La télé, je l’ai beaucoup regardé dans mon enfance, étant de la génération Casimir/Goldorak. Devenue adulte, je n’aime pas la téléréalité ni les séries violentes et allume donc le poste de plus en plus rarement. Avec mon Grand doux, je suis aussi très méfiante envers les écrans car j’ai remarqué que si mon garçon adore regarder les dessins animés, c’est au prix d’un grand énervement une fois le programme terminé. A la fin de ma grossesse, lors de ma période « baleine échouée », on a un peu abusé des DVD pour le Grand Doux. Mais j’ai vite constaté que lorsqu’on éteignait la télé, Grand Doux piquait des colères terribles, alors qu’il est assez tranquille par ailleurs. En outre, il eut vite pigé le principe « lever matinal= dessin animé » et se levait de plus en plus tôt en réclamant « Un petit T’choupi » dès 6h30. J’ai donc expliqué au Grand Doux que s’il se mettait dans un état pareil, la télévision resterait bien plus souvent éteinte.
La bibliothèque près de chez moi organise, en partenariat avec une université grenobloise, des conférences de psychologie pour le grand public. Le titre de la conférence de samedi dernier « L’enfant et la télévision» m’a particulièrement intéressé (et m’a fourni un prétexte pour une pause de deux heures sans mes Doux). Je connaissais déjà les écrits du psychanalyste Serge Tisseron qui s’était insurgé contre la création de chaines destinées aux bébés et déconseillait la télévision pour les moins de trois ans et je souhaitais par curiosité avoir un éclairage supplémentaire.
J’ai donc assisté samedi dernier à l’intervention de M. Michel Desmurget, directeur de recherches à l’INSERM et auteur de TV Lobotomie. Comme j’ai trouvé cette conférence captivante, je vous en fournis un petit compte-rendu.
La consommation de télévision n’a jamais été aussi importante (3h45 par jour en moyenne dans chaque foyer, visionnage par internet compris). Les écrans envahissent tous les espaces, des salles d’attentes aux restaurants, en passant par les coins jeux des magasins (ce qui d’ailleurs a le don de m’énerver….). M. Desmurget, interpellé par le comportement de ses propres enfants confrontés à la télévision, a compilé de nombreuses études démontrant sa nocivité. Ses conclusions sont effarantes. Selon lui, la limite de « pas de télé avant trois ans » préconisée par le CSA est bien trop laxiste car la télévision détruit l’humanité des personnes. Regarder la télévision ronge à la fois la santé, les capacités cognitives et la sociabilité. Tout ceci est particulièrement vrai lorsque les téléspectateurs sont des enfants en plein développement.
Sur le plan de la santé, M. Desmurget rappelle des choses déjà connues. Regarder la télévision a pour corollaire la sédentarité, et tous les dangers que celle-ci fait subir à notre santé. La télévision présentant également des héroïnes au corps filiforme, les adolescentes sont poussées à se mettre au régime, au risque parfois de l’anorexie.
Plus intéressant, malgré l’interdiction de la publicité pour le tabac, la télévision expose les enfants à de très nombreuses scènes tabagiques. Les films montrent de jeunes et séduisants héros tirant voluptueusement sur une cigarette. Le cerveau enregistre, inconsciemment, le lien entre glamour et tabagisme. Ainsi, des études ont montré un lien très fort entre exposition télévisuelle durant l’enfance et consommation de tabac.
La cognition : l’auteur s’est étendu sur les ravages de la télévision sur les capacités cognitives. Ce point m’a beaucoup intéressé et donné à réfléchir. Je me souvenais avoir lu dans le petit ouvrage de M. Tisseron que la télévision nuisait au jeu des enfants : lorsque la télé est allumée les enfants jouent moins longtemps, et leurs jeux sont de moins bonne qualité. En outre, un bébé construit sa personnalité dans l’interaction avec l’entourage, ce que la télé ne peut pas remplacer…
Mais les conclusions de M. Desmurget sont également bien inquiétantes. Il mentionne un très grand nombre de publications qui démontrent un lien entre télévision et échec scolaire. Notamment, une étude à long terme (suivi de 20 ans) a mis en relief que les enfants regardant la télé une heure par jour à l’école primaire ont 43 % de risques de sortir de l’école sans diplôme. De même, dans les années 70, lorsque la première génération d’enfants exposés à la télévision est entrée dans l’enseignement supérieur, on a constaté une baisse des scores SAT (examen d’entrée commun aux universités américaines) d’environ 10% en langage. M. Desmurget cite aussi un pédiatre allemand, M. Winterstein lequel a constaté que les enfants gros consommateur de TV dessinent des bonshommes de façon bien moins détaillée que leur petits camarades non téléphages. Ce médecin en déduit un appauvrissement de la créativité (personnellement, je regarderai aussi du côté de la construction du schéma corporel, mais cela n’a pas été mentionné).
Evidemment, M. Desmurget expose des statistiques et ce qui est vrai au niveau statistique ne l’est pas forcément au niveau individuel (certains vont forcément penser « oui mais moi, FlolaSouricette, j’ai regardé la télé et je suis agrégée »)…
Il faut également mettre en garde contre les programmes éducatifs visant à développer le vocabulaire (type Baby Einstein), mais qui, en prenant la place d’une véritable interaction parents/enfants, nuisent notablement à l’apprentissage du lexique.
La télévision aggrave la dette de sommeil des enfants (et des adultes), gène l’endormissement et perturbe la qualité du sommeil. La journée d’école apparaîtra bien longue à l’écolier mal reposé… Dans la même veine, la télé épuise l’attention. M. Desmurget rappelle qu’une heure de télé par jour à 3 ans multiplie par deux les problèmes d’attention à 8 ans…L’écran relance sans cesse l’attention, mais cette attention est stimulée de l’extérieur. Ce point m’a parlé, car en tant qu’enseignante, je constate souvent les difficultés de concentration des élèves, en particulier en grand groupe. En effet, les savoirs « scolaires », et en particulier la lecture sont des savoirs exigeants qu’il faut aller chercher avec sa propre volonté…
Peut-être que certaines difficultés d’apprentissage dont nous ne comprenons pas bien les causes sont donc provoquées, ou du moins amplifiées par l’exposition à la télévision. Il serait bien utile d’alerter les parents d’élèves, sur l’existence de telles études (au lieu de les bassiner sans cesse sur la « nécessaire autorité »), afin qu’ils soient vigilants sur la quantité de télévision ingérée par leur enfant.
Mais surtout, le temps passé devant la télé est un temps qu’on ne passe pas à faire autre chose : cuisiner, dessiner, faire de la musique, rêver… Or, les enfants développent leurs capacités en utilisant leur corps, en « mettant la main à pâte» (il y a dans l’Enfant de Maria Montessori de biens beaux passages sur le rôle de la main dont Homesweetmôme parle ici). J’ai tendance à penser qu’un enfant qui aura pu bouger et faire ses propres expériences, fut-ce au prix d’un désordre certain pour ses géniteurs, sera mieux armé que celui qui reste passif devant un écran. Enfin, les enfants scolarisés, qui ont souvent une ou deux activités extrascolaires, ont bien déjà peu de temps pour jouer librement sans que les écrans en grignotent une partie.
Les conséquences sur la sociabilité : La télévision modifie nos réactions face à la violence. Pour M. Desmurget, la violence les programmes préparerait le cerveau par le biais du stress à recevoir les messages publicitaires (cela rejoint l’expression du « temps de cerveau disponible » qui a choqué tout le monde mais qui reflète les réalités du «neuromarketing»). Or, voir des images violentes rend violent car l’homme, comme tout animal, adapte sa réaction à l’environnement.
En outre, le phénomène d’habituation fait que le cerveau réagit davantage aux choses nouvelles. Celui qui voit beaucoup de programmes violents réagit moins à la violence tout comme celui qui sent un parfum en entrant dans une pièce ne le sentira plus du tout après y avoir passé quelques minutes. Ainsi des enfants ayant regardé des films violents ne seront plus choqués par le comportement agressif de leurs camarades de récréation et iront moins facilement prévenir des adultes. La violence, loin de produire un hypothétique effet de catharsis, est alors banalisée.
M.Desmurget déconseille en conclusion quasiment tout visionnage télévisuel, et préconise de l’interdire avant 6 ans et de le limiter sévèrement après. Selon lui, même les émissions éducatives ou les documentaires n’ont pas de réel intérêt (par exemple, il considère qu’une émission comme « C’est pas sorcier» donne une image de la science axée sur le spectaculaire en masquant les aspects bien plus ingrats du travail de recherche…).
Je trouve ce point de vue très radical. Même si on est convaincu des effets négatifs des écrans, il est difficile d’imposer d’autorité une interdiction totale. Les enfants ressentent la pression sociale en faveur de la télévision…Là encore, il est utile d’écouter ses enfants pour parvenir à une solution acceptable par tous (mais je reconnais que je suis assez autoritaire sur ce sujet…). A la maison, les émissions de télévision sont interdites mais Grand Doux a le droit de regarder des DVD de dessins animés et des petites vidéos une ou deux fois par semaine. Le gamin adore ses T’choupi et voue un culte aux Barbapapas, ses parents lessivés bénéficient alors d’un petit moment de calme (outil à manier avec précaution chez nous, en considérant le risque de crise ensuite…). En outre, je me sers parfois de petits reportages trouvés en VOD pour lui expliquer des choses quand je n’ai pas de livres sous la main (dernièrement, s’interrogeant sur la tour Eiffel, il a regardé un petit morceau d’émission avec son père et nous a même réexpliqué quelques points).
Le reste du temps, Grand doux joue librement (et bruyamment) dans l’appartement. Il s’y ennuie aussi, indéniablement. Mais à l’époque où nous sommes sans cesse sollicités et débordés, l’ennui est une denrée rare qui contribue sans doute à développer la personnalité et l’imagination. Ne laissons pas la télévision leur voler ces moments.
Kelissen – Flo la souricette
Oui, ça se voit sur les dessins d’enfants entre ceux qui regardent trop et ceux qui regardent raisonnablement
http://phypa.over-blog.com/article-les-enfants-de-la-tele-56559335.html
Je crois que la télé est un outil, rien d’autre.
A nous d’en faire bon usage
Bien d’accord avec toi Phypa, reste à savoir en faire un usage modéré, et ce n’est pas facile car la télé fascine petits et grands… Je trouve qu’il est bien de connaître l’existence de telles études même si on ne partage pas les conclusions radicales du chercheur auteur du livre.
Quand je vois ma belle-soeur (maîtresse de maternelle) qui allume la télé dès que son gamin se lève et qui l’éteind uniquement au moment du coucher, ça me rend malade. Même pour faire manger ses gamins elles les colle devant l’écran, au moins ils ouvrent la bouche qu’elle dit… N’empêche qu’à l’extérieur ils ne mangent rien! Désespérant…
Merci pour cet article vraiment intéressant! J’avais l’intuition, sans pouvoir encore trop l’argumenter, que la télé n’était pas bonne pour les tous jeunes enfants, donc ça me fait beaucoup avancer dans ma réflexion de lire de telles études. Nous n’avons jamais eu la tété depuis qu’on a quitté le nid familial, et maintenant qu’on a des enfants, je ne suis pas pressée dans acheter une…
je viens de poster un billet sur la tv sans avoir lu le tien, je vais voir de ce pas!
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