Je crois que je vais utiliser l’extrait du livre présenté par le Chat Botté comme fil conducteur de ma réflexion (pour autant que j’arrive véritablement à en tisser un avec ce vaste sujet). Non non, ça n’est pas parce que le Chat Botté est notre premier « mâle » intervenant dans les VI (je dis pas de bêtise au moins ?), point de sexisme amies lectrices et amis lecteurs, surtout avec un tel sujet reposant sur mes épaules !!

« Le XIXe siècle était celui des mesures physiques du crâne ou du cerveau, qui ont été utilisées pour expliquer la hiérarchie entre les sexes, les races et classes sociales. Les critères modernes du XXe siècle sont les tests cognitifs, l’imagerie cérébrale et les gènes. Et derrière se profile toujours le spectre de voir utiliser la biologie pour justifier les inégalités entre les sexes et entre les groupes humains. Le devoir de vigilance des scientifiques et des citoyens face aux risques de détournement de la science est plus que jamais d’actualité. » Cerveau, Sexe et Pouvoir, de Catherine Vidal et Dorothée Benoit Browaeys

Nous y voilà donc. Le déterminisme, la construction des rôles sociaux. [Merci Mme Déjantée pour le sujet au passage, cette 3e contribution en tant que Marraine est la première qui me file carrément l’angoisse de la page blanche !]

J’ai personnellement adoré les explications fournies par ce livre, particulièrement celles réfutant la thèse de la répartition des rôles femme/homme au sein du foyer, qui remonte soi-disant à des temps immémoriaux… mais je ne vous en dis pas plus, je vous laisse aller lire la contribution qui s’y rapporte !

Finalement, que l’on cherche à détourner la science ou à faire valoir ce que l’on considère comme étant des rôles « naturels » et établis, la même question sous-jacente revient : comment faire pour que chaque individu, homme ou femme, se sente libre d’évoluer et de s’affirmer dans toute son unicité ? Cela ne débute-t-il pas avec la manière dont on prendra soin et dont on appréhendera les réactions des filles et des garçons dès le plus jeune âge ? C’est sur cette question que se sont penchées Lucky Sophie et Aubergine, nous offrant les deux visions intéressantes suivantes :

  • Existe-il des différences innées entre garçons et filles auxquelles il conviendrait simplement de s’adapter, pour agir en toute équité mais dans le respect de ces particularités (jeux différents, méthodes de règlement des conflits, interaction avec l’adulte référent,…) ? Ne pas chercher à les gommer à tout prix ne signifiant pas attribuer des rôles enfermant à chaque sexe. [Cela rejoint le courant actuel des écoles et éducations sans genre, cherchant à promouvoir l’individu avant son appartenance à un genre donné].
  • Ou bien doit-on considérer que les tempéraments culturellement inculqués à chaque genre constitue le fléau de l’autodétermination et doivent être enrayés en séparant dès l’école – au moins lors de temps définis – filles et garçons, afin que chaque « groupe » puisse agir spontanément, que ce soit dans les jeux ou les interactions sociales plus formatées (repas, etc) ?

Et comme il semble que même à l’âge adulte, une fois que l’individu est supposé plus moins définitivement construit, il ne soit toujours pas à l’abri des comportements que l’on attend de lui (ici en tant que parent), cette semaine, deux contributions ont abordé de façon complémentaire la question de l’homoparentalité. Toutes deux s’attachent à détruire les idées reçus courantes sur le sujet, elles évoquent de même l’adoption par les couples homosexuels, avec un passage en revue de la législation et de la jurisprudence françaises actuelles pour Sandy – Les Bébous, tandis que Tayiam soulève la question des points de comparaison sur lesquels on semble vouloir s’appuyer pour quantifier la « normalité » du développement et du bonheur d’enfants élevés dans des familles homoparentales. En effet, la grande question non résolue est bien de savoir : à qui prétend-on comparer ces couples pour juger de l’impact que leur sexualité (après tout bien personnelle) aura sur le développement de leurs enfants ? Quelle famille peut prétendre être « normale » dans la mesure où l’image du schéma familial « standard » et donc du rôle social de ce schéma évolue chaque jour ? Qui peut prétendre avoir la recette miracle donnant à coup sûr des enfants équilibrés, qui réussiraient plus tard (mais réussirait quoi, sur quels critères ?), seraient heureux dans la vie ?

Il y a en effet autant de façons d’être heureux que d’être(s) humain(s). Tout comme il y a par exemple autant de façon d’être père, mère, parent, que de couple parents/enfants et d’individus. Ainsi, quel rôle veut-on assigner au père qui prend en charge ses enfants, au même titre que la mère ? Doit-on considérer qu’il « fait la mère » se demande Marie 3 en 2 ? A-t-on attribué à la mère autant de prérogatives pour que le père ne puisse changer une couche ou bercer son enfant sans être qualifié de 2e mère pour ses petits ? Et dans ce cas, la gémellité serait-elle un facteur normalisant l’implication du père, l’autorisant à prendre en charge des tâches que la société ne lui attribue normalement pas, de préférence ? La solution pour laisser chacun exprimer sa façon d’être serait-elle d’agir en situation d’ « urgence » [j’ai peut-être une vision étriquée de la prise en charge de 2 nouveaux-nés en même temps mais j’imagine que ça doit être encore moins « cool » au quotidien qu’avec un seul bébé, non ?], forçant le lâcher prise – lâcher prise pour la mère qui accepte de ne pas être la seule à « savoir » faire ; liberté de mouvement pour le père sans surveillance et libre de construire le rapport de son choix avec son enfant ?

Maman Sioux