J’ai la chance d’être l’heureuse maman d’une petite fille.
Et j’ai la complexe mission de l’élever.

Ma mère ne m’a pas forcément élevée comme une fille. Elle a fait comme elle a pu. Aînée de 5 frères, elle a arrêté l’école à 12 ans, pour les élever avec sa mère. Comment aurait-elle pu vivre la féminité comme quelque chose de positif, vue la place qu’on a bien voulu lui laisser, petite, dans sa famille andalouse et clairement patriarcale.
C’était comme ça à l’époque. Et c’était en 1963.

On ne peut pas dire qu’elle m’a transmise une image très positive des hommes, ni même des femmes. Et ça se comprend.
Les hommes, des brutes qui décident de tout.
Les femmes, de cruelles concurrentes…

Mais elle m’a toujours toujours dit : « Travaille bien à l’école, pour que tu aies un bon métier. »
A demi-mot, avec des silence, elle m’a transmis ça : se battre pour ses droits et son indépendance en tant que femme. Et rien que pour ça, je la remercie.

Si avant j’étais (un peu trop) en guerre avec la gente masculine, aujourd’hui, j’ai retrouvé un peu de paix. Un peu.

Car je sais qu’en tant que femme, il reste beaucoup de droits à conquérir.

J’en veux pour preuve, entre autres, le bouquin Vie de Meuf (collectif / Osez le féminisme !), tiré du blog du même nom. Il met « en lumière les inégalités femmes – hommes qui persistent dans notre société. »

Si tant est que quelqu’un puisse encore avoir des doutes quand à la nécessité de ce combat perpétuel qu’il faut mener en tant que femme, je relaie quelques chiffres trouvés sur le blog et dans le livre :
« En 2011, en France, les femmes gagnent en moyenne 27 % de salaire en moins, assument 80 % des tâches ménagères, représentent 18,5 % des députés, constituent 85 % des travailleurs précaires, sont victimes de violences au quotidien (chaque année, 75 000 femmes sont violées en France) et sont obligées de se coltiner régulièrement les blagues machistes encore fortement en vogue… »

Donc t’as compris : on ne crie pas encore victoire.

Et de rajouter :
« 83 % des postes à temps partiel sont occupés par des femmes ».

Dans la préface, une neurobiologistes, rien que ça, met tout de suite les choses au point en mettant fin au mythe du biodéterminisme. Traduction : le cerveau n’a pas de sexe (sauf pour ce qui est de la gestion des fonctions de la reproduction sexuée) ! La diversité cérébrale est indépendante du sexe.

« A la naissance seulement 10 % de nos 100 milliards de neurones sont connectés entre eux. Les 90 % de nos connexions restantes vont se construire progressivement, au gré des influences de la famille, de l’éducation, de la culture, de la société. » Ah ouais quand même.
« A la naissance le bébé n’a pas conscience de son sexe. Il va devoir l’apprendre à mesure que ses capacités cérébrales se développent. En quelques semaines, le nouveau-né devient capable de distinguer les différences entre les hommes et les femmes qui l’entourent, par la voix, les attitudes, etc. »

Ce qui veut dire que c’est nous qui conditionnons nos enfants.
Alors moi, je fais comment pour élever ma fille, pas seulement comme une fille mais surtout comme un être humain en lui léguant ce droit d’être légal de l’homme ?
Parce que c’est important ça, que ma fille se sente capable de tout dans la vie, même si c’est une fille, que son sexe ne soit en rien un barrage et qu’elle ne se sente pas obligée de rester à sa place sous prétexte qu’elle n’a pas une paire de couilles. Cela me choque d’écrire cela, mais je pense, peut-être à tort, que cela résonne encore dans la tête de nombreuses femmes encore aujourd’hui.

Je me rappelle avoir laissé un témoignage sur ce site donc Vie de meuf. Je vous la livre… en essayant de garder mon calme…

J’étais en train de faire un créneau, avec ma R5 direction « insistée » bien sûr. Un mec en 4X4 se met à mon niveau et m’applaudit parce que j’ai réussi à rentrer ma voiture dans un mouchoir de poche du premier coup… Je l’ai insulté, les fenêtres fermées (ben oui, c’est pas électrique dans ma R5… c’est Manuel). J’étais outrée ! Même si cela paraît rigolo, même s’il y a bien bien plus grave malheureusement, je ne veux pas que ma fille vive ça plus tard. Je veux qu’elle se sente libre d’être ce qu’elle est, et pas forcément en premier lieu parce qu’elle a des seins et un vagin comme dit l’équipe Osez le féminisme, instigatrice de ce projet.

Je n’ai pas encore lu tout le livre… Mais je pense que je vais hurler du fond de mon lit… Désolée par avance.

Chrystelle – Kiki The Mum