Depuis plusieurs semaines, je souhaitais aborder le sujet de la mémoire dans le cadre des vendredis intellos.

Tâche ardue, car la mienne me fait défaut (de mémoire). Ce n’est pas que je cherche à me justifier de la médiocrité du billet qui va suivre (quoique) mais se concentrer avec toutes les manifestations extérieures qui semblent se liguer contre moi ne rendent pas l’exercice facile. J’ai en ce moment même un petit bonhomme de 7 mois et demi en train de chouiner dans mon dos.

Belle introduction, n’est-ce pas ?

 Il est donc question de la mémoire, comment se construit-elle ?

Pour cela, j’ai en ma possession plusieurs pages de deux ouvrages.

Tout d’abord, je vous propose l’extrait suivant, tiré de La mémoire de l’enfant: développement normal et pathologique par Ana María Soprano, Juan Narbona :

Quand commence la mémoire

Dès le début de leur existence, les êtres humains présentent des aptitudes suffisamment développées pour reconnaitre des images, des sons et des odeurs en lien avec les évènements qu’ils rencontrent. Un contact de 12 heures est suffisant pour que le bébé identifie la voix de sa mère. Les bébés nourris au sein la reconnaîtront très rapidement par l’odeur. Tout indique que, dès le début, les nourrissons identifient très bien les aspects thermotactiles et gustatifs relevant des soins maternels, par exemple la chaleur et la texture du sein de la mère ou la tiédeur et le goût de son lait…

Donc les bébés, les nouveaux nés, ont déjà une mémoire. Nous savons bien que notre mémoire utilise chacun de nos 5 sens.

Certains de nos sens sont plus aptes que d’autres, et je pense que cela est propre à chacun.

Mais au-delà des sens ? Evidemment, on se souvient de telle ou telle chose parce qu’on a senti un parfum ou parce qu’on a entendu une chanson qui nous rappellent un souvenir en particulier. Les sens nous aident, certes, mais comment ça se passe dans notre esprit ?

Je n’ai pas de réponse, parce que je ne vais pas me plonger dans des lectures qui seront incompréhensibles pour moi.

Mais il est intéressant de se pencher sur la naissance du souvenir, à partir de la petite enfance. Voici donc mon second extrait, tiré du même livre :

La naissance du souvenir

Pour Mandler (1996), la capacité à se souvenir est présente dès l’âge de 6 mois même si ses manifestations à cette période sont encore très rares. Les véritables indices de souvenirs d’évènements passés commencent à être observables vers l’âge de 8 ou 9 mois. En effet, on a montré en laboratoire, comme au travers de récits quotidiens, que les bébés sont capables de reproduire des conduites observées le jour précédent, comme réaliser des actions nouvelles ou se souvenir du lieu où a été caché un objet. En utilisant le paradigme de recherche d’objets, on a observé qu’à l’âge de 7 mois les bébés peuvent rechercher des objets qui n’apparaissent pas dans leur champ visuel. Par exemple, si on place un jouet devant le bébé et qu’on le couvre d’un tissu par la suite, les bébés de 7 mois arriveront à le récupérer mais pas ceux de 5 ou 6 mois.

Est-ce de là que vient l’angoisse de la séparation qui commence, me semble-t-il, vers cet âge ?

Je n’ai pas de réponse, je ne fais que m’interroger… Cependant, il me paraît logique de penser que la maturation du cerveau provoque cette fameuse angoisse de la séparation que connaissent toutes les mamans. Mais la maturation n’est pas encore suffisamment avancée pour que l’enfant ait intégré que sa maman reviendra, il l’apprendra un peu plus tard.

Passons maintenant au livre le bébé philosophe d’Alison Gopnik (merci à Madame Déjantée pour tous ces scans).

Ici on parle de mémoire épisodique :

Qu’en est-il des bébés et des jeunes enfants ? Ont-ils une mémoire épisodique élaborée comme la notre ou tronquée comme celle de H.M ? Comme pour la conscience extérieure, la réponse se révèle plus compliquée : il ne s’agit pas simplement de trancher entre ces deux alternatives. Même les petits bébés ont des souvenirs épisodiques, mais ceux-ci sont très différents des nôtres. Au fil des cinq premières années de la vie de l’enfant, ces souvenirs évoluent pour se rapprocher de plus en plus des souvenirs autobiographiques adultes. Cette évolution suggère que la conscience interne des enfants change aussi.

Les psychologues pensaient jadis que les enfants n’avaient aucune mémoire épisodique – toujours ce mythe du bébé comme carotte vagissante -, alors qu’ils ont des souvenirs précis d’évènements particuliers.

On apprend donc qu’il y a la mémoire épisodique, que les enfants et bébés possèdent déjà. Ils savent que tel évènement s’est produit. La durée pendant laquelle l’enfant se souviendra d’un évènement évolue avec son âge.

Mais il y a aussi la mémoire autobiographique. Et comme mes neurones sont déjà fatigués, ce sera l’objet d’un prochain vendredi intello.

Marie 3 en 2