« Elle nous a tous allaité un an, ce qui était extraordinaire puisqu’a cette époque là, déjà, les mères bourgeoises n’allaitaient plus leurs enfants. mais c’était un principe de mon grand-père maternel : une femme doit donner le sein à son enfant pendant un an. Alors elle l’a fait, parce qu’elle était très fixée à son père, et je crois que c’est énorme ce qu’elle a fait là.
Et quand moi, j’ai failli mourir à six mois, d’une double broncho-pneumonie, c’est ma mère qui m’a sauvé en me gardant contre elle pendant toute la nuit sans me remettre dans le berceau, serrée contre son sein. Elle m’a tout à fait sauvé.
 »

Voilà un tout petit extrait du très riche et fameux livre Enfances de Françoise Dolto, que j’ai déjà commenté ici.

J’aime beaucoup le ton à la fois sérieux, admiratif et désinvolte quand elle parle de sa mère, et de l’allaitement.
Elle met en avant les bienfaits de cet allaitement, son rôle thérapeutique et indéniablement affectif (la petite Françoise est tombée malade juste après le renvoi de sa nurse anglaise, qui l’aimait énormément).
Rien de nouveau sous notre soleil : Dolto 1-maternage proximal 1!
Ce passage évoque toutefois les mœurs de la bourgeoisie du début du 20ème siècle, et nous éclaire sur deux aspects que je voulais souligner :
Les femmes ne nourrissaient pas ou plus leurs enfants, dans les hautes sphères de la société. Et le faire relevait d’un esprit plutôt original, si on en croit Dolto. A ce sujet, j’irai bien faire un petit tour du côté de chez Mme Badinter, non pas pour lire Le Conflit, dont j’ai fait une critique, mais L’Amour en Plus, et je viendrais vous en faire un compte-rendu pour les VI, ça vous dit? (clin d’oeil à Mme Déjantée et son debriefing n°16)

Ce qui m’interpelle dans cet extrait, c’est l’importance accordée au respect des « coutumes » familiales, dictées par les hommes, même en matière d’allaitement! Qui maintenant se laisserai imposer ces pratiques, intimes, par son père, son beau-père ou même son mari? Si nos hommes sont nos soutiens dans nos choix de « maternage », ils n’en sont plus, et c’est heureux, les législateurs.
Chez nous, j’ai allaité 9 mois, par choix, envie, disponibilité. Je sais aussi que mon homme rêvait de nourrir son rejeton. Et sa joie fut immense quand il a pu (enfin) donner un bibi de mon lait à notre fils.
Tout ça pour vous dire que nos aïeules connaissaient, intuitivement, les bienfaits de l’allaitement. Ce qui a évolué, c’est la place des pères dans la famille, et leur(s) rapport(s) aux nourrissons. Je suis heureuse de vivre au 21ème siècle pour cette raison!

Bon remue méninges!

Muuuum