L’opposition. Une phase dont les parents se passeraient bien. Mais une période dont l’enfant ne pourrait lui se passer. Elle est essentielle pour l’enfant.
Essentielle, pas juste parce qu’il arrive à tester les limites de ses parents, non (je vous assure, c’est difficile à croire, pourtant ce n’est pas la seule raison).
Cette période d’opposition permet à l’enfant d’exister. Et je pèse mes mots.

Refus de manger, crise de larmes, des « non » à tout bout de champs, des siestes qui disparaissent… Pas de doute, votre enfant est en pleine opposition.
Et vous en pleine confusion. Au bord de la crise de nerf ? Soufflez un bon coup.

JE souffle un bon coup.
Parce que ma jolie poupée fait non à longueur de journée en ce moment. Du matin au soir, du soir au matin.
Depuis quelques jours elle fait même de la résistance pour manger. Cela n’a jamais été une gloutonne,  mieux à faire que de manger, mais là, il y a des jours elle ne mange pas grand chose par rapport à avant.
Alors pourquoi ce besoin d’opposition ? Dans « J’ai tout essayé » de Filliozat, elle explique que l’enfant a besoin de se différencier de ses parents, en particulier de sa maman. Il en a besoin pour exister.

Dans « Il n’y a pas de parents parfaits », elle fait une analyse plutôt surprenante au premier abord – finalement somme toute logique – mais très intéressante de notre réaction par rapport à cette phase d’opposition. Car le premier parent qui a réagit de manière très cool dès la première assiette à peine touchée rejetée par son enfant (pour ne pas dire passée par-dessus bord) me jette la première pierre : je veux bien me la prendre dans la tronche. Un peu fatigué, après une journée un peu longue, une nuit pas terrible et une heure passée en cuisine pour mitonner un bon plat, le non, il nous reste parfois en travers de la gorge.
Mais il y a aussi des éléments extérieurs à la situation qui viennent expliquer une vive réaction de notre part. Je vous laisse en compagnie de Filliozat :

« Quand le parent n’a pas un sentiment de soi bien solide à l’intérieur, quand il n’est pas certain de sa place, il peut mal réagir aux manifestations d’opposition de son enfant ? Au lieu d’entendre la contestation comme une manifestation du sentiment d’identité de l’enfant, il l’entend comme dirigé contre lui. L’expression du non, dans lequel l’enfant se positionne par rapport à lui-même, est détournée dans un sens relationnel. Le parent interprète le non comme un affront personnel.

Du coup, cela le devient. Plus le parent augmente son pouvoir sur l’enfant et se montre autoritaire, plus l’enfant doit se défendre pour maintenir son sentiment d’identité. L’enfant, piégé dans ce jeu de pouvoir, n’aura plus que cette option d’opposition pour ne pas se nier. Refus et contestation devenant des remparts contre les attaques parentales. Le  non perd alors sons sens et ses fonctions premières qui étaient de permettre à l’enfant d’élaborer des frontières de son identité, de répondre aux questions « qu’est-ce qui est moi et qu’est-ce qui est non-moi, qu’est-ce que je veux, qu’est-ce que je sens, qu’est-ce que je pense de quoi j’ai envie, moi, et en définitive : qui suis-je ? » »

Voilà voilà.

Et alors on fait quoi, concrètement ? On propose autre chose ? On la laisse partir au lit sans rien d’autre dans l’estomac si elle refuse de manger par exemple ?
Ce qui est sûr : ne pas s’énerver est important. D’après Filliozat et Brazelton, s’énerver ne pourrait que renforcer le rejet de la nourriture. Et favoriser les troubles alimentaires à l’âge adulte.

Pour ce qui est du manger, je force pas et j’essaie de ne plus m’énerver. Je passe au dessert et voilà. Mais je ne rajoute rien à ce qui était prévu.
Mais il y a des fois, je ne sais pas quoi faire. Le néant. Pas de solution.
Ma Zouzou, des fois, elle dit qu’elle en veut plus, et si j’enlève son plat elle en reveut et si je lui remets elle en veut plus et bis repetita jusqu’à ce que mort s’en suive. Si je lui explique, elle pleure. Si je coupe court, elle pleure… Aucun bouquin pour m’aider à résoudre ce genre de situation.

Et puis elle est où la limite de l’expression de l’identité de l’enfant ? Quand on sait que c’est important pour lui ou qu’il s’amuse de la situation ?

J’essaie juste de garder en tête que cet enfant que j’ai mis au monde a besoin d’exister, de décider par lui-même, de se différencier de moi… et d’avoir de l’amour, beaucoup d’amour et de câlins. Je peux bien me planter un peu, non, puisqu’il n’y a pas de parents parfaits ?

Chrystelle – Kiki the Mum