentiment de ras-le-bol différemment s’il n’avait pas été exprimé par mon paternel. Mais cette petite phrase m’a rappelé les « Vous n’y arriverez jamais, vous êtes nuls, stupides, idiots (et j’en passe), mais bordel qu’est-ce qu’on va faire de vous? » que j’ai entendu si souvent dans mon enfance.
 
Vous l’aurez compris, mon père n’a pas lu Isabelle Filliozat ou Faber et Mazlishet parfois j’ai franchement envie de lui envoyer ces bouquins pour qu’il prenne la mesure des empreintes que ces « petites phrases » ont laissé en nous. Et qu’il comprenne qu’il aurait pu (dû?) faire différemment.
J’aurais envie de lui citer ce petit extrait de « Parents épanouis, enfants épanouis » d’Adèle Faber et Elaine Mazlish (si je pouvais je citerais le livre en entier tellement il foisonne d’idées que je trouve lumineuses):
En tant que parents, nous devons prendre conscience de l’importance de choisir nos mots pour communiquer avec nos enfants. Le choix des mots n’est pas anodin. Cet ouvrage m’en a plus que convaincue. Choisir ses mots, c’est prendre du recul, prendre le temps de réfléchir avant de parler et se demander quels effets ont nos paroles sur nos enfants. Entre dire: « tu es nul, tu ne fais jamais attention à rien » et « je vois que tu as renversé d’eau sur la table »: il y a tout un monde. Entre dire: « arrête de pleurer, ce n’est rien du tout » et « Je vois que ça t’attriste, tu dois être très peinée »; là aussi il y a une grande différence. Ecouter leurs sentiments, leur montrer qu’on comprend ce qu’ils expriment. Cela ne veut pas dire cautionner leurs sentiments négatifs, cela signifie les entendre pour que d’eux-même ils aient la force de les dépasser. Notre capacité à encourager nos enfants plutôt que de mettre en valeur leurs « échecs » et les dévaloriser me semble être un point essentiel pour développer l’estime d’eux-même et l’envie d’aller plus loin.
Les mots, comme les coups, peuvent blesser, détruire. Certes, il peut arriver que des mots dépassent notre pensée, nous échappent. Mais tant que nous gardons à l’esprit les efforts que nous faisons pour communiquer avec notre enfant de manière respectueuse et non-violente (certains le font d’ailleurs naturellement, sans efforts particuliers), nos petits écarts n’auront que peu d’incidences. Et nous aiderons ainsi nos enfants à grandir dans un climat de confiance, en leurs parents et en eux-mêmes.
Maman Nature
PS : pour lire la version plus personnelle, c’est ici.