L’allaitement maternel, voilà un sujet qui questionne, fait parler et débattre,  déclenche les foudres des uns contre les autres…

J’ai un sentiment très étrange en ce qui concerne l’allaitement maternel, je me sens à la fois perdue au milieu de tout ce qui se dit, en bien ou en mal, je ne me retrouve pas dans les expériences que je lis, et puis j’ai beaucoup de mal avec certains propos culpabilisants, avec ce parfum d’intolérance qui se glisse irrémédiablement dans une sphère qui ne devrait aspirer qu’au bien être…

Pas de demi mesure, être pour ou contre, vivre un allaitement exclusif intense ou rien, devoir choisir, se retrouver dans un camp ou dans l’autre regardée de travers quoi que l’on décide, quoi que l’on fasse…

Aujourd’hui je vais évoquer un article que Mme Déjantée, fournisseur officiel de biblio m’a transmis, un article paru dans la revue La Recherche.

Au milieu de tout ça, La Recherche s’interroge : Faut-il promouvoir l’allaitement maternel en France ?

J’aime à ce que le terme utilisé soit complet, on parle bien ici d’allaitement maternel, nourrir son bébé avec le lait produit par le sein, je dis ça parce que j’ai souvent les oreilles qui sifflent à entendre des phrases du genre « ahhh, elle n’allaite pas son enfant ! » avec un sous entendu clairement négatif, et jusqu’à preuve du contraire je n’ai pas encore entendu parler de mères qui ne nourrissent pas leurs bébés, l’allaitement c’est nourrir son bébé avec du lait, soit au sein soit au biberon, TOUS les bébés sont allaités !!

Mais ici on parle donc bien de l’allaitement au sein et La Recherche nous rappelle qu’en France, la promotion de l’allaitement maternel fait partie des objectifs du Programme National Nutrition Santé et que l’Organisation Mondiale de la Santé recommande un allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de la vie.

Ces recommandations s’appuient sur des travaux scientifiques qui ont montré les bénéfices pour la santé de l’enfant, prévention des infections, du surpoids, des allergies…

Pourtant la France fait exception en Europe où dans la majorité des pays, le taux d’allaitement maternel à la sortie de la maternité atteint les 90% quand il s’agit de moins des 2/3 chez nous. Pour celles qui font ce choix, l’expérience reste le plus souvent de courte durée.

Pour répondre à la question de la nécessité de promouvoir l’allaitement en France, un pédiatre (membre du comité de pilotage du PNNS!) et une pédopsychiatre, deux camps qui s’opposent …

Le pédiatre de dire que cette promotion est une démarche de santé publique à encourager de la même manière que la pratique d’une activité sportive ou l’adoption d’une alimentation équilibrée.

Les enfants allaités présentent moins souvent de diarrhées et infections ORL et respiratoires que les autres. Il précise que dans les pays en voie de développement ces bénéfices permettent de réduire de façon considérable la mortalité infantile !

Mais qu’en est-il dans les pays développés ? Outre la réduction des infections, cela diminue le risque de surpoids ou d’obésité. Les enfants allaités sont aussi moins nombreux que les autres à développer un diabète.

Enfin, l’allaitement maternel semble favorable au développement psycho-affectif et cognitif de l’enfant. L’attachement mère-enfant, en particulier, serait favorisé par l’allaitement – ce qui ne signifie pas que les enfants nourris au biberon sont mal-aimés ! Merci de le préciser !!!

Quand on lit ça, forcément on se dit que si on ne donne pas le sein, on met la vie de notre petit en danger, et par la même occasion on risque de nuire  à la relation maman-bébé, de quoi faire pencher la balance en faveur d’une promotion active de l’allaitement maternel… et culpabiliser les mères qui font le choix de ne pas le faire !!!

Mais le pédiatre ajoute que si ces raisons en faveur d’un bénéfice pour la santé du bébé sont des arguments essentiels, ils ne les considèrent pas comme les plus importants. Non, pour lui, la raison la plus importante de promouvoir l’allaitement maternel, est quecela correspond à une demande croissante des femmes, et plus généralement de notre société, qui aspire à des solutions de santé plus naturelles.

Viennent alors les problématiques qui font de l’allaitement maternel une quête du graal, un personnel accompagnant la mise en route peu ou mal formé et informé, des femmes qui reprennent le travail et ne peuvent plus suivre, etc… Mais dit-il l’allaitement est un droit, tant pour la mère que pour l’enfant. Il faudrait donc faire en sorte que les femmes puissent si elles le souhaitent allaiter et ce, aussi longtemps qu’elles en ont envie.

De l’autre point de vue, se place la pédopsychiatre qui n’est pas favorable à la promotion de l’allaitement maternel telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, car elle s’apparente à de la publicité ! Pour elle il est important que les femmes soient informées de la manière la plus objective sur les avantages et inconvénients des différents modes d’alimentation pour bébé. L’allaitement maternel s’impose dans des pays où l’eau potable n’est pas accessible, il s’agit bien là d’une question de survie de l’enfant, et la question de la promotion dans ce cas ne se pose même pas, il va de soi.

Mais dans les pays occidentaux, le problème est bien loin de se poser de la même façon. L’allaitement au biberon ne présente pas de danger pour la santé de bébé !!!

Le lait maternel est meilleur d’un point de vue nutritionnel que le lait industriel, tiré du lait de vache. Cela relève, dit-elle, pour moi du bon sens : en tant que mammifères, notre lait a été conçu pour subvenir aux besoins de nos enfants. Néanmoins les laits que l’on trouve dans le commerce sont d’excellente qualité et parfaitement adaptés aux nourrissons. Dans une cour d’école maternelle, il est impossible de faire la différence entre les enfants nourris au sein et ceux qui ont reçu le biberon !

Or la promotion actuelle de l’allaitement culpabilise les femmes qui ne souhaitent pas donner le sein. A cause des messages pro-allaitement, largement relayés par les médias auprès du grand public, ces femmes ont l’impression d’être stigmatisées comme mauvaises mères. En maternité, sous prétexte d’augmenter les quotas d’allaitement, on met aussi les femmes sous pression. On les regarde de travers si elles veulent donner le biberon. On dit qu’elles ont le choix, mais l’ont-elles vraiment ?

La problématique que cette pédopsychiatre prend en considération, c’est que l’allaitement maternel ne va pas de soi. Pour plein de raisons différentes, et propres à chacune des mamans qui essaieront, l’allaitement peut être mal vécu, voire même source d’une souffrance physique et/ou psychique qui assurément ne sera pas au bénéfice de bébé, ni même de la maman qui culpabilisera de ne pas réussir à donner le meilleur à son enfant !

Nourrir son enfant au sein n’est pas forcément une source de plénitude, comme le vantent les campagnes de promotion ; inversement il est possible d’avoir une relation mère-bébé formidable au biberon ! C’est pourquoi il est impossible d’établir une règle universelle en ce qui concerne les bienfaits émotionnels et affectifs de l’allaitement.

Bien sûr dans son argumentation, elle rappelle que l’allaitement au sein n’est pas adapté aux contraintes professionnelles de la plupart des mères. En comptant qu’il faut deux à trois semaines pour mettre en place un allaitement harmonieux, et que le congé maternité ne dure que 10 semaines après l’accouchement, les mamans se voient contraintes de mettre en place un sevrage alors même qu’elles et bébé n’ont pas pu en profiter bien longtemps !

Avant de promouvoir l’allaitement exclusif pendant 6 mois, il faudrait mieux réfléchir à son application. On devrait notamment favoriser la possibilité pour les femmes d’allaiter quand elles sont au travail ! C’est une pratique courante dans les pays nordiques, où les taux d’allaitement sont bien supérieurs au nôtre.

Alors faut-il promouvoir l’allaitement maternel en France ?

Si il s’agit de marteler l’esprit des femmes pour les convaincre que l’allaitement maternel est la seule bonne manière de nourrir son enfant, d’autant plus dans cette mouvance du tout naturel, que si elles font le choix de nourrir bébé avec du lait infantile au profit d’une industrie qui ne pense qu’à faire du fric sur le dos des parents, elles ne donneront pas le meilleur à leur enfant qui sera en plus moins protégé contre les dangers de l’extérieur, il n’aura pas les bienfaits d’un contact privilégié avec maman et ne jouira pas d’une relation affective intense bénéfique à son développement… J’ai juste envie de dire un truc que ma politesse me garde bien d’écrire ici.

Je vais tout de même écrire, que je n’aime décidément pas que nous en soyons là dans notre société, à devoir être dans le camp du bon choix, ou celui du mauvais choix, quand la seule et unique chose qui soit importante c’est d’apporter à bébé ce dont il a besoin, du lait et de l’amour !!

Nos bébés ont la chance de naître dans un pays qui ne souffre pas de problématiques gravissimes comme l’inaccessibilité à l’eau potable ou encore la famine, ne peut-on pas dès lors profiter de cette immense atout pour laisser aux uns et aux autres le choix de faire ce qui leur convient, sans jugement ni couperet au dessus de la tête, mais au contraire en leur apportant l’information, le soutien, et l’approbation dont ils ont besoin pour mener sereinement une maternité qui a bien d’autres défis à relever sans avoir en plus à porter le poids d’un dilemme lacté ?

Chocophile